Ainsi, je lis sous la plume de Daniel Gibbs que 10.000 enfants ont repris le chemin de l’école. Je le suppose bien informé, même si cela me paraît un peu beaucoup, mais la question n’est pas là. Où étaient ces enfants durant les vacances? Pareillement, où sont ces jeunes qui finissent plus ou moins heureusement leur scolarité chaque année, au nombre de 4 ou 500 et qui, pour la plupart, traversent la rue pour s’inscrire directement à Pôle Emploi? J’ai beau circuler assez bien dans l’île, je ne les ai pas vu, enfin, pas plus que d’habitude. Bizarre quand même. Dans le même temps, j’observe que se garer sur le front de mer, passée une certaine heure, devient mission impossible, sauf à faire une bonne promenade à pied. Où sont tous ces gens? Sont-ce des touristes, ou des travailleurs dans les commerces de Marigot? Là aussi, bizarre, à un moment où l’on nous dit qu’il y a de plus en plus de commerces qui ferment, de voir une pareille fréquentation.
Sous l’angle de étrangeté, il m’est revenu que le Président Richardson aurait ouvert le Conseil Territorial de jeudi en prétendant que tout allait bien, qu’il ne fallait pas s’inquiéter. Il aurait par ailleurs “agressé” Daniel Gibbs, lui reprochant à mots couverts son inactivité avec la Collectivité alors même qu’en quatre mois, comme lui a répondu l’intéressé, il n’a pas daigné lui accorder l’entrevue normale eut égard à sa fonction (après d’ailleurs lui avoir refusé le balcon de l’Hôtel de la Collectivité lors de la proclamation des résultats). Pour finir, j’apprends que toutes les semaines notre bon Président est au rapport avec le Préfet qui fort logiquement s’est mêlé de la gestion de notre petit cailloux. Raison principale aussi, tenter coûte que coûte d’obtenir une aide de l’Etat, aide fort illusoire rien qu’à écouter les discours de Mr Hollande. Et dans le même temps, tout le monde aura constaté le silence assourdissant des propositions du nouveau Conseil Territorial pour redresser l’économie. A part nous annoncer un doublement du taux de la TGCA à 4%, ce qui permettra de compenser la décroissance flagrante du recouvrement. Donc, si j’ai bien compris, comme il y a actuellement moins de la moitié des assujettis qui paient, en doublant le taux on va revenir à ce qui était initialement prévu, mais au détriment des honnêtes qui payaient. Et mettre un peu plus d’énergie au recouvrement, ce n’était pas une bonne idée???? Et après tout, cette réduction des recettes TGCA est peut-être tout simplement due à un effondrement de l’activité économique. Doubler la taxe ne va donc pas améliorer et au contraire faire peser sur l’économie une nouvelle charge qui freinera encore un peu plus l’activité. Cercle vicieux.
Honnêtement, je suis complètement atterré face à ces incohérences, ces observations pour le moins divergentes, et cela force à se poser quelques questions. L’économie est-elle vraiment aussi mauvaise que cela ou ne sont-ce que quelques secteurs qui périclitent? Bien sûr ceux-ci étaient importants au regard de notre passé, mais sans doute faut-il se résigner à voir un pan de l’économie s’étioler. On ne va quand même pas construire pour le plaisir de construire pour juste aider le BTP. Cela n’a de sens que dans l’idée d’un projet global, structuré, nous donnant non du logement, mais des outils de travail comme des hôtels, une rénovation générale, des routes, un complexe maritime. Tout cela devant être impérativement accompagné par une réforme de notre système fiscal dont nous avons, excusez l’erreur de langage, la compétence. Mot mal choisi puisque recouvrant aussi notre totale incompétence à gérer ce fondement majeur de notre économie. Déjà lors de la précédente législature Daniel Gibbs avait obtenu la mise en place d’une commission, bizarrement et non sans humour, même involontaire, appelée “Ad Hoc” et il l’a encore réclamée, comme d’ailleurs le CESC, pour cette mandature, sans qu’il se passe quoique ce soit, à part ce pansement vite fait de doubler bêtement la TGCA. Il se murmure de plus en plus que nous avons élu une bien curieuse équipe qui a sans doute plus bénéficié du tous contre Daniel que tous pour Alain. Il y a dans la démarche politique, et pour autant que l’on croit à l’honnêteté de nos élus, une sorte de naïveté à penser qu’une fois aux commandes ils vont pouvoir faire enfin ce qu’il faut pour appliquer leurs idées, pour s’apercevoir alors que c’est plus facile à dire qu’à faire.
Yves KINARD