LETTRE AU MINISTRE DE L’INTERIEUR
LETTRE AU MINISTRE DE L'INTERIEUR
Objet : Courrier au Ministre de l'intérieur
M. Brice HORTEFEUX
Ministre de l'Intérieur, de l'Outre-Mer, des Collectivités territoriales et de l'Immigration
Saint-Martin, le 24 novembre 2010
Monsieur le Ministre,
Cher ami,
Alors que nous sentons les prémices de la saison touristique 2010-2011, la communauté de Saint-Martin déplore le meurtre atroce d’un de ces concitoyens, meurtre qui vient s’ajouter à une liste déjà trop longue.
Si je prends l’initiative de vous écrire aujourd’hui (tel que je m’y suis engagé dans la presse locale) c’est que Saint-Martin se meurt et qu’aucun des aspects de notre modeste existence collective ne me rassure. Au premier plan de ces aspects vient l’absence notoire de sécurité et l’augmentation, non moins préoccupante, de la délinquance et de la criminalité. Les actes criminels se succèdent à un rythme particulièrement inquiétant. Les agressions sur les personnes et les cambriolages (parfois à main armée) … tout cela va crescendo.
Je suis d’autant plus soucieux de la situation qu’elle trouve en face d’elle une collectivité léthargique qui « laisse » à l’état la totalité de la responsabilité du maintien de l’ordre à Saint-Martin. Je n’adhère pas à cette théorie et j’ai d’ores et déjà demandé à ce que les effectifs et les domaines d’intervention de la Police Territoriale soient revus à la hausse.
Si je ne conteste pas la responsabilité de la Collectivité dans son déni de réalité, je crois néanmoins que l’Etat porte sa part dans cette affaire. Saint-Martin fait partie de la République et doit, à cet égard, être traitée comme toute autre partie du territoire national en matière de sécurité et de maintien de l’ordre.
Depuis début 2009, Frantz GUMBS nous promet un réseau de vidéosurveillance sur les points sensibles de l’île. Près de deux ans plus tard, nous ne sommes toujours pas pourvus d’un tel dispositif qui n’est, de mon point de vue, qu’un des éléments d’une véritable volonté politique en matière de sécurité.
Sur un plan strictement économique, vous n’êtes pas sans ignorer que, malgré les inepties perpétrées par le Sénateur FLEMING et le Président GUMBS, Saint-Martin ne vit QUE du tourisme. A cet égard, nous ne pouvons nous permettre d’être une destination non-sûre, « blacklistée » par les blogs et forums américains notamment.
En effet, si la mort ou les blessures d’un touriste ne sont pas plus graves ni plus dignes d’intérêt que celles d’un résident, chacun étant évidemment aussi respectable l’un que l’autre dans le malheur, il vient se rajouter aux drames humains une dimension économique par l’impact négatif qui en résulte.
Enfin, et corrélativement aux dommages directs et réels causés aux personnes et aux biens, l’ambiance palpable d’inquiétude et de peur qui résulte de cette situation, les répercussions médiatiques sur les marchés constituent un véritable cataclysme pour notre économie.
Vous le savez, les socioprofessionnels n’ont cessé, depuis des années, d’attirer l’attention des autorités de l’Etat, pris des initiatives, proposé des axes d’actions, participé à l’ensemble des travaux qui ont pu avoir lieu sur ce sujet, sans véritablement que les représentants successifs de l’autorité de l’Etat à Saint-Martin ne prennent la véritable mesure de cette question. Il est vrai que nous ne disposions du temps de la commune que d’un sous-préfet et aujourd’hui en tant que Collectivité, que d’un préfet délégué, qui ne dispose peut-être pas des mêmes moyens ni de la même autorité que le préfet de région, préfet de plein exercice. Pourtant on nous répète sans cesse que ces moyens sont déjà amplement suffisants. Il me semble évident que non ! Déni de réalité, je l’ai déjà dit, partagé par les autorités territoriales.
Monsieur le Ministre, ce courrier est un véritable S. O. S ! J’en appelle à votre sens de l’Etat et de l’ordre et vous demande solennellement d’apporter une attention toute particulière à "l'état" de Saint-Martin afin d’éviter que la situation sécuritaire de l’île ne nous plonge dans un marasme économique et institutionnel durable.
Je vous prie d’agréer, Monsieur le Ministre, Cher ami, l’assurance de ma très haute considération.
Daniel GIBBS
Premier Vice-Président