Saint Martin: Des élections dans un contexte économique encore incertain

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Saint Martin: Des élections dans un contexte économique encore incertain
Par Sxminfo Antilles 7 Mar 2012 02:00

Marigot. Mardi 6 mars 2012. CCN

Dans trois semaines, le 18 mars prochain, 6 listes s’affronteront pour la conquête du fauteuil de la présidence de la Collectivité , laquelle ne semble pas avoir réglé tous ses problèmes budgétaires. En effet 5 ans aprés avoir accédé à une « autonomie » politique relative, St Martin n’a pas réussi son décollage économique. Le transfert de compétences de l’état français vers la COM, n’a pas encore les effets bénéfiques escomptés.

Il a manqué près de 18 milions d’euros à la Collectivité pour boucler son budget de fonctionnement. L’absence des recettes d’octroi de mer (1/4 du budget) que versait habituellement la Guadeloupe a été cruellement ressentie et ce malgré l’instauration d’une Taxe Génerale sur le chiffre d’affaires des entreprises.

L’activité touristique qui demeure, toujours la principale « industrie » de St Martin, ne créé pas encore suffisament d’emplois. D’ailleurs, par rapport à sa voisine « néerlandaise » St Martin, accuse un taux de chomage qui est proche de 26 % soit le double de Sint Maarten. D’une manière générale, la partie néerlandaise, elle aussi autonome, semble plus dynamique. Mais le coût du travail et la fiscalité à Sint Maarten sont à des taux inferieurs.

C’est dans ce paysage économique contrasté, que les élections territoriales vont avoir lieu. Selon Qualistat qui a interrogé 603 personnes entre le 15 et le 20 février dernier, si l’élection avait lieu cette semaine, c’est la liste de Daniel Gibbs qui l’emporterait, avec 32% de suffrages, devançant celle de Alain Richardson qui totaliserait 28%. Louis-Constant Fleming qui espère faire un come back, ne réunirait sur son nom que 12% des suffrages. Mais rien n’est encore joué, la bataille de la Com ne fait que débuter. Pour mieux saisir les enjeux CCN propose de se pencher sur les chiffres de St Martin, publiés par l’IEDOM.

DÉMOGRAPHIE

Depuis 1982, le nombre d’habitants a presque quintupléEn 2008, la population saint-martinoise comptait 36 661 habitants, soit une hausse en moyenne de 2,9 % par an depuis 1999, après la progression élevée observée dans les années 1980 (+17,1 %), caractérisées par un solde migratoire nettement positif. La partie néerlandaise de l’île a connu une évolution démographique parallèle.Du fait d’un fort taux d’accroissement naturel, la population est restée très jeune : 37 % de la population a moins de 20 ans en 2008 contre 30 % à la Guadeloupe et 22 % à Saint-Barthélemy. Alors qu’en 1990 la communauté étrangère représentait environ 53 % de la population totale, sa part s’est réduite à 36 % en 2008, sous l’effet notamment du durcissement des lois sur l’immigration : plus des trois quart des étrangers proviennent de l’espace Caraïbes et particulièrement d’Haïti (47 % de l’ensemble des étrangers). La densité de population de Saint-Martin est de 678 habitants par km., supérieure à celles de la Guadeloupe (248 hab./km.) et de Saint-Barthélemy (402 hab./km.).

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PANORAMA DE L’ÉCONOMIE

Une continuité territoriale avec Sint Maarten

Pour comprendre les problématiques relatives au développement économique et social de Saint-Martin, il est nécessaire de tenir compte de la continuité territoriale avec la partie néerlandaise qui engendre une situation très concurrentielle. Sint Maarten en effet est plus attractive pour les affaires en raison d’une réglementation libérale, de coûts d’exploitation plus faibles et d’une fiscalité moins lourde. En revanche, côté français, le système d’éducation et de santé est de meilleure qualité. Une part des prestations sociales et des revenus générés par l’activité dans les secteurs public et privé est dépensée à Sint Maarten, où le dollar américain est la monnaie la plus courante, bénéficiant à l’économie de la partie néerlandaise.

Afin de renforcer la coopération entre les deux parties de l’île, une commission mixte tripartite, composée de l’Etat, de la Collectivité et du gouvernement de Sint Maarten doit se créer fin 2011. Elle entend formaliser les relations entre les autorités sur des préoccupations parmi lesquelles figurent la sécurité, l’environnement, l’énergie, le traitement des déchets, la santé, l’éducation et l’immigration.

Une économie résolument tournée vers le tourisme

Une estimation du PIB de Saint-Martin réalisée en 2005 dans le cadre de CEROM qui réunit, l’INSEE, l’IEDOM et l’AFD, l’évalue à 421 M€ en 1999, soit près de 14 500 € par habitant, niveau inférieur de 39 % à la moyenne métropolitaine à cette date, de 21 % au PIB par habitant de la partie néerlandaise (16 500 € environ) et de 13 % à celui de la Guadeloupe. En 2009, un rapport de l’Inspection générale des Finances évalue le PIB à 560 M€ et le PIB moyen par habitant à 16 000 euros, soit 12 % de moins qu’en Guadeloupe.

Fondée autrefois sur l’exploitation des marais salants et sur la culture du tabac, puis sur celle du coton et de la canne à sucre, l’économie est aujourd’hui fortement tertiarisée et dépend largement du tourisme. Selon les statistiques de l’INSEE, sur les 5 681 entreprises recensées en 2007 sur l’île de Saint-Martin, 26,1 % exerçaient une activité de services aux entreprises, 24,9 % de commerce et 17,4 % dans le secteur de l’hôtellerie-restauration.

