Alassane Ouattara a adressé hier jeudi 30 décembre ses vœux aux ivoiriens. Dans un message très solennel, il a déclaré que si l’année 2010 s’achève dans la tristesse et la désolation par la faute de Laurent Gbagbo, l’année 2011 marquera une rupture avec les dix années de souffrance, de pauvreté, de mort et d’assassinats.
« C’est une année difficile mais je pense que nous sommes vers la sortie, nous le pensons et nous y croyons ». Interrogé sur le fait de savoir si cette sortie se ferait de manière diplomatique, Alassane Ouattara a répondu : « C’est ce que nous souhaitons tous pour la Côte d’Ivoire, et nous souhaitons que ceci se fasse dans les plus brefs délais.»
Course de vitesse
Alassane Ouattara demande de la patience à ses compatriotes mais le président reconnu par la communauté internationale est dans les faits engagé dans une course de vitesse contre son rival du palais. En adressant ses vœux le 30 et non le 31 décembre, il a clairement voulu doubler Laurent Gbagbo dans la partie des allocutions respectives. Moins anecdotique, Alassane Ouattara craint surtout que la mission diplomatique de la Cédéao se transforme en médiation.
« Les chefs d’Etats de la Cédéao ont pris des décisions, nous respectons ces décisions, mais il faut aller vite, il faut tirer les leçons de tout ce qui s’est passé, il est temps d’agir et de sortir de cette situation, les Ivoiriens le demandent, la souffrance est grande, trop de personnes ont été tuées, il faut mettre fin à ces assassinats. »
Dans le camp de Laurent Gbagbo, si on affirme ne pas craindre une éventuelle opération armée de la Cédéao, on se félicite tout de même de voir l’unanimité ouest africaine se fissurer peu à peu. Le Cap Vert milite pour qu’une intervention militaire soit évitée à tout prix, alors que le Ghana a déclaré qu’il n’enverra pas de troupes en Côte d’Ivoire.
Ouvrir des brèches dans le concert des nations
Laurent Gbagbo est-il en train de desserrer l’étau de la communauté internationale ? Depuis la visite mardi des trois émissaires de la Cédéao, dans son entourage le moral est remonté. On considère ainsi que le plus important était d’engager des discussions, d’ouvrir des brèches dans le concert des nations pour différer, voire annuler la mise en place d’une force ouest africaine.
Les avocats français Jacques Vergès et Roland Dumas, ancien président du Conseil constitutionnel et ex-ministre des Affaires étrangères de François Mitterrand, se sont rendus à Abidjan ce jeudi 30 décembre pour s'entretenir avec leur client Laurent Gbagbo. « Qu'est-ce qui autorise le gouvernement français à intervenir dans une querelle électorale en Côte d'Ivoire ? Le temps de la colonisation et des juges de paix à compétence étendue est terminé », a déclaré Me Vergès à son arrivée.
« Tout le monde n'est pas d'accord dans la communauté internationale. Elle se résume à quelques personnalités qui décrochent le téléphone et qui se mêlent de tout et dont on va examiner le cas », a déclaré Roland Dumas.
Sous l’influence de l’Angola
D’après plusieurs sources, c’est le président cap verdien qui, pour l’heure, se montre le meilleur avocat du palais, en martelant que toutes les solutions sont préférables à une intervention militaire. Chez certains proches d’Alassane Ouattara, on considère même que Pedro Pirès a beau être en mission pour le compte de la Cédéao, il travaille en fait sous l’influence de l’Angola, allié de longue date de Laurent Gbagbo. … suite de l'article sur RFI