Mariage homo: mobilisation massive des “anti” pour dire de nouveau non
La mobilisation dimanche à Paris contre le mariage homosexuel a été massive mais les chiffres de participation ont une nouvelle fois beaucoup divergé, alors que le rassemblement a pâti de plusieurs incidents en marge du cortège.
Les forces de l’ordre ont évacué dimanche soir à l’aide de gaz lacrymogène les dernières centaines de manifestants qui s’étaient groupés sur les Champs-Elysées, selon des journalistes de l’AFP sur place.
Quelques milliers d’irréductibles s’étaient retrouvés en fin d’après-midi sur l’avenue, interdite aux organisateurs par la préfecture de police, scandant des slogans, chantant pour certains La Marseillaise.
Le ministre de l’Intérieur Manuel Valls a évoqué dimanche soir des “dizaines d’interpellations” sans détail, mais ce nombre pourrait évoluer dans la soirée.
Dans l’après-midi, une foule de manifestants avait investi le nord-ouest de Paris dans une ambiance bon enfant pour demander le retrait du projet de loi sur le mariage homosexuel. Ils se sont rassemblés entre la Défense et l’Arc de Triomphe.
A 17H00, les organisateurs ont revendiqué “au moins 1,4 million” participants. Peu après, la préfecture de police a fait état d’une première estimation de 300.000 personnes.
“Les chiffres définitifs seront communiqués en début de semaine prochaine, après visionnage de l’ensemble des films de la manifestation”, a déclaré à l’AFP un porte-parole de la préfecture de police.
Lors de la précédente manifestation des anti-mariage gay, le 13 janvier, les organisateurs avaient compté un million de participants, contre 340.000 selon la police. Les organisateurs avaient alors accusé la préfecture d’avoir volontairement minoré la participation.
“La manière dont la préfecture comptabilise les manifestants n’est remise en cause par personne”, a affirmé Manuel Valls, pour couper court à toute polémique.
“Ca devient risible et grotesque, ça ne peut pas durer”, a réagi de son côté Frigide Barjot, chef de file de La manif pour tous, à l’origine du mouvement, parlant d’une “volonté délibérée de ne pas dire la vérité”.
Elle a déclaré que les organisateurs demandaient à être reçus à l’Elysée “dès demain”, annonçant au passage “une nouvelle manifestation rapidement”.
“A l’heure qu’il est, le silence du président est assourdissant”, soulignait dans un communiqué dimanche soir La manif pour tous.
Malgré les appels réguliers au calme, via haut-parleur, des organisateurs, des gaz lacrymogènes ont été dispersés à plusieurs reprises par des gendarmes mobiles pour “maintenir les manifestants” qui voulaient accéder aux Champs-Elysées. “Des réactions disproportionnées”, selon les organisateurs.
Manuel Valls a estimé que la manifestation avait “incontestablement” parfois échappé à ses organisateurs. “Ils ont été débordés par des groupes extrémistes” essentiellement d’extrême droite, a-t-il déclaré à l’AFP.
Le président de l’UMP, Jean-François Copé, présent, ainsi que de nombreuses personnalités de droite ont pris prétexte de ces incidents pour lancer un début de polémique, en mettant en cause la police. M. Copé a même demandé “des comptes à François Hollande” après avoir “croisé” des familles qui auraient été victimes de gaz lacrymogène dispersé par les forces de l’ordre.
Les manifestants estiment que le projet de loi “bouleverse totalement la société en niant la parenté et la filiation naturelles”. Frigide Barjot a enjoint dimanche François Hollande à s’intéresser davantage à l’économie dégradée du pays plutôt qu’aux familles.
Tout au long du parcours, jalonné d’écrans géants, une mer de drapeaux bleu outre mer, fuchsia et blancs côtoyait des pancartes et des banderoles accrochées aux balcons: “Touche pas à ma filiation”, “On veut du boulot pas du mariage homo” ou encore “non au gaystremisme”.
“On ne lâchera rien”, a dit Marie, 30 ans. “On est venus défendre le fait qu’un père et une mère, c’est meilleur pour les enfants. La loi Taubira est un package qui nous va pas”.
Déjà voté à l’Assemblée, le projet de loi sera examiné au Sénat à partir du 4 avril.
AFP