AILLEURS C’EST ICI. LA NÉCÉSSAIRE UNION DE L’ÎLE
Quatre vingt trois kilomètres carrés et autour de 80 000 âmes: c’est Saint-Martin/St Marteen. Ce serait un État comparable, en population à Grenade (90 000), Les Seychelles (82 000), la Dominique (72000), Antigua (69 000), et même plus peuplé que St Kitts (40 000) ou Monaco (30 000). A l’heure actuelle le PIB d’un tel état se situerait quelque part entre le 35 et les 40 ième rangs parmi les pays du monde. Au niveau de l’Autriche ou du Danemark. A condition de maintenir le même niveau de vie évidemment ce qui ne serait pas garanti automatiquement mais peut se concevoir.
Impossible diront les caciques; peut probable diront les sceptiques. Possible diront les visionnaires. Les structures politiques et administratives de l’île devraient totalement changer. L’on pourrait imaginer un pays fédéral avec deux cantons qui recouperaient, grosso modo, les deux entités actuelles : le canton hollandais avec la langue anglaise comme base, le canton français avec sa langue. Le bilinguisme serait officiel dans la nouvelle administration ainsi que dans l’éducation. Chaque canton aurait un nombre égal de l’équivalent des conseils de quartiers, mais avec de réels pouvoirs locaux et des représentants élus au suffrage universel. Il y aurait deux chambres au niveau fédéral : l’Assemblée nationale, mettons 23 élus avec autant de circonscriptions, dont suffrage universel nominal; et une Chambre (on peut l’appeler Sénat) qui regrouperait 15 personnes issues des conseils de quartiers. Un ou une présidente, également `élu au suffrage universel, aurait un mandat de 7 ans (c’est plus efficace que 4 ou 5 ans). Un gouvernement serait issu des élections législatives à tous les 5 ans.
Quelques avantages de l’Union.
Tout d’abord il y aurait une grande économie d’argent résultant de la fins des dédoublements actuels puisque chaque côté de l’île fonctionne à sa façon. On peut raisonnablement penser que le nouvel État pourrait économiser autour de 60 millions d’euros de cette façon. Argent à réinvestir ailleurs par contre.
Terminées aussi les concurrence néfastes sur des infrastructures comme les ports, les aéroports, les resorts touristiques; finies les courses au tourisme qui ne se complètent pas. En prenant le statu de RUPT (ou associé à l’Europe comme d’autres pays) ce nouveau Saint-Martin aurait aussi accès à des financements importants et complémentaires. Une même vision du développement économique et social créerait également un mouvement d’investissements jamais vu auparavant.
Le nouvel état aurait une capacité d’emprunts au niveau international et devrait lancer quelques infrastructures solides : réfection des routes (et pourquoi pas une voie rapide sur les hauteurs et le fameux tunnel vers Quartier Orléans?), construction du nouveau siège du gouvernement sur la frontière actuelle, du côté des terrains du Sénateur avant le Princess Casino, tramway entre les Philipsburg et Marigot, création d’une grande université internationale etc… Ce ne seraient pas les projets qui manqueraient.
Pour de potentiels investisseurs, faire face à une même législation pour toute l’île est un avantage concurrentiel très fort.
Le problème de l’immigration illégale (et légale) serait facilité, tout comme celui de la délinquance et de l’insécurité, redonnant à l’île une image de «friendly island» qu’elle a perdu.
…et quelques inconvénients.
Ils sont surtout d’ordre plus émotionnel que logiques. Il est évident que ce nouvel État ne pourrait pas simplement fusionner ses deux fonctions publiques! Il faudrait rationnaliser ce qui n’est jamais agréable. Mais cela peut se faire par attrition ou semi-privatisation de certains services comme la Poste, l’eau, l’électricité (sous surveillance de l’État afin d’éviter les hausse injustifiées de tarifs). La nouvelle conjoncture économique devrait favoriser une création d’emplois dans le privé en compensation.
Par contre, vu la situation, le corps de police, professionnalisé évidemment, ne serait pas trop nombreux. Et du côté du contrôle des frontières, il y aurait un nouvel espace d’embauche.
En devenant un État indépendant ce Saint-Martin perdrait, surtout du côté français, un accès à des aides sociales fort généreux ainsi que certaines protections sociales au niveau du travail et autres secteurs qui n’existent pas ou sont plus faible du côté hollandais actuel. Le compromis devrait résider à mi-chemin de la situation double actuelle. Il ne serait pas vain, à moyen terme, que sur l’actuel côté français on réalise que tout revenu exige un travail minimal. D’ailleurs, même dans l’État français actuel et à venir les lendemains seront douloureux à cet égard.
Lorsqu’on cherche les inconvénients on arrive surtout à la conclusion que les hommes et les femmes politiques, des deux côtés, n’ont aucun intérêt personnel à unifier l’île. L’unification amènerait au pouvoir une nouvelle génération, une plus grande transparence, une baisse de la corruption et une gestion plus actuelle. En plus, côté français, la plupart des métros verraient d’un très mauvais œil le départ de Saint-Martin du giron de la République. Pour une fois les milieux d’affaires, toutes origines confondues, devraient, au contraire, privilégier une telle union créatrice de nouveaux marchés et attractive pour les investisseurs et le tourisme.
Qui et comment?
Quels seront les femmes et les hommes qui oseront mettre de l’avant un tel projet? Il faut un courage certain pour ce faire. Lutter contre tous les caciques, les affairistes qui tirent leurs bénéfices de l’opacité actuelle, les gangs de loubards qui profitent de la division de l’île pour faire proliférer leurs divers trafics, ce combat ne sera pas facile, Il met en danger des fortunes mal acquises qui, évidement ne se laisseront pas démettre facilement.
La Suisse a mis 150 ans à se faire, le Canada 100 ans. Mais c’était en d’autre temps. Aujourd’hui, si un mouvement se mettait en place, tout cela pourrait arriver dans un espace de 10 à 15 ans. Tout d’abord il faudrait emprunter la voie pédagogique : créer un Club de réflexion qui transcende les frontières actuelles, les partis politiques actuels et les intérêts immédiats. C’est le peuple qu’il faut convaincre d’abord. Et, à mon avis ce dernier ne serait pas si difficile à rallier à cette cause. Les liens personnels et économiques sont déjà tissés entre les deux côtés et ils sont très forts. Donc les assises positives sont là. Il reste aussi un argument de taille : les deux métropoles régissant Saint-Martin entre dans une époque de restrictions fatales dans tous les domaines, tout en n’ayant pas le développement de l’île dans leurs dossiers prioritaires. Cela signifie que la situation générale, quelque soit le côté, ne s’améliorera guère. Lorsque l’on est la cinquième roue du carrosse du Prince, cela ne vaut-il pas la peine de construire sa propre entreprise?
Qui va se lever?
Jean-Yves DUTHEL