Violentes manifestations à Port-au-Prince
Photo: AFP/HECTOR RETAMAL – L'un des nombreux manifestants à Port-au-Prince
En Haïti, des manifestations organisées en réaction à l'épidémie de choléra ont été tenues à Port-au-Prince pour exiger le départ de la Force de stabilisation de l'ONU, et ce, après les violences de la veille à Cap-Haïtien.
Jeudi, plusieurs centaines de jeunes ont pris pour cible les soldats de l'ONU dans la capitale en lançant des pierres et en érigeant des barricades.
L'AFP rapporte qu'une ambiance de guérilla urbaine régnait aux abords du Champ-de-Mars, tout près du Palais présidentiel. Des coups de feu ont été entendus, sans pouvoir dire d'où ils provenaient. Des gaz lacrymogènes rendaient l'air irrespirable.
Des pneus en feu et des bennes à ordure bloquaient plusieurs carrefours de la capitale, où les Casques bleus n'avaient jusqu'à présent jamais été pris pour cible depuis le tremblement de terre de janvier dernier.
Les manifestants s'en sont pris à une dizaine de soldats de la MINUSTAH, la Mission des Nations unies pour la stabilisation dans ce pays. Ils se trouvaient à l'arrière d'une camionnette découverte. Un des soldats qui avaient mis en joue les manifestants, sans toutefois les freiner dans leur élan, est tombé du véhicule. Il a été la cible de tirs de pierres avant de réussir à y remonter.
Des gens rassemblés tout près d'un vaste camp de réfugiés du séisme scandaient en créole « le choléra, c'est la MINUSTAH qui nous a donné ça » et réclamait le départ des Casques bleus.
L'épidémie de choléra qui sévit depuis la mi-octobre en Haïti a fait, jusqu'à présent, 1110 morts et a touché 18 000 personnes. La maladie a franchi cette semaine les frontières du pays avec des cas rapportés en République dominicaine et dans l'État américain de la Floride.
Les violences de mercredi avaient fait un mort et plusieurs blessés à Cap-Haïtien, la deuxième ville du pays. En début de semaine, des heurts y avaient fait 2 morts et 14 blessés. De plus, six soldats de l'ONU avaient été blessés à Hinche.
La MINUSTAH mobilise 12 000 personnes. Il s'agit de la principale force de sécurité dans le pays depuis six ans. Elle nie toute responsabilité dans l'épidémie qui sévit en ce moment.
Une souche virulente
Des responsables américains de santé publique ont affirmé jeudi que la souche de choléra qui provoque l'épidémie en Haïti est « plus virulente que la normale ». Ainsi, elle pourrait rester présente à l'état endémique pendant des années.
Les spécialistes ont observé que le choléra avait été absent d'Haïti depuis « au moins 50 ans et peut-être un siècle ». Ce fait pourrait être l'une des raisons qui expliquent la rapidité de sa propagation.
Les autorités ont expliqué qu'elles s'attendent ainsi à ce que « les cas continuent » et à ce que l'organisme qui cause la maladie soit présent dans l'environnement pendant encore plusieurs années.
Radio-Canada.ca avec Agence France Presse et Associated Press
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