Un chômage deux fois plus important que sur la partie néerlandaise

La population active de Saint-Martin compte 17 311 personnes en 2008 (contre 24 344 à Sint Maarten). Elle représente 71,4 % de la population en âge de travailler, soit un niveau légèrement supérieur à celui de la Guadeloupe (68,3 %) et de la France métropolitaine (69,7 %). Le nombre d’actifs occupés à Saint-Martin était de 12 897 en 2008 (75 % de la population active). Cette proportion est inferieure de 13 points à celle relevée dans la partie hollandaise.

La répartition de l’emploi est relativement similaire à celle observée côté hollandais. En 2010, 63,4 % des actifs occupés travaillent dans le secteur des services, 23,2 % dans le commerce et 7,4 % dans le BTP. Le secteur public emploie un salarié sur cinq (contre un sur trois en Guadeloupe).

Le taux de chômage s’établissait à 25,5 % en 2008, en léger repli par rapport à 1999 (26,6 %). A Sint Maarten, il était deux fois moindre, 12 % en 2009, mais la comparaison est difficile en raison notamment d’une réglementation très différente en matière d’emploi et de protection sociale.

Le tourisme : à la recherche d’un positionnement

Le secteur du tourisme, qui a bénéficié des opportunités générées par la défiscalisation dès les années 1980, constitue l’un des piliers de l’économie saint-martinoise. Il regroupe de nombreuses activités dont la branche de l’hôtellerie et de la restauration qui représentait en 2010, 1 590 salariés, soit 26,7 % des effectifs salariés contre 6,3 % à la Guadeloupe et 35,5 % à Saint-Barthélemy.

L’île accueille surtout une clientèle nord-américaine et, dans une moindre mesure, des visiteurs européens et sud-américains. La diversification en termes de marchés pourrait se développer avec l’arrêté du 14 décembre 2009 qui prend de nouvelles dispositions en faveur d’un assouplissement des contrôles pour l’entrée des ressortissants d’Amérique du Sud, notamment brésiliens, d’Amérique centrale et de la Caraïbe.

Près de 90 % des visiteurs sont des croisiéristes de passage qui profitent de la zone franche de Phillipsburg, côté hollandais. Principal pilier du développement touristique de l’île, l’activité de croisière s’est fortement développée depuis la mise en service en 2000 du seul port en eau profonde de l’île situé à Phillipsburg. En 2008, la capacité d’accueil de ce port a été renforcée par la construction d’un nouveau quai permettant l’accostage des plus grands paquebots du monde (d’une capacité d’environ 6 000 passagers).

Le port de Marigot en partie française, ne disposant pas des infrastructures autorisant l’accueil de paquebots de croisière à fort tirant d’eau, a ciblé une clientèle haut de gamme voyageant sur des navires de plus petites tailles (100 à 360 passagers).

La fréquentation touristique totale de l’île de Saint-Martin s’est développée rapidement à partir de 2000, en lien avec le renforcement de la capacité d’accueil du port de Phillipsburg. Elle atteignait 2,1 millions de passagers en 2005 mais a ensuite diminué progressivement depuis cette date pour s’inscrire en retrait de 12,8 % en 2009, en ligne avec le contexte de crise économique.

L’année 2010 marque une nette reprise de la fréquentation touristique de l’île en raison du dynamisme retrouvé de l’activité de croisière côté hollandais. Avec 2,2 millions de visiteurs accueillis, elle dépasse même son niveau historique de 2005.

Le BTP : 2e secteur moteur de l’économie

La croissance démographique et le développement économique de l’île, lequel est étroitement lié à celui du tourisme, ont eu un impact positif sur le secteur du BTP, en dépit de la concurrence importante exercée par les entités implantées en partie néerlandaise.

Le secteur est caractérisé par la prédominance de petites structures, 79,9 % des entreprises n’employant aucun salarié. En 2010, le BTP employait un peu plus de 397 salariés, soit 7,4 % des effectifs salariés.

Le suivi de l’activité du secteur du BTP est difficile du fait de l’absence de statistiques. Les éléments qualitatifs disponibles semblent toutefois indiquer un net ralentissement de l’activité du secteur depuis fin 2008, en lien avec les premiers signes de crise, et dans un contexte où les marges de manœuvre financière de la Collectivité ont été sensiblement réduites depuis son évolution statutaire. Le bilan des années 2009 et 2010 est médiocre. Le nombre de permis de construire délivrés par la collectivité a chuté de 23,6 % en 2009 et de 22,7 % en 2010 et l’encours de crédits à l’habitat concernant les entreprises diminuent de 12,7 % en 2010, après avoir ralenti en 2009. Le manque de chantiers structurants et les contraintes qui pèsent sur l’investissement public dans un contexte de rigueur budgétaire durable rendent les perspectives assez délicates.

FINANCEMENT DE L’ÉCONOMIE

En 2010, 6 établissements de crédit locaux sont recensés à Saint-Martin : quatre banques affiliées à l’Association française des banques et deux banques mutualistes. Ces établissements totalisent 13 guichets bancaires et emploient 69 agents. A titre de comparaison, la partie hollandaise compte 11 établissements de crédit.

En partie française, le taux d’équipement en guichets bancaires et distributeurs automatiques recule sur un an après s’être amélioré en 2009. La collectivité reste ainsi moins bien équipée que Saint-Barthélemy et la Guadeloupe.

Après avoir enregistré un repli en 2009, l’activité bancaire retrouve une croissance dynamique en 2010 en raison d’un contexte économique mieux orienté. L’encours sain des crédits augmente de 22,1 % sur un an. L’évolution observée est essentiellement portée par une opération exceptionnelle au compte d’une entreprise de la place. En neutralisant l’effet de cette opération l’encours enregistre tout de même une progression marquée (+10,2 %) tirée davantage par les ménages (+13,5 %) que par les entreprises (+3,8 % hors opération exceptionnelle).

Source : IEDOM

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