Vœux de Daniel GIBBS
Député de Saint-Barthélemy et de Saint-Martin
Conseiller territorial TDG2012
Président de l’Union pour la Démocratie
Chers amis,
Avant même de vous présenter mes vœux pour cette nouvelle année, je tiens à vous remercier, toutes et tous, pour votre présence ici ce soir. Je souhaite également remercier tout particulièrement les organisateurs de cette soirée, pour avoir rendu possible ce moment de convivialité. Merci également aux représentants de la partie néerlandaise qui ont bien voulu se joindre à nous ce soir pour la présentation de ces vœux.
En ce début d’année, je souhaite vous présenter mes vœux les plus sincères et les plus chaleureux pour cette année 2013 tout juste entamée. Ces vœux de bonheur et de pleine réussite personnelle et professionnelle, je tiens également à les présenter à tous les Saint-Martinois, aux forces vives de notre Collectivité, à toutes celles et tous ceux, d’ici ou venus d’ailleurs, qui œuvrent au quotidien pour faire de Saint-Martin une île où, malgré les crises et les aléas, il fait bon vivre ensemble.
Permettez-moi également d’avoir une pensée particulière pour ce gendarme, grièvement blessé la semaine dernière, dans l’exercice de ses fonctions, lors d’événements inacceptables. Je lui adresse tous mes vœux de prompt rétablissement. Plus généralement, j’adresse mes remerciements et l’expression de tout mon respect républicain à toutes celles et à tous ceux qui sont les garants de notre sécurité et dont la tâche est, on le sait, loin d’être aisée.
Le commencement d’une nouvelle année est à mon sens un moment privilégié de partage de pensées et de vœux envers celles et ceux qui sont confrontés à des difficultés familiales ou professionnelles, à des problèmes de santé. Nous tous ici, sommes sans nul doute confrontés à des situations personnelles qui méritent, au-delà d’un message de compassion, un message d’espoir.
En tant qu’élu, ce message d’espoir je l’adresse également à notre belle île, laquelle comme l’ensemble du pays, est depuis quelques années confrontée à une crise majeure dont chacun reconnaît et l’ampleur et la réalité.
Malgré les pronostics rassurants de quelques « sachant » optimistes, je ne crois pas, malheureusement, que 2013 sera une année de sortie de crise pour Saint-Martin. Tout d’abord parce que cette crise est mondiale et que notre économie, presque exclusivement touristique, n’est pas à l’abri des hoquets du monde. Mais surtout, surtout, parce que j’ai le sentiment, comme beaucoup, que les politiques publiques – que ce soit au niveau des gouvernements local ou national – qui sont conduites aujourd’hui, n’apporteront pas la réponse efficace aux enjeux qui sont les nôtres. Aux promesses et aux vœux pieux de l’année passée, succèderont de longs mois d’un dur retour à la réalité : il a d’ailleurs commencé.
L’année qui s’achève aura été dense sur le plan électoral ; cette année qui débute le sera sur le plan politique. Fidèle à une attitude de responsabilité et de vérité, j’invite élus et concitoyens à travailler ensemble, avec lucidité, courage et sans raccourci démagogique aucun, vers un avenir meilleur. Je l’ai déjà dit mais permettez-moi de me répéter : je crois que l’étroitesse de notre territoire est une chance sur le plan politique. Saint-Martin doit se faire laboratoire d’idées, pour mettre sur pied des solutions collant enfin à la réalité de notre territoire.
Notre statut 74 le permet : il faut avoir l’audace d’utiliser cet outil et sortir une fois pour toutes, d’une gestion et d’une vision « communales ». Aux tentatives de sauvetage d’un modèle usé, je veux objecter que notre mission collective est, avec intelligence et réalisme, de faire fonctionner le nouveau. Pour bâtir un territoire résistant aux bouleversements de notre époque et prêt à relever ses défis, nous n’avons d’autres choix que de nous montrer créatifs, conquérants, audacieux.
Le voilà, mon message d’espoir pour cette nouvelle année 2013 : pas l’espoir qui attend, qui mise sur les bonnes dispositions de la Providence, voudrait s’attirer les bonnes grâces de l’Etat, attendrait que « cela passe », mettant la crise sur le compte d’un héritage ou de la fatalité.
