Procès en appel de Jérôme Kerviel : Kerviel doit s’expliquer d’emblée sur son mandat et ses limites
PARIS – Le procès en appel de Jérôme Kerviel est entré directement lundi dans le vif du sujet, l’ancien trader étant d’emblée amené à s’expliquer sur les limites de son mandat à la Société Générale, qu’il est accusé d’avoir très largement dépassées.
Aucune question de procédure n’a été posée, ni par la défense ni par la partie civile, et la présidente de la cour d’appel, Mireille Filippini, a pu se lancer dès la première matinée dans un interrogatoire très pointu et technique du prévenu.
Jérôme Kerviel, 35 ans, condamné en première instance à trois ans de prison ferme et 4,9 milliards de dommages et intérêts, a répété dès l’ouverture de son procès en appel qu’il n’était pas responsable de cette perte et a réaffirmé que sa hiérarchie était au courant des opérations qu’elle lui reproche.
C’est pour cela, a-t-il dit à la présidente Mireille Filippini, qu’il a fait appel de sa condamnation.
Ensuite, il a dû évoquer une documentation qu’il avait signée en devenant trader à la Société Générale, dont une charte déontologique et un cahier des procédures de trading.
Il y est écrit qu’il faut être loyal vis-à-vis de la Société Générale et ne pas nuire à ses intérêts, couvrir ses positions, être de bonne foi, ne pas chercher à gagner de l’argent en faisant décaler le marché, a égrené la présidente.
Pour être très franc avec vous, je l’ai pas lue à l’époque, mais oui, je l’ai signée, a reconnu Jérôme Kerviel.
Il a ensuite été question de la limite du risque que les huit traders du service dans lequel travaillait Jérôme Kerviel étaient autorisés à prendre au-delà d’une journée, posée collectivement à 125 millions d’euros.
La limite était fréquemment dépassée, mais jamais au-delà de 200 millions, a constaté Mireille Filippini au vu dossier. Jamais dans des proportions extraordinaires, a-t-elle appuyé, alors que Jérôme Kerviel a parfois pris des positions de plusieurs dizaines de milliards d’euros.
Trente milliards, c’était une erreur de ma part (…), c’était évidemment extravagant, a reconnu l’ancien trader, tout en soulignant qu’il ne savait pas si d’autres l’ont fait, tant les limites, selon lui, c’était informel.
Alors, ça ne servait à rien de faire des analyses de risques si on s’asseyait dessus?, a lancé la présidente.
SOCIETE GENERALE
(©AFP / 04 juin 2012 12h07)