Le groupe alimentaire suédois Findus a annoncé, via sa filiale en France, le dépôt d’une plainte contre X
Le groupe agroalimentaire s’est dit “trompé” et a porté plainte contre X après la découverte de viande de cheval dans des produits censés contenir du boeuf.
Scandale au Royaume-Uni, justice saisie en France, abattoir montré du doigt en Roumanie, enquêtes et menaces de sanctions… : la découverte de viande de cheval dans des lasagnes au boeuf a pris samedi une dimension européenne et met en cause une chaîne agroalimentaire très complexe.
À la mi-journée, le groupe alimentaire suédois Findus a annoncé, via sa filiale en France, le dépôt d’une plainte contre X à la suite de cette découverte de viande de cheval dans ses produits censés contenir du boeuf uniquement. “Nous avons été trompés”, a déclaré le directeur général de Findus France, Matthieu Lambeaux, dans un communiqué. “Il y a deux victimes dans cette affaire : Findus et le consommateur. Nous porterons plainte contre X dès lundi”, a-t-il ajouté.
La découverte de cheval dans des lasagnes censées être au boeuf a provoqué un scandale au Royaume-Uni – où le cheval est vénéré et sa consommation taboue – et a entraîné le retrait vendredi des plats incriminés en France, pays d’origine de la viande, et en Suède. Un importateur de viande basé dans le sud-ouest de la France, Spanghero, a aussi annoncé une action en justice contre son propre fournisseur roumain. “Nous avons acheté de la viande de boeuf originaire d’Europe et nous l’avons revendue. S’il s’agissait bien de cheval, nous allons nous retourner contre le fournisseur roumain”, a déclaré à l’AFP Barthélémy Aguerre, président de Spanghero. Il n’a pas livré le nom du fournisseur roumain, assurant qu’il ne l’avait pas sur lui.
Vendredi soir, c’est un autre acteur de cette chaîne agroalimentaire complexe et longue, la société française Comigel, spécialisée dans la fabrication de plats surgelés, qui avait indiqué que la viande incriminée venait de Roumanie, via Spanghero. Les lasagnes incriminées étaient préparées au Luxembourg dans une filiale de Comigel. Cette fraude à la viande de cheval pourrait dater “du mois d’août 2012”, a ajouté Findus depuis Londres, citant une lettre de son fournisseur français Comigel.
Traçabilité
La Roumanie a commencé samedi à se défendre. “Je suis sûr que l’importateur (français) savait que ce n’était pas du boeuf, car le cheval a un goût, une couleur et une texture particuliers”, a indiqué à l’AFP le président de l’association Romalimenta, qui regroupe les patrons roumains de l’alimentaire, Sorin Minea. Selon lui, il existe en Roumanie trois abattoirs qui abattent des chevaux et exportent la viande vers des pays de l’UE, notamment la France et l’Italie. Le recours à de la viande chevaline s’explique probablement par des raisons financières. Le cheval “est moins cher que le boeuf”, a expliqué Sorin Minea. Le ministère roumain de l’Agriculture a pour sa part indiqué qu’il menait une enquête sur cette affaire.
En France, la Direction de la répression des fraudes, qui dépend du ministère de l’Économie, a indiqué qu’elle ouvrait aussi une enquête pour identifier l’origine de la “tromperie”. “Toute tromperie constitue une faute qui nuit à la confiance accordée à l’ensemble de la filière et doit être sévèrement sanctionnée”, a affirmé le ministre français de l’Agriculture, Stéphane Le Foll. Le ministre britannique de l’Environnement, Owen Paterson, devait tenir samedi une réunion d’urgence avec les autorités sanitaires et les détaillants. Le ministre a exigé d’avoir des résultats d’ici “la fin de la semaine prochaine”. Il compte aussi se pencher sur la délicate question de la traçabilité des produits, au coeur du scandale.
L’affaire a éclaté à la mi-janvier, quand les autorités irlandaises ont découvert du cheval dans de la viande hachée produite au Royaume-Uni et en Irlande et écoulée dans ces deux pays.
AFP