RACISME DANS LES FORCES DE POLICE : COMME CHEZ NOUS
[sws_blockquote align=”” alignment=”alignleft” cite=”Blaise Pascal” quotestyles=”style01″]La justice sans la force est impuissante, La force sans la justice est tyrannique. [/sws_blockquote] Le buzz de mardi dernier portait sur l’arrestation musclée de quatre personnes par deux policiers, à Joué-lès-Tours (Indre-et-Loire). Coups de matraque, utilisation de bombe lacrymogène directement vers le visage d’une femme…, la vidéo avait déjà de quoi scandaliser, mais le syndicat d’officiers de la police nationale avait immédiatement temporisé en arguant qu’il fallait rester prudent «quand on ne connaît pas le contexte».
La nouvelle bande de Mediapart, qui montre les quelques minutes précédant la première vidéo, nuance toutefois cette version des faits. “Il semble en effet que ce soit le conducteur qui ait d’abord mordu le policier, et non la femme ensuite matraquée”, précise le site Internet. Les deux femmes, sujets de l’interpellation brutale, vont d’ailleurs porter plainte pour “violence aggravée avec arme contre l’un des deux policiers impliqués”.
«La police doit être irréprochable» a rapidement martelé Manuel Valls, ministre de l’Intérieur, et d’ajouter : “Il n’y a pas de place dans la police pour de la violence ou pour des propos qui n’auraient rien à voir avec l’idée que l’on se fait d’une police républicaine”.
Fort de cette fière déclaration, il devrait alors urgemment tourner son regard sur l’île de Saint-Martin.
Comment qualifier, en effet, l’attitude de l’adjudant-chef Galand ?
Lors d’une simple audition qui ne visait à la finale qu’à porter atteinte à ma dignité, un témoin antillais a été rudoyé et agressé verbalement : “Guichard il vous a exploité, et si demain, avec le dossier que j’ai là, Guichard il perd. Tu vas faire quoi, mon pauvre garçon? Tu vas aller te retourner contre qui pour réclamer tout l’argent que t’as pas eu ?”.
Il a été continuellement tutoyé, contrairement à l’article 12 du nouveau code de déontologie pour les policiers et les gendarmes, qui rappelle à bon escient que “policiers et gendarmes sont placés au service de la population. Leur relation avec celle-ci est empreinte de courtoisie et exclut l’usage du tutoiement. Ils se comportent en toute circonstance de manière exemplaire et dans le respect de la dignité des personnes. Ils doivent inspirer respect et considération”.
Mais surtout, il s’est entendu dire par le commandant de la gendarmerie de Quartier d’Orléans ce genre de propos : “… Où je dis vous êtes pas honnête, c’est que vous le dites pas… dites pas. Pourquoi ? Parce que tu es haïtien, je dis ce que je pense, je dis que tu ne dis pas parce que tu es Haïtien.”.
A un autre témoin, Français d’origine malgache : “ …. Parce que là-bas <en Métropole>, c’est autre chose. Ici, ils sont noirs, là-bas ils sont gris, hein. Alors, sans être vulgaire, ils sont pires qu’ici, hein. Ici, on sait leur taux de criminalité. On sait à quel point ils sont fous, parce qu’ils sont pénibles. Pour eux donner un coup de couteau ou mettre (inaudible) sur la tête à quelqu’un, c’est comme…. c’est comme à (inaudible) lécher une sucette ou un bonbon .”
Les Antillais apprécieront : menteurs, fous, violents, sanguinaires…, ce jugement est une insulte à la population de Saint-Martin. Il s’agit non seulement d’une insulte à l’uniforme des gendarmes, mais aussi d’un véritable témoignage de racisme social, passible d’un an de prison et de 45000 euros d’amende.
Sur l’île de la Réunion, naguère, un tract raciste comparant les jeunes Maghrébins à des “animaux” dont “la prolifération est dangereuse” avait figuré en mai 2011 sur un tableau de service d’une gendarmerie. Le préfet de l’île avait alors suspendu deux gendarmes et “condamné avec la plus grande fermeté toute expression et comportement racistes, inacceptables, particulièrement quand ils sont le fait d’agents de l’Etat.” Poursuivis pour incitation à la discrimination, ces deux gendarmes viennent d’être condamnés mardi dernier par le tribunal correctionnel de Saint-Denis.
Devant la gravité des faits à caractère raciste et xénophobe de l’adjudant-chef Galland, constatée par huissier de justice, les autorités seraient alors bien inspirées de mener une enquête sérieuse sur le comportement de ce gendarme, et de prendre des sanctions adaptées.
Christian Guichard