Mariage pour tous : les députés ont adopté la loi
Après dix jours d’une bataille parlementaire intense menée par une poignée de députés UMP, l’Assemblée a adopté, en première lecture, par 329 voix contre 229, le projet de loi ouvrant le mariage et l’adoption aux couples de même sexe. 10 députés se sont abstenus.
L’Assemblée nationale a voté ce mardi après-midi le projet de loi sur le mariage pour tous, première réforme sociétale d’importance de la majorité socialiste depuis l’élection de François Hollande. Après dix jours d’une bataille parlementaire intense menée par une poignée de députés UMP, le projet de loi ouvrant le mariage et l’adoption aux couples de même sexe a été adopté par 329 voix contre 229 et 10 abstentions. Dès que l’issue du vote a été annoncée, les députés de la majorité ont scandé: « Egalité, égalité! ».
Sans surprise, les députés de la majorité ont voté pour le projet de loi, tandis que la grande majorité des députés UMP et UDI ont voté contre, malgré quelques exceptions notables.
Les députés au cas par cas
Quatre députés membres du groupe socialiste ou apparentés ont voté contre : Bernadette Laclais, Jérôme Lambert, Patrick Lebreton et Gabrielle Louis-Carabin. Cinq se sont abstenus : Ibrahim Aboubacar, Marie-François Bechtel, Jean-Luc Laurent, Jean-Philipe Mallé et Dominique Potier. Deux de leurs collègues UMP ont voté pour, Benoist Apparu et Franck Riester, tandis que cinq se sont abstenus : Nicole Ameline, Nathalie Kosciusko-Morizet, Pierre Lellouche, Bruno Le Maire et Edouard Philippe.
A l’UDI, quatre ont voté pour : Philippe Gomes, Yves Jégo, Sonia Lagarde et Jean-Christophe Lagarde, auxquels il faut ajouter Jean-Louis Borloo qui a voté par erreur contre, mais a ensuite fait savoir sur l’analyse officielle du vote qu’il avait voulu voté pour.
« Jeu amoureux »
Christiane Taubira a été ovationnée après le vote. Après avoir salué l’adoption de ce texte, « une étape importante » mais « pas la dernière », la ministre de la Justice a notamment remercié les députés de la majorité, « actifs » et qui lui ont envoyé « une très belle énergie », ainsi que « la ténacité » des députés de l’opposition durant les deux semaines de débat.
Puis, après avoir suscité les rires pour son « merci à tous pour ces jours et ces nuits passés ensemble », elle s’est autorisé une envolée. « Il y a des choses que ce texte ne pourra pas accomplir. Il ne supprimera pas le jeu amoureux, ni chez les homosexuels ni chez les hétérosexuels », a-t-elle lancé.
« Il restera toujours beaucoup beaucoup de femmes, pour vous regarder, messieurs, pour vous observer, pour essayer de percevoir derrière vos carapaces la tendresse qui parfois vous habite, pour essayer de percer les défauts qui se cachent parfois sous des dehors affables, et pour discerner dans l’entrelac de vos talents et vos faiblesses si vous êtes capables de tracer des chemins sur la mer, comme l’écrivait Antonio Machado » (poète espagnol, NDLR), a-t-elle dit. « Une fois qu’elles vous auront jaugés, les femmes décideront soit de vous faire languir, soit de vous séduire », a-t-elle ajouté. « Vous serez toujours, soit en grâce, soit en péril! » a-t-elle dit, avant de citer le philosophe Lévinas : « « Penser autrui relève de l’irréductible inquiétude pour l’autre ». C’est ce que nous avons fait tout au long de ce débat. »
Au Sénat à partir du 2 avril
Le texte étant voté à l’Assemblée, le combat de l’opposition va se poursuivre au Sénat à partir du 2 avril. Cette date a été préférée au 18 mars, qui avait été évoqué précédemment, « compte-tenu des délais nécessaires pour finaliser les auditions et surtout rédiger le rapport », a expliqué mardi le ministre des relations avec le Parlement, Alain Vidalies.
Pour éviter des navettes avec l’Assemblée et de trop longues diatribes de l’opposition, les sénateurs de la majorité -qui ne disposent que de 6 voix d’avance -pourraient être tentés de voter « conforme », c’est-à-dire sans modification, le texte adopté par les députés. « C’est possible à condition de bien travailler ce dossier en amont. Il faut prendre un certain nombre de garanties », a déclaré le président PS du Sénat, Jean-Pierre Bel.
Le combat de la droite se poursuivra aussi dans la rue, les anti-mariage gay appelant à une nouvelle grande manifestation le 24 mars.
Source: Les Echos et AFP