L’équipage d’Air France fait la quête dans l’avion pour faire le plein à Damas
Dérouté en Syrie car il était trop dangereux d’atterrir à Beyrouth, l’avion avait besoin de faire le plein avant de gagner Chypre. Mais la compagnie n’ayant pas de compte à Damas, l’équipage a commencé à faire la quête auprès des passagers avant de trouver une autre solution.
Des passagers du vol Paris-Beyrouth d’Air France, dérouté mercredi via Damas pour faire le plein avant de gagner Chypre, ont raconté que l’équipage avait commencé par faire la quête auprès des passagers pour payer le kérosène avant de trouver une autre solution.
«On est descendu en Syrie, il y avait plein de soldats, il fallait baisser les rideaux des hublots, on a pensé qu’il y avait quelques problèmes et qu’ils n’avaient pas d’argent pour payer l’essence», a déclaré Najib, un chef d’entreprise de 42 ans.
«Ils ont demandé si les passagers pouvaient contribuer pour pouvoir mettre le kérosène. Après ils ont résolu le problème», a-t-il ajouté.
Air France a dérouté ce vol à destination de Beyrouth vers Chypre «par précaution» mercredi soir, des troubles ayant éclaté sur la route de l’aéroport Rafik Hariri. L’appareil avait dû s’arrêter pour faire le plein à Damas avant d’atterrir à l’aéroport chypriote de Larnaca, où les passagers ont été pris en charge par la compagnie.
«A Damas, on a attendu un certain temps et il y a eu des tractations pour acheter du kérosène» car Air France n’assure plus de liaison actuellement sur Damas et «n’a donc pas de compte», a raconté de son côté Roland, un ingénieur de 33 ans.
«Il a fallu négocier pour acheter du kérosène et dès qu’on en a récupéré suffisamment on a pu repartir pour Larnaca», a-t-il ajouté.
La compagnie française, qui assurait trois liaisons hebdomadaires, avait annulé en mars 2012 ses vols pour Damas.
Selon un membre de la compagnie qui a tenu à garder l’anonymat, l’équipage a proposé de payer avec une carte de crédit, mais celle-ci ne pouvait être utilisée en raison des sanctions internationales visant le régime syrien. Il n’a pas précisé la solution trouvée pour payer le kérosène.
Le blocage de la route de l’aéroport de Beyrouth par les familles de onze pèlerins kidnappés en Syrie en mai par des rebelles, a conduit à dérouter l’avion vers Damas où la situation est bien plus grave.
Une guerre oppose l’armée de Bachar al-Assad à des rebelles, et ce conflit a fait plus de 23 000 morts en 17 mois selon une organisation syrienne.
«Ils ont éteint le système de navigation. Après ils ont dit qu’on allait se poser pour des raisons de sécurité à Amman, et après c’était la Syrie», a ajouté Najib, le chef d’entreprise, indiquant avoir pensé à une prise d’otage quand il a été question d’attérir à Damas.
Ce déroutement s’est en effet révélé complexe, a-t-on appris auprès d’Air France. «La situation s’est dégradée rapidement pendant la phase d’approche à Beyrouth, ce qui a conduit la compagnie à décider d’un déroutement sur Amman qui apparaissait alors comme la meilleure solution», a expliqué le directeur de permanence à Air France, Pierre Caussade.
«Mais le commandement de bord n’a pas pu obtenir du contrôle aérien du secteur l’autorisation d’emprunter une trajectoire directe sur Amman. En fin de compte, avec le carburant restant, le seul aéroport à portée a été Damas», a ajouté un commandant de bord, porte-parole des opérations aériennes de la compagnie.
L’avion a ainsi pu faire le plein en deux heures avant de repartir sur Chypre, avec ses 174 passagers et 11 membres d’équipage.
Ils ont finalement atterri à Beyrouth jeudi à 16H38 (14H38 GMT), soit environ 24 heures après leur départ, a déclaré une porte-parole de la compagnie précisant que «la desserte Paris-Beyrouth, avec deux vols quotidiens, reprend normalement à partir d’aujourd’hui».
(AFP)