Non, mon message d’espoir pour 2013 est au contraire un espoir qui entreprend, qui décide de prendre son destin en main, qui ose prendre des risques, qui rejette la crise par la concertation et l’action collectives. « La politique est l’art de concilier le désirable avec le possible » disait Briand : alors osons faire de la politique !
Depuis dix mois, avec les élus TDG et plus généralement les forces vives de l’Union pour la Démocratie, nous pratiquons la politique de la main tendue. Il n’y a pas eu, depuis l’avènement de la nouvelle mandature, un seul Conseil territorial qui n’ait fait de notre part l’objet de propositions d’avancées concrètes pour notre Collectivité.
Nos demandes fortes n’ont pas changé : parmi celles-ci, un audit de la COM et de la SEMSAMAR, une véritable politique de contrôle et de maîtrise des aides sociales. Il ne s’agit pas de mesures destinées à faire de seules économies. Il s’agit aussi d’obtenir des chiffres fiables, qui permettront de lever le voile sur les fantasmes ou la réalité de la fraude, du gaspillage et d’agir enfin en conséquence.
En matière de fiscalité, vous le savez, nous ne proposons pas de « catalogue » de solutions clé en main mais plutôt une méthode, reposant sur la concertation, selon le principe de la démocratie participative. La proposition phare du groupe d’élus que j’ai l’honneur de conduire demeure la mise sur pied d’une commission ad hoc sur la fiscalité. Nous n’avons eu de cesse de le répéter : un impôt clair, gagé, mis sur pied en concertation avec nos socioprofessionnels et nos associations professionnelles, est un impôt compris par la population et dont le produit rentre dans les caisses de la Collectivité.
Je crois en une simplification de notre fiscalité, limpide pour les Saint-Martinois, attractive pour les investisseurs privés. Parce que notre fiscalité, notre économie, sont le nerf de la guerre. Et que nous n’aurons de développement économique harmonieux, prospère, qu’assis sur des bases aussi saines que solides.
Puisque l’on n’accède pas à cette demande de mettre sur pied une commission ad hoc sur la fiscalité, je travaille actuellement, avec mes équipes, sur l’organisation d’Assises locales – le terme étant mode ! – d’Assises locales de la fiscalité. Je vous en dirais plus dans quelques semaines, mais j’invite d’ores et déjà toutes les forces vives de Saint-Martin à rejoindre les ateliers qui seront mis sur pied lors de ces journées de travail que j’espère fructueuses.
Alors oui, on ne manquera pas de me reprocher ma méthode – puisqu’il existerait une méthode Gibbs – mais c’est la main que je tends, pas la joue et je continue à penser, comme le disait De Gaulle, qu’ « il vaut mieux avoir une méthode mauvaise que de n’en avoir aucune » !
Jeune Collectivité d’outre-mer, Saint-Martin fait face à de fortes urgences : un territoire malade, c’est une île où prévaut le système D, où la moitié de l’économie reste souterraine, où fleurissent carcasses et poubelles, où les jeunes sortent de l’école désemparés, où existent des zones de non-droit.
Ce n’est pas ce que je veux pour Saint-Martin !
Mais je ne veux pas non plus d’une île sous perfusion ou sous une « tutelle » – le mot est à mettre entre guillemets ne manqueront pas de me rappeler les esprits chagrins – ou sous une tutelle disais-je, dont nous serions les seuls responsables et les seuls débiteurs !
Nous valons mieux qu’une politique du sens unique, celle-là même qui explique en grande partie la situation dramatique dans laquelle se retrouve Saint-Martin aujourd’hui. Notre Collectivité n’a pas à payer les pots cassés des manquements de l’Etat (et quand je dis l’Etat, je veux bien évidemment dire Bercy, n’y voyez pas une attaque personnelle M. le Préfet). Nous devons impérativement renégocier une convention de moyens avec l’Etat, avec objectifs chiffrés et obligation de résultats.
Je ne veux ni d’un Saint-Martin malade, ni d’un Saint-Martin sous perfusion. « La politique ne consiste pas à suivre le courant, mais à indiquer le cap » disait Jacques Chirac. Voilà une vision que je partage et qui prend tout son sens appliquée à un Saint-Martin qui a bien du mal à se défaire des anciens carcans.
