Quelle image sombre de Saint-Martin !
L’occasion pour ces deux hommes forts du RRR de brosser un tableau vraiment peu réjouissant de la situation insulaire qui est la notre : territoire plus criminogène que ne le sont la Guadeloupe ou Marseille, montée en puissance des gangs, surpopulation dans les établissements scolaires, jeunesse en déshérence, manquement de l’Etat dans la qualité du rattrapage infrastructurel pourtant inscrit dans la loi organique, situation socio-économique explosive…
Bref une image de Saint-Martin qui contribuera peut être à obtenir de l’état un peu plus de moyens pour réussir une évolution statutaire qui n’en finit pas de vivre sa phase transitionnelle mais qui ne rendra certainement pas service à ceux qui œuvrent à vendre la destination à grand coup de salons ou à d’autres qui espèrent encore voir des investisseurs poser leurs valises à Saint-Martin.
Invitons donc le Ministre de l’Intérieur…
En conclusion, Alain Richardson et René-Jean Duret requièrent du Ministre qu’il ose un crochet par Saint-Martin lors de son prochain voyage aux Antilles, attente légitime s’il en est pour peu que l’on ne borne pas le showcase qui sera proposé au Ministre à la rutilante médiathèque ou aux sites qui accueilleront dans un hypothétique futur les magnifiques infrastructures qui jouent l’arlésienne. Plus que de visites ministérielles stériles, on se souvient bien de la dernière, c’est de décrets, de lois et d’engagements législatifs dont Saint-Martin a besoin pour pouvoir rayonner au nom de la France sur un espace géographique stratégiquement intéressant lorsque l’on veut bien considérer que 40 000 habitants dont 17 000 électeurs en valent aussi la peine.
Enfin, si le Ministre des Outremer, la Ministre de la justice, le Préfet de Saint-Barthélemy et de Saint-Martin, le Député de Saint-Barthélemy et de Saint-Martin, Sénateur de Saint-Martin et la Présidente de la Collectivité sont en copie de ce courrier, il est pourtant incontournable que les solutions ne pourront émerger d’une bonne volonté strictement française et qu’en matière de sécurité, d’économie, d’infrastructures et autre… la coopération transfrontalière doit plus que jamais devenir un des piliers de l’élévation de l’ensemble de l’île de Saint-Martin.
Belle formule, malheureusement sclérosée par les non-dits, certaines habitudes historiques et les tabous à commencer par celui de la manne des minimas sociaux français allègrement dépensés à Sint Maarten, au double statut d’allocataire côté français et de salarié côté Dutch sans lesquels Sint Maarten ne pourrait connaitre son essor et maintenir ses propres minimas à des niveaux étonnamment bas.
La Police et la Justice nous déstabilisent…
Autour de l’action policière et de la justice que vit Saint-Martin depuis quelques temps, et sans nier que les forces de l’ordre et la justice n’échappent pas aux erreurs, la formule “retour à un état de droit” a pourtant été utilisée par tous les élus ou les candidats. Là encore, prôner un retour à une certaine normalisation, lorsque l’on sait que Saint-Martin par son isolement et sa vision spécifique du concept de “frontière” a laissé de superbes espaces à l’expression du non droit, à l’enrichissement et aux dérives, est une belle formule mais qui vient, lorsque mise en application, titiller quelques habitudes. Les dérives policières si elles sont avérées ne sont-elles pas le reflet d’un engagement peut être un peu trop vif des acteurs concernés pour traiter un sujet soumis par les élus eux-mêmes cumulé à des impossibilités locales de mettre en pratique des textes nationaux ?
Le RRR, des élus soudés ?
Pour terminer, comment ne pas s’interroger sur les raisons d’un tel portage, de ce duo circonscrit au Parti RRR alors que celui-ci est au pouvoir ? Un courrier signé de l’ensemble des élus du groupe, sa Présidente et nos deux parlementaires en tête aurait permis de ne pas se poser la question suivante dans un contexte où beaucoup de rumeurs circulent déjà : le RRR est-il encore le groupe soudé qu’il nous a toujours affiché ?
Les sénatoriales approchent, sauf surprise certains retrouveront leur éligibilité et comme chaque fois qu’un fauteuil se libère (et c’est quand même l’une de nos spécificités que de les libérer à d’improbables moments et avec une étonnante fréquence), le bel égregore des élus de la majorité risque que de connaître quelques turpitudes.
Soumis à votre propre analyse, vous trouverez ci-après la missive en question :