Cela a commencé peu après les attentats du 11 septembre qui ont ralenti l’économie essentiellement dirigée vers le marché américain et qui venait péniblement de se refaire une santé après le passage du cyclone Luis. La crise mondiale de 2008 n’a fait qu’aggraver la récession qui se caractérise principalement par un ralentissement des recettes fiscales dû à une réduction du PIB. Corrélativement, l’outil touristique s’est dégradé par la sortie de défiscalisation des chambres d’hôtels, progressivement transformées en résidences.
L’évolution statutaire, insuffisamment mûrie, a largement contribué à la réduction de l’économie de l’île à cause de sa difficulté de mettre en place une fiscalité cohérente et juste ainsi qu’un programme de relance économique. La première mandature s’est largement illustrée par un pataugeage généralisé, un manque de décisions et, quand il y en avait, elles étaient mal préparées et encore plus mal appliquées.
Ce qui caractérise Saint Martin est, d’une part le manque d’organisation pour structurer l’administration, et d’autre part, l’absence de vision à long terme permettant de prendre des décisions d’orientation. Cela conduit à une mauvaise appréciation du rôle du Conseil Territorial qui continue à gérer comme sous la Commune.
Une gestion communale se caractérise par la mise en place de projets réfléchis par le Conseil, élaborés par l’administration et enfin organisés en interne. Tandis que la gestion d’une Collectivité s’apparente à celle d’un état: mettre en place les moyens d’une fiscalité efficace, définir des orientations budgétaires, favoriser l’investissement dans le cadre d’une politique de développement. Cela suppose donc de définir les conditions d’un environnement économique, de laisser le secteur privé travailler selon l’orientation définie par le Conseil Territorial pour ensuite lui donner les autorisations nécessaires à la réalisation de ses projets. La fiscalité découlant de ces réalisations devenant alors l’outil de financement des investissements publics.
Les choix qui ont été faits à l’époque de la défiscalisation pèsent aujourd’hui lourdement sur l’économie. En effet, on a trop misé sur l’argent facile de la défiscalisation immobilière, créant artificiellement tout un volet économique avec peu de capacité d’évolution, en oubliant complètement, ou à peu près, de financer des outils touristiques pérennes pour assurer la prospérité et la continuité de développement. Pire, les principaux instigateurs de la défiscalisation ont complètement négligé la sortie de défiscalisation qui a conduit à la perte de l’outil économique majeur qu’étaient les chambres d’hôtels.
Face à ces constats, il faut choisir d’apporter une solution qui restaure la situation économique. Or, il s’avère que, engluée dans ses problèmes financiers, et sans réelles perspectives d’avenir, sans imagination, la Collectivité présidée aujourd’hui par Mr Richardson risque fort d’être confrontée très vite à une situation de cessation de paiement et donc de mise sous tutelle avec l’application autoritaire par l’Etat d’un plan d’austérité qui ne fera que réduire encore un peu plus l’économie locale. La seule solution d’en sortir, est de le faire par le haut, de faire rentrer des capitaux dans l’île.
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Yves KINARD