Le débat sur le mariage pour tous doit-il se dérouler dans l’enceinte des écoles catholiques ?
A une semaine de la manifestation des opposants au projet de loi visant à autoriser le mariage entre personnes de même sexe, le ministre de l’Education nationale rappelle l’enseignement catholique à l’ordre.
Pour mieux comprendre le sujet, je reprends ci-dessous l’article de mon confrère Philippe Simon paru, ce matin, dans Ouest-France ainsi que les courriers d’Eric de Labarre, secrétaire général de l’enseignement catholique, et de Vincent Peillon, ministre de l’Education nationale.
Mariage pour tous : débat surveillé à l’école privée
L’enseignement catholique doit rester neutre et respecter la liberté de conscience, rappelle Vincent Peillon juste une semaine avant la manifestation des opposants.
« Il ne me semble pas opportun d’importer dans l’école le débat sur le mariage pour tous », déclarait hier Vincent Peillon au quotidien Le Monde. Il évoquait la lettre qu’Éric de Labarre, secrétaire général de l’enseignement catholique, a adressée à ses 8 500 directeurs d’établissement, le 12 décembre. « Je considère même qu’en adressant une lettre aux chefs d’établissement, le secrétaire de l’enseignement catholique a commis une faute, ajoute le ministre. L’enseignement catholique doit respecter le principe de neutralité et de liberté de conscience. »
Mais que disait donc Éric de Labarre pour s’attirer les foudres du ministre ? Il indiquait que le comité national de l’enseignement catholique avait « souligné avec force que la reconnaissance de la différence des sexes et l’accès à ses origines étaient des droits essentiels pour permettre à chaque jeune de construire son identité et sa personnalité ».
Ados vulnérables
Il répondait ainsi à des directeurs d’établissements qui lui demandaient s’ils pouvaient organiser des débats sur le mariage pour tous et l’adoption d’enfants. Oui répond Éric de Labarre mais les enseignant doivent « veiller au respect des personnes accueillies dans nos établissements, quelles que soient leurs histoires familiales ».
Hier, Vincent Peillon a écrit à son tour aux recteurs d’académie. Il les a appelés « à la plus grande vigilance à l’égard des conditions du débat, […] notamment dans les établissements privés sous contrats d’association ». Il souligne que « à l’âge des questionnements sur la sexualité, les jeunes sont particulièrement vulnérables face aux violences homophobes ». Et insiste : « La prévalence des suicides chez les jeunes homosexuels est d’ailleurs cinq fois supérieure que chez les jeunes hétérosexuels ». Avec cette contradiction : dans sa lettre, il juge le débat « légitime », dans les colonnes du Monde, il le considère « inopportun ».
Le ministre s’adresse directement à l’enseignement catholique, juste une semaine avant la manifestation des opposants au mariage pour tous, à Paris, le 13 janvier. Il met en garde contre la tentation que certains parents d’élèves, profs ou directeurs pourraient avoir de mobiliser les jeunes pour grossir les rangs du défilé. Éric de Labarre s’en défend, dans une déclaration faite, hier soir, à l’AFP. « Nous n’appelons pas directement à participer à la manifestation », dit-il.
Philippe SIMON – religions.blogs.ouest-france.fr
Lettre d’Eric de Labarre, secrétaire général de l’enseignement catholique : cliquer ici
Lettre de Vincent Peillon, ministre de l’Education nationale : cliquer ici