Apple poursuit sa dégringolade en Bourse, en cause la stratégie d’entreprise
L’action Apple chute de 12% à la Bourse américaine jeudi, effaçant d’un coup plus de 50 milliards de dollars (37 milliards d’euros) de capitalisation, en réaction à des résultats trimestriels décevants qui renforcent le sentiment que le fabricant de l’iPhone est en train de perdre sa suprématie dans les smartphones.
Dix-huit analystes, dont ceux de Barclays Capital, Mizuho Securities USA, Credit Suisse, Raymond James, Robert W. Baird & Co et Canaccord Genuity, ont réduit leur objectif de cours de 132 dollars en moyenne, à 612 dollars.
L’action de la firme à la pomme a reculé à 451 dollars à l’ouverture du Nasdaq, portant son recul à 35% depuis son record de 705,07 dollars atteint en septembre au moment du lancement de l’iPhone 5.
Peter Misek, analyste réputé de Jefferies, a abaissé sa recommandation sur la valeur d'”achat” à “conserver” et réduit son objectif de 300 dollars d’un coup, à 500.
L’un des premiers à s’alarmer d’une baisse des commandes d’Apple à ses fournisseurs, il estime aujourd’hui que le ralentissement des ventes de l’iPhone est maintenant “avéré et tangible” et appelé à durer.
“Nous pensons qu’Apple est en train de perdre la guerre des écrans”, explique cet analyste en notant que la demande se détourne des écrans à 3,5 et 4 pouces de l’iPhone au profit de ceux à 5 pouces proposés par Samsung Electronics, HTC et Nokia ( 3.31 -5.16%) Oyj.
En présentant ses résultats trimestriels mercredi soir, Apple a dit avoir livré 47,8 millions d’iPhones lors du trimestre septembre-décembre alors que les analystes tablaient sur 50 millions.
L’analyste de Deutsche Bank a réduit son objectif de cours à 575 dollars au lieu de 800 précédemment et estimé que le groupe devrait se lancer dans la fabrication d’un iPhone moins cher pour enrayer la baisse de ses parts de marché.
QUELLE STRATÉGIE ?
“Pour relancer sa croissance, Apple a vraisemblablement besoin de lancer de nouveaux produits”, confirme Stuart Jeffrey chez Nomura. “Mais apparemment il n’y a pas grand chose à attendre avant juin”.
Depuis un moment déjà, on spécule sur le développement par Apple d’un téléviseur mais le groupe a jusqu’ici éludé les questions sur ce projet. A part une version mini de la tablette iPad, la firme californienne n’a pas lancé de nouvelle ligne de produits depuis près de trois ans.
Les analystes, du coup, s’interrogent sur la stratégie consistant à tout miser sur un seul produit, l’iPhone, en ciblant délibérément le haut de gamme.
“A ce jour, le modus operandi d’Apple a consisté à capter le haut de gamme sur chaque marché, mais peut-être lui faut-il maintenant cibler un peu plus le milieu de gamme”, jugent les experts d’Evercore Partners.
Entre octobre et la publication des résultats mercredi soir, 24 analystes avaient réduit leurs objectifs de cours pour Apple, selon les données de Thomson Reuters.
Le titre arrive du coup bon dernier au classement qui mesure l’évolution du sentiment des analystes sur les grandes valeurs technologiques, selon le fournisseur de données StarMine.
A ce classement ARM (pour Analysts Revision Model), Apple est gratifié d’un score de 10 sur 100, contre 19 pour Microsoft ( 28.02 +1.47%) et 34 pour Google. Nokia et Samsung ont des scores de respectivement 82 et 89.
Mais la palme revient à Research in Motion (RIM). Le fabricant canadien du Blackberry obtient un score parfait de 100, selon ce modèle qui mesure les révisions par les analystes de leurs estimations de résultats et recommandations.
Avec Saqib Ahmed, Véronique Tison pour le service français, édité par Nicolas Delame © 2013 Reuters