La réunion plénière du Conseil de Quartier N°3, Terre d’Espoir, s’est tenue du 22 août dernier. Parmi les points à l’ordre du jour figurait la ou les problématiques liées à l’étang Guichard. En présence de Madame Béatrice Galdi, Chargée de Mission au Conservatoire de l’Espace Littoral et des Rivages Lacustres et de Monsieur Nicolas Maslach, Conservateur de la Réserve Naturelle Nationale de Saint-Martin, Alexis Stanford, représentant du Conseil, a pu alerté ces deux personnes référentes de l’état critique de l’étang ainsi que de son sombre devenir.
La problématique de l’étang Guichard : pollution, atterrissement, remblais et avenir dans le cadre du projet routier
En effet, le Conseil de Quartier, face à ce que devient l’étang Guichard, se trouve passablement démuni et souhaite donc que le Conservatoire, propriétaire de l’espace et que la Réserve, gestionnaire de l’étang, soient alertés des dérives. D’autre part, le Conseil de Quartier souhaite connaitre la position des deux organismes quant au devenir de cet espace sensible.
“Quel impact pour l’étang Guichard dans le cadre des projets de contournements routiers ?”
Le conseil de quartier défend de longue date (2009) un projet de circuit de randonnée autour de l’étang qu’il serait bon d’intégrer au projet de développement routier présenté par la Collectivité en juin 2012. La problématique en la matière au-delà du financement, reste la maîtrise foncière de l’espace nécessaire. Lors de la présentation du projet qui pourrait longer l’étang sur sa rive Nord, il avait été évoqué la possible nécessité pour la Collectivité de devoir négocier avec le Conservatoire pour pouvoir disposer de l’espace suffisant pour le passage de cette nouvelle voie. Dès lors, il semblait judicieux au Conseil de quartier d’inviter la Collectivité à intégrer dans cette négociation le fait de pouvoir disposer d’une bande supplémentaire pour y développer un chemin de randonnée et de découverte.
Le Conservateur se montrait tout d’abord ravi de l’invitation puis passablement surpris de ce qui lui était présenté puisque la Réserve et le Conservatoire n’ont pas été informés de ce projet de développement routier. Toutefois, si l’emprise de la route projetée n’empiète pas sur l’espace propriété du Conservatoire, il n’est pas d’obligation de la Collectivité de solliciter la Réserve.
Si l’étang devait être affecté, la RN serait sollicitée et donnerait son avis d’un point de vue technique, paysager, loi sur l’eau etc… Enfin, des possibilités de mesures compensatoires pourraient être envisagées si la nécessité d’empiéter sur les propriétés du Conservatoire était avérée mais uniquement sur des rives dégradées et sur des étangs plutot cernés par de l’urbanisation.
Autour du projet de sentier, Nicolas Maslach se dit naturellement plus que favorable tout en pointant encore une fois du doigt le fait que le Conservatoire n’est pas propriétaire des berges. Ce projet impose un recensement des propriétaires périphériques et leur approbation.
Le Conservateur, en fonction de l’avancement du projet, propose une assistance en terme de conseil et d’ingénierie dans un premier temps. Lorsque la question du financement se posera, la RN et le Conservatoire seront présents tout en souhaitant que le panel des intervenants soit toutefois aussi large que possible pour garantir la faisabilité du projet.
Quelles solutions face à l’espace central de l’étang qui est soumis à des remblais sauvages?
Le constat du représentant du quartier est sans appel : “il n’y a pas de volonté politique de faire respecter la loi sur l’étang Guichard. L’étang qui fait partie de notre patrimoine est aujourd’hui pollué et sert de collecteur aux eaux usées et aux rejets des stations d’épuration.”
Madame Béatrice Galdi, en tant que représentante du propriétaire de l’étang et à la vue de l’espace comblé de main d’homme, a garanti au Conseil que la politique en la matière allait être plus ferme dorénavant, citant en exemple l’action menée sur l’îlet Pinel cet été au titre de la police de l’environnement. Elle rappelait de plus que depuis 2007, les espaces autrefois propriétés de l’état et intégrant le Domaine Public Maritime ont été rétrocédés à la Collectivité et au Conservatoire du littoral pour les espaces écologiquement sensibles. Enfin, les moyens du Conservatoire lui impose de prioriser ses actions et parmi les paramètres influant sur ces choix, le consensus de la population est une clef majeure avant toute action lourde.
Nicolas Maslach précisait qu’en la matière la RN pouvait être sollicitée par le Conseil pour accompagner la démarche vis à vis des zones de remblais (occupation illégale et problématiques écologiques).
Que faire pour que l’étang Guichard retrouve une naturalité suffisante pour qu’il assume ses fonctions d’écloserie et que poissons et crevettes puissent redevenir comestibles ?
Au sujet de la problématique d’atterrissement constatée et de pollutions récurrentes, le représentant du Conseil rappelait que la population Saint-Martinoise vit depuis toujours tournée vers la mer et les étangs, que ceux-ci produisaient autrefois des denrées en abondance et servaient de pépinière aux poissons côtiers, garantissant ainsi une pêche suffisante et variée.
Le Conservateur est clair à dire que les stations d’épuration privées intégrées à certains lotissements “ne sont pas gérées” et leurs débordements occasionnent de fréquentes pollutions.
Concernant les stations publiques, certaines ne présentent plus un nombre d’équivalent habitant suffisant pour répondre aux besoins de lotissements en développement constant même si le schéma d’assainissement proposé par l’établissement des eaux permettra à terme de résorber ce problème historique.
Le Conservateur invite les riverains à se rapprocher des services de gendarmerie et à y déposer des mains courantes chaque fois qu’une pollution est constatée.
Par rapport au problème d’atterrissement de l’étang, la RN comme le CELRL seraient plus enclin à développer des îlots formés par les produits de draguages de façon à fournir aux oiseaux des espaces secs tout en développement des zones de profondeur accrues sur certaines portions de l’étang. L’avantage de ce système est aussi économique puisque la loi impose normalement le traitement des boues de curages.
Béatrice Galdi rappelait que le phénomène d’atterrissement est consécutif à un cumul de facteurs naturels et humains et que l’atterrissement périphérique est aussi propice à l’implantation de palétuviers qui eux sont à même de freiner l’apport en alluvions des eaux de ruissellement.
En conclusion, les membres du Conseil de Quartier rencontreront sur le terrain le Conservateur et la chargée de mission dans le courant de la semaine à venir pour qu’un état des lieux des sources de pollutions soit effectué et que l’ampleur du remblais illégal soit jaugée.
Le secrétaire de séance.