HAITI : Résultats du 1er tour, la colère
Le chanteur populaire Michel Martelly arrive juste derrière en troisième position lors du scrutin du 28 novembre, avec plus de 21% des voix et seulement quelque 6000 voix de moins que son rival.
Ses partisans ont vivement réagi. Des coups de feu ont été tirés dans la capitale et des débuts d'incendie se sont déclarés dans des petits commerces. Dans la banlieue, des jeunes, cagoulés, parcouraient les rues en demandant l'annulation du scrutin. La police haïtienne a procédé à des tirs de gaz lacrymogène pour disperser la foule dans les rues de Port-au-Prince. Les radios haïtiennes évoquent également des manifestations et des coups de feu dans plusieurs villes du pays.
Michel Martelly est le grand perdant du scrutin. La faible marge qui le sépare du candidat du pouvoir Jude Célestin passe mal chez ses partisans alors que le chanteur avait régulièrement accusé le parti au pouvoir de fraude électorale.
"Le peuple était sorti pour voter Martelly parce que Manigat et Célestin ne vont rien régler du tout. Martelly était en avance et on lui a volé les élections. Nous allons détruire le pays jusqu'à ce qu'on nous donne Martelly comme président", affirmait un jeune cagoulé mardi soir. Un groupe d'observateurs financé par l'Union européenne avait annoncé lundi que des estimations fondées sur des éléments recueillis dans 1500 bureaux de vote plaçaient Mme Manigat en tête (avec 30 % des suffrages) devant Michel Martelly (25 %) et Jude Célestin (20 %).
A cet égard, les Etats-Unis se sont dits "préoccupés" mardi soir par les résultats "incohérents" de l'élection, au regard de ces données diffusées la veille. Ils ont appelé la population au calme et offert d'examiner toute fraude éventuelle. De son côté, l'Organisation des Etats américains (OEA), qui mène une mission d'observation du processus électoral en Haïti, a rappelé mardi soir qu'il existait tout une série de "recours possibles" après la publication des résultats du premier tour.
Le premier tour de la présidentielle avait été marqué par des incidents et des irrégularités qui avaient obligé les autorités à annuler les élections dans 3,5 % des bureaux de vote. La participation ne s'élève qu'à 22,87 %, loin des 40% espérés par l'ONU le jour du vote.
Le deuxième tour se tiendra le 16 janvier. Le successeur du président René Préval prendra ses fonctions le 7 février. Il prendra la tête d'une administration amputée dans un pays dévasté par le séisme dévastateur du 12 janvier et où une épidémie de choléra a fait 2120 morts depuis la mi-octobre.
Source AFP