C’est mine de rien un mini-coup d’Etat qui est en train de se dérouler au Venezuela : le président Hugo Chavez s’apprête à violer la Constitution de 1999, dont il supervisa la rédaction et qu’il fit imprimer à des millions d’exemplaires sous la forme d’un petit livre bleu.
Réélu en octobre dernier, en cachant aux électeurs son véritable état de santé, le président socialiste est hospitalisé à Cuba. Il y a été opéré pour la quatrième fois d’une récidive de son cancer, le mois dernier, et souffrirait de graves complications respiratoires.
Le vice-Président Nicolas Maduro a confirmé, cette nuit, que le “comandante” serait dans l’impossiblité de prêter serment, jeudi, pour l’inauguration de son troisième mandat.
La majorité chaviste à l’Assemblée nationale a voté une motion donnant à Chavez “le temps qu’il lui faudra” pour récupérer et venir prêter serment.
Or, la Constitution venezuelienne, la plus détaillée du monde avec ses 350 articles, est on ne peut plus claire : la prestation de serment doit avoir lieu le 10 janvier suivant l’élection, sur le territoire venezuelien, et elle ne peut être reportée.
En cas d’impossibilité, l’élection du chef de l’Etat est caduque, le président de l’Assemblée assure l’intérim et une nouvelle présidentielle doit être organisée dans les 30 jours.
Le jeune leader de l’opposition, Henrique Capriles, a donc de très bonnes raisons d’appeler au respect de la Constitution, ce qu’il a fait hier lors d’une conférence de presse, petit livre bleu en main.
Pour voir l’appel au respect de la Constitution, allez directement à 1 min 42 sec.
Capriles en a appelé hier au Tribunal suprême de justice, pour qu’il se prononce.
Avant lui, le chef de l’épiscopat venezuelien avait souligné, lundi, que rien ne justifierait une violation de la Constitution.
On semble bel et bien s’acheminer vers une confrontation, puisque les “chavistes” ont prévu de passer en force… et de montrer cette force : ils appellent à manifester en soutien au leader de la révolution bolivarienne, jeudi, à Caracas.
On peut désormais s’attendre à tous les scénarios, y compris les plus risibles : pourquoi, après tout, Chavez ne serait-il pas transporté jeudi à l’ambassade du Venezuela à La Havane, pour y prêter serment? A condition qu’il soit transportable.
Une chose est certaine : Chavez est en train de rater sa sortie.
Si nécessaire qu’ait été sa politique, dans un Venezuela où les inégalités, la corruption et l’instabilité atteignaient des sommets, il donne aujourd’hui raison à ceux qui ont dénoncé son côté dictatorial.
Source: Blog Ouest France – Article original ICI