Analyse du fonctionnement de la Collectivité.
La liste pourrait encore être plus longue, mais limitons-nous là. Certains de ces projets ont fait entrer de l’argent sur l’île puisque des financements européens ou de l’Etat ont été accordés. Mais tous ces investissements se caractérisent par une évidence: une fois construits, ils ne rapportent plus rien à la Collectivité et au contraire coûtent pour leur entretien et éventuellement pour le nouveau personnel. En bref, on a mis des dizaines de millions dans des opérations ponctuelles qui une fois réalisées n’apportent plus rien à la Collectivité alors qu’une part du financement est issue de sa poche. Dans le même temps on n’a pas financé un outil économique comme par exemple cette marina dont on parle depuis des années. Une exception, cependant, les travaux d’amélioration de l’aéroport de Grand Case par le passé.
Mais analysons le processus décisionnel de ces projets cités. Sous la pression des administrations capables de mesurer les retards d’infrastructures, le Conseil Territorial se saisi des dossiers. Il les étudie, y apporte ses remarques en fonction de ses espérances de financement et l’administration finalise un projet qui est alors accepté et budgété. Reste alors à l’administration ou au maître d’oeuvre, dans ce cas-ci souvent la Semsamar, à diligenter les appels d’offres pour lancer le chantier. A ce stade pas mal d’argent aura déjà été dépensé puisque l’administration a travaillé. Les élus, le patrimoine, le fonctionnement général coûtent comme d’ailleurs la Semsamar qui ne travaille pas pour rien. Mais pas un sous n’est encore rentré. Il se passera encore pas mal de temps avant que les financements soient en place tandis que les coûts s’additionnent.
Une fois le projet lancé, et donc l’argent injecté dans l’économie, on peut considérer que le retour sous forme fiscale n’interviendra que deux ans plus tard durant lesquels les coûts financiers auront continué de grever l’enveloppe finale. Au demeurant, on aura une nouvelle infrastructure, et tant mieux, mais elle va commencer à alourdir les coûts de fonctionnement de la Collectivité tandis que dans le même temps, entre les maigres impôts récupérés, et l’absence d’activité économique qu’aurait pu induire un investissement équivalent dans un outil touristique, la Collectivité n’a rien gagné du tout quand elle n’a pas perdu.
Ce qui revient à dire que, quand on n’a pas les moyens, on ne se lance pas dans des investissements liés à des infrastructures publiques, mais plutôt dans des outils à potentiel économique. Autrement dit encore, l’argent mis dans la médiathèque, par exemple, aurait été plus utile dans un projet d’hôtel de luxe mis en concession auprès d’un grand nom international. Parce que tout cela aurait généré de l’activité économique profitable à l’île alors que la médiathèque n’apportera rien ou si peu. Bien sûr, il y avait urgence, le BTP manifestait et il fallait lui donner quelque chose pour apaiser ses revendications. Vision à court terme, au plus pressé, qui nous a fait perdre encore un peu de temps sur le chemin de la relance économique. On a sauvé quelques entreprises du BTP, de toutes manières condamnées à terme faute d’activité économique durable. Ces mêmes sociétés auraient aussi bénéficié de la construction d’une infrastructure touristique. Mais, la seule chose, c’est qu’au lieu de coûter à la Collectivité, cela aurait fait rentrer de l’argent dans les caisses d’une manière régulière.
suite au prochain numéro.
Yves KINARD