Acte II : et pourquoi pas à Saint-Martin ?
Le premier écueil me direz-vous au développement d’un projet d’envergure, luxueux et éco-friendly à Saint-Martin est pécuniaire. A ce propos, en ce qui concerne le projet monégasque, l’investissement sera assumé par le constructeur retenu qui disposera en contrepartie de droits à batir, maîtrisé par le gouvernement, sur la surface créée. Donc là n’est pas le réel problème. D’ailleurs, en la matière, ailleurs, des quais sont intégralement financés par les armateurs ou exploitants de véritables cités flottantes all-inclusive au simple motif de poser une destination supplémentaire sur la feuille de route.
En fait, la limitante pour Saint-Martin trouve des origines multiples et nous n’avons pas la prétention d’être exhaustifs : l’incapacité de gérer l’historique, de lisser les conflits humains au profit du territoire, de maîtriser les flux migratoires, de valoriser l’existant, de respecter certaines règles que nous avons pourtant le pouvoir de réécrire… Nous ne parvenons pas à développer des espaces terrestres pourtant disponibles et à fort potentiel (La Belle Créole, Happy Bay…) pour des raisons extrêmement diverses et quand nous voyons émerger des projets intéressants, le droit (encore lui) les rattrape pour en imposer la fermeture ou les mettre à mal… (Tiens, mais j’y pense…Qu’est devenu le projet d’Institut Caribéen des Arts Culinaires ?)
De plus, le projet monégasque se fait en phase parfaite avec son contexte social. Une extension maritime du territoire développée sur des principes associant luxe et éco-reponsabilité se fondra parfaitement dans le tableau de ce territoire particulier.
Quelle légitimité avons-nous localement à espérer voir se développer des projets haut de gamme pendant que le citoyen a la liberté de déposer allègrement ses ordures à tout-va, qu’il crache sur la chaussée en ouvrant sa portière, qu’il se balade en sous-vêtement sur la voie publique ou que les bars clandestins ayant pignon sur rue vomissent leurs habitués ivres sur les trottoirs à la tombée du jour ?
L’émergence d’un “beau” projet localement fait systématiquement résonner la légitime nécessité pour celui-ci de résorber une part de ce chomage endémique qui nous ronge. Si nos souvenirs sont bons, le projet local a été décrié notamment en ce qu’il deviendrait un nouveau ghetto de développement dont la population locale serait exclue et une vitrine amère face à des quartiers socialement plus modestes comme Sandy Ground.
Pourquoi exclue ? Parce que le niveau de formation de la population inactive totale, et non pas simplement des demandeurs d’emploi, est plafonnée par nos capacités d’instruction locales, parce que pour avoir accès à l’enseignement supérieur, il faut avoir les moyens de s’expatrier et avoir suffisamment réussi les deux cycles précédents… bref, les emplois induits et accessibles ne seraient pas forcément très valorisants.
Ce qui nous renvoie encore et invariablement à l’hétérogénéité des publics qu’accueille l’éducation nationale ou le secteur de l’enseignement privé dont le développement trouve aussi sa source dans les manquements ou l’inadaptation du service public. Attention, ne nous méprenons pas, ce post ne cherche absolument pas à responsabiliser un personnel enseignant qui bien souvent subit cette hétérogénéité sans formation adaptée.
Par contre, il nous invite à l’Acte III : le poids de l’instruction dans le développement de notre territoire