Je reste persuadé que du développement économique, reposant sur l’investissement privé, découlera la solution à tous nos maux. Une société prospère crée un cercle vertueux où il y a de l’emploi, et donc un mieux-être social. // Une société prospère se donne les moyens d’offrir à ses jeunes des formations inédites, des écoles qui tiennent la route, des perspectives d’embauches locales, des infrastructures qui leur permettent d’exprimer toute la diversité de leurs talents.
Je nous souhaite à tous une année 2013 qui soit celle de l’audace et de l’inventivité ! De nombreux chantiers restent à entreprendre. Ceux des toutes nouvelles compétences qui nous sont dévolues : je pense à l’urbanisme notamment, qui représente une formidable opportunité pour organiser le développement futur de l’île.
Concernant notre avenir urbanistique, la Collectivité a commandé un projet de PLU conforme à la réglementation métropolitaine. Pourquoi ne pas penser à établir plutôt, un nouveau code de l’urbanisme, conforme à nos spécificités et en prenant pour base notre POS actuel qui n’est pas parfait certes, mais qui constitue une base de travail dont l’on connaît les défauts ? Ne vaut-il pas mieux payer des spécialistes de l’urbanisme à mettre en forme un projet politique plutôt que s’offrir un projet de PLU qui répond aux normes hexagonales ?
De même sur la « titrisation » : l’on sait combien le problème du défaut de titres de propriété empêche certaines parties de l’île de se développer, soit en permettant aux familles de mettre en valeur leurs terrains, soit en mettant sur le marché des terrains à développer. Voilà un problème crucial tant au plan économique que social. Cette question est très compliquée et ne dépend pas que de la Collectivité, mais il faut une grande union politique pour pouvoir faire des propositions et discuter avec l’Etat : je suis prêt à en discuter avec les instances de la Collectivité pour être leur relai à Paris sur ce point particulier. En attendant, ne pourrait-on pas accélérer le processus de régularisation des 50 pas géométriques, dont on ne voit toujours aucun effet ? Fixons une fois pour toute la situation réelle et régularisons ces propriétaires qui de toute façon ne seront jamais délogés, soyons honnête !
Je souhaite également que 2013 soit une année fructueuse en matière de coopération. Avec nos voisins proches tout d’abord, nos frères, dont je veux encore une fois remercier la présence de leurs représentants parmi nous ce soir.
La coopération entre Saint-Martin et Sint Maarten ne doit pas rester au stade du symbole : notre passé commun, notre histoire commune valent mieux qu’une poignée de main et quelques compliments d’usage le jour du Saint-Martin’s Day. Nous valons mieux que ces quelques signatures successives de « MOU » dont il ne sort rien, ou presque.
Aujourd’hui, la coopération entre nos territoires portent ses fruits dans plusieurs domaines : je pense à la justice, à la sécurité ou à la santé notamment. Mais ces avancées pour notre territoire ne tiennent qu’à la mobilisation d’individus, qu’à l’initiative personnelle de quelques professionnels impliqués.
Il faut une coopération politique entre les deux parties de l’île : la matérialisation d’une vraie vision commune, celle qui dépasse la simple envie d’un destin partagé, et qui pourrait être formalisé – comme je l’ai déjà maintes et maintes fois proposé – par une instance politique au-dessus de nos gouvernements respectifs. Lorsqu’un visiteur envoie une carte postale à ses proches de ses vacances à Saint-Martin, il n’en poste pas qu’une moitié : nous sommes un et indivisible, montrons-nous à la hauteur de nos particularismes, faisons-les raisonner, faisons-les vivre.
Nos polices, nos services fiscaux, nos transporteurs, nos pêcheurs, nos professionnels, nos écoles, nos médecins, ont besoin de travailler de concert pour un retour à l’équilibre entre les deux parties de l’île.
Je m’arrêterais là car je vois des visages tirés où je lis un vrai besoin de rafraichissement !
Merci encore une fois, à toutes et à tous, d’avoir répondu présent à mon invitation ce soir.
A vos proches, à vos familles, à tous ceux qui vous sont chers, puisse cette nouvelle année qui s’ouvre, combler vos espérances et vos projets dans tous les domaines.
Bonne et heureuse année 2013.
Daniel GIBBS
Député de Saint-Barthélemy et de Saint-Martin
Conseiller territorial TDG2012
Président de l’Union pour la Démocratie