Carburants: les prix à la pompe vont baisser de 6 centimes par litre, pas plus
Les prix des carburants vont diminuer de 6 centimes par litre au maximum, dès maintenant et pour trois mois, même si la baisse sera moindre dans certaines stations, a annoncé mardi le gouvernement après une réunion avec les industriels, qui partageront la note avec l’Etat.
“Les prix à la pompe baisseront jusqu’à 6 centimes d’euro, 3 centimes pour les pétroliers et 3 centimes pour l’Etat”, un montant “extrêmement substantiel” a annoncé le ministre de l’Economie et des Finances Pierre Moscovici après avoir reçu les pétroliers à Bercy.
En outre, la France et les autres pays du G7 vont appeler les pays producteurs de pétrole à augmenter leur production, afin d’aider à diminuer les cours du brut, a-t-il annoncé dans la soirée sur TF1.
En pratique, la baisse des prix à la pompe, qui durera trois mois et sera suivie d’un mécanisme “plus pérenne” pour réguler les prix, variera d’une station-service à l’autre.
L’Etat va baisser la taxe sur les carburants (TICPE) de 3 centimes par litres dès mercredi et ce sera ensuite aux industriels de faire le reste, en fonction de leurs possibilités, sachant qu’ils ont l’interdiction de vendre à perte.
Du coup, les détaillants qui pratiquent déjà des marges quasi nulles risquent de se contenter de répercuter la baisse de taxe de 3 centimes consentie par l’Etat, sans coup de pouce supplémentaire, à moins d’obtenir des rabais auprès de leurs fournisseurs de carburant.
“Concrètement, c’est un euro et demi de moins” pour “un plein de 25 litres”, a fait valoir M. Moscovici, après avoir ironisé sur son prédecesseur Christine Lagarde, qui, confrontée en son temps à la cherté des carburants, avait suggéré aux automobilistes de prendre leur bicyclette.
Cette baisse “sera applicable dans les 24 heures et donc les prix à la pompe vont baisser maintenant”, a-t-il ajouté, en chiffrant la facture pour l’Etat à plus de 300 millions d’euros.
Dans les départements et régions” d’outre-mer, le ministre de tutelle Victorin Lurel a saisi les préfets pour préparer la mise en oeuvre du plan.
Quant aux mesures plus durables promises pour dans trois mois, pas de précisions pour l’instant, mais elles pourraient inclure des aides ciblées pour les bas revenus.
“Le gouvernement ne lâchera pas le morceau”, “nous souhaitons que cette baisse soit une baisse durable”, a assuré M. Moscovici.
Total a répondu présent en promettant une baisse globale de 5 à 6 centimes dans son réseau à partir de mercredi, soit 2 à 3 centimes à sa charge.
Carrefour, qui dit maintenir déjà des prix très bas depuis le printemps, baissera ses tarifs de 3 à 6 centimes en tout. Et Leclerc, qui s’était déjà engagé à vendre à prix coûtant en septembre, diminuera ses prix de 4 à 6 centimes au total. Ces baisses incluent là aussi la baisse de 3 centimes de la TICPE.
Mais un représentant des stations-services indépendantes, Christian Roux du Conseil national des professions automobiles, a prévenu que ses adhérents ne pourraient pas fournir eux-mêmes d’efforts, leurs marges étant déjà exsangues.
“Si nos fournisseurs nous appliquent des baisses nous les appliqueront, pour le reste, sur nos propres marges, il est hors de question qu’on les baisse car elles sont déjà très faibles”, a-t-il dit.
“effort partagé”
Le gouvernement s’était engagé à faire baisser dès cette semaine, avant la rentrée, les prix du gazole et l’essence, grâce à un “effort partagé” avec le secteur. Ce dispositif a été préféré au blocage des prix qui avait été promis par François Hollande avant son élection, trop compliqué à mettre en oeuvre.
Sur le terrain politique, la sénatrice UMP Chantal Jouanno s’est insurgée contre une mesure “financièrement coûteuse, économiquement inefficace et écologiquement absurde”. Le Front national a déploré “une terrible désillusion” pour les Français, et la trahison d’une promesse de campagne du président.
Saluée comme un pas dans la bonne direction par certaines associations d’automobilistes, l’annonce a déçu les organisations de consommateurs, qui la jugent trop faible alors que le gazole a atteint la semaine dernière un nouveau record (près de 1,46 euro le litre), et réclament des mesures à long terme.
La Confédération nationale du logement (CNL) a évoqué d’une “maigre victoire” pour le consommateur tandis que la CLCV a jugé la baisse “insuffisante”. L’organisation Familles Rurales avait prévenu dès lundi qu’une baisse inférieure à 10 centimes n’aurait “aucun impact” sur le pouvoir d’achat.
AFP