Librement emprunté à The Economist, avec nos remerciements.”
Depuis maintenant 20 ans, le 3 mai est l’occasion de célébrer la liberté de la presse et, analogiquement, de dénoncer les atteintes à celle-ci à travers le monde.
La liberté de la presse se pose comme une évidence dans nos esprits occidentaux pour deux raisons principales.
Tout d’abord, elle s’appuie notamment sur la Déclaration universelle des droits de l’homme qui dans son article 19 stipule que “Tout individu a droit à la liberté d’opinion et d’expression, ce qui implique le droit de ne pas être inquiété pour ses opinions et celui de chercher, de recevoir et de répandre, sans considérations de frontières, les informations et les idées par quelque moyen d’expression que ce soit.” Or, en 2013, nul n’irait contester les principes d’une Déclaration qui vise à ne pas voir répétés les horreurs et traumatismes de la Seconde Guerre notamment.
D’autre part, la liberté de la presse s’inscrit comme une garantie des principes démocratiques dans la mesure où c’est à travers l’information livrée que les citoyens ont accès aux instances, aux problématiques, aux tenants et aboutissants de la vie de la cité. Et dans ce cadre, je dis aussi OUI à la variété de la presse car c’est en confrontant des analyses différentes que l’on peut se forger une opinion éclairée.
Ce n’est pas un hasard si le leitmotiv d’SXMInfo est “l’information libre”. C’est bien parce que nous sommes convaincus que cette liberté est un réel besoin sur notre territoire.
Dans une société en construction, qui nécessite la participation et l’implication de tous, il est en effet primordial que les citoyens aient un accès large à l’information. Ceci est d’autant plus vrai à Saint-Martin où nous sommes vraisemblablement parvenus à la fin d’un système tel que nous le prouve notre récente actualité. Reconstruire l’édifice de manière plus stable et en tenant compte des réalités modernes passe par des phases de prise de conscience, de pédagogie, de formation et d’ouverture… Autant de prérequis qui peuvent être, en partie, assurés par la presse.
Aussi, en ce 3 mai, nous brandissons fièrement notre étendard de presse libre, malgré, et peut-être même grâce aux attaques dont nous sommes régulièrement l’objet. Nous garantissons à notre lectorat une information complète, même sur les sujets sensibles, à condition qu’elle soit avérée ; tout comme nous encourageons les institutions à s’appuyer sur notre média pour relayer leurs actions.
Nous pensons le terreau saint-martinois prêt, la nécessité faisant loi, à accueillir un processus réellement démocratique et éclairé de mise en oeuvre de notre autonomie.
A ceux qui, échaudés ou juste suspicieux, seraient tentés de crier ici au loup, aux mises en garde quant à d’éventuels débordement inhérents à une liberté totale de la presse, nous réservons une double réponse.
La première est que le droit français a aussi posé le cadre de cette liberté et qu’en cas d’abus, des recours et des sanctions existent, certains les brandissent d’ailleurs régulièrement.
La seconde réponse que nous souhaitons apporter à ceux qui préféreraient une presse muselée, sous contrôle, est déontologique.
En effet, la liberté de la presse n’implique pas de dire n’importe quoi n’importe comment, d’ouvrir à tout et à tous ; elle ne peut au contraire s’exprimer efficacement que par un jeu d’autorégulation qui engage l’éditeur. Ce n’est que si celui-ci est conscient de sa responsabilité tant envers son “public” qu’envers l’objet de ses articles que les objectifs d’information et de participation seront atteints. La liberté de la presse ne peut s’exercer qu’en contrepartie d’une conscience de la presse de son pouvoir et de ses devoirs.
Parallèlement, la nature ayant horreur du vide, ce n’est que s’il est considéré comme un rouage de la mécanique et alimenté en tant que tel, que le journaliste pourra analyser et restituer de manière responsable.
Ainsi, la liberté de la presse n’est tangible qu’à travers un cercle qui imbrique à la fois la société civile, les institutions, gouvernants et un réseau “providers” d’informations.
Concrètement, en circonscrivant au cas strict d’SXMInfo, le principe de tribune libre qui nous anime conjugué à l’anonymat que permet l’outil nous amène à recevoir de nombreuses informations et divers documents pour lesquels la question de l’opportunité ou la légitimité de diffusion se pose. Si la source ne peut être vérifiée, si les parties concernées ne veulent ou ne peuvent répondre aux demandes de précision, l’information ne peut être correctement retransmise et la liberté garantie dans les textes ne peut se vérifier dans les faits.
Et cela s’applique même dans les faits les plus anodins. Nous avons ici un exemple récent en tête : ne pas parvenir à obtenir une photographie de l’installation des conseils de quartiers, pourtant prise par les services compétents, ne nous permet pas d’illustrer notre article afférent comme nous l’aurions souhaité, et ne vous autorise pas à avoir accès à une information exhaustive et utile dans la mesure où si certains noms ne vous sont pas nécessairement familiers, pouvoir identifier visuellement vos interlocuteurs dans votre quartier aurait pu vous être utile.
Lorsqu’un des maillons de la chaîne fait défaut, lorsque la liberté de la presse est entravée, c’est l’information elle-même qui est pénalisée.
Dans ce contexte insulaire où tout le monde se connaît (ou connait quelqu’un qui connaît…) et où nos activités professionnelles et privées s’entremêlent souvent, la “sacro-sainte” liberté de la presse trouve des limites, pour des raisons humaines, commerciales ou politiques. Cette réalité est, de plus exacerbée, par l’instabilité que nous connaissons depuis plusieurs années ; et c’est bien la raison pour laquelle, à la différence des journaux nationaux, aucun média local ne revendique d’appartenance ou d’affinité politique même s’il serait pratique de nous affilier. C’est aussi pour cela que toutes les “affaires” sont traitées avec des pincettes, d’autant plus que, osons le dire puisque nous avons encore tous en mémoire les propos d’une conseillère territoriale de la première mandature, l’actualité locale est traitée et maîtrisée uniquement par des “non-natifs” de Saint-Martin.
Ici, nous souhaitons oeuvrer pour que ces barrières s’abaissent et que les considérations de “nationalité”, d’origine ne soient plus un frein, de part et d’autre, à l’implication et à la construction collective. Comment y parvenir ? En plaçant la liberté de la presse comme la pièce maîtresse du débat, au-delà de tout communautarisme, castime ou autre considération politique ou économique.
Posons le postulat qu’une presse libre, encadrée par les garde-fous juridiques, est garante d’une information complète et vérifiée et qu’elle participe ainsi à une élévation de conscience individuelle et collective. Et sur cette fondation bâtissons une société éclairée, lucide et responsable, qui, elle-même se sait bordée par une presse qui veille avec bienveillance…
Pas satisfait de cette vision, une autre est disponible ICIAMP.