La population était jeudi 19 septembre invitée par l’association du BTP à venir entendre leurs doléances et leur témoignage quant à l’avenir économique de Saint-Martin et aux portes qu’ils estiment voir se fermer faute de compétences locales mais aussi par le jeu sans pitié de politiques qui privilégient leur territoire plutôt que l’intérêt global.
L’objet, sans doute mal compris par un public assez nombreux mais essentiellement venu savoir “comment en découdre”, n’était pas de dresser la liste des actions prévues pour la semaine prochaine, liste qui n’existe d’ailleurs pas, mais de sonder le public pour jauger de l’opportunité de mener ces actions. Car on ne décide pas de mener une action “dans la rue” sans avoir le quitus de la plus grande part.
Quoiqu’il en soit, ce fût pour le BTP l’occasion de revenir sur la longue liste des solutions non exploitées et des manquements avérés :
• Pas de plan corail pour Saint-Martin : il aura fallu les troubles sociaux majeurs en Guadeloupe et en Martinique pour que les entrepreneurs obtiennent une relative souplesse vis à vis des charges sociales : pas de problèmes, il y aura mouvement social à Saint-Martin.
• Pas de programme opérationnel spécifique à Saint-Martin : qu’à cela ne tienne, la population Saint-Martinoise ne permettra pas à l’incompétence locale en la matière épaulée par une volonté ministérielle de dévier le fléchage européen au détriment de ce que à quoi Saint-Martin, deuxième terrtiorie le plus pauvre de la République après Mayotte, peut et doit prétendre.
• Pas d’investissement extérieur faute de règles d’urbanisme et de fiscalité claires et adaptées. L’attentisme en la matière doit être cessé et c’est à la population de l’exiger.
• Une pression trop importante des sociétés extérieures qui soumissionnent sur de marchés dans des conditions auxquelles les entreprises locales ne peuvent prétendre. Il faut pouvoir se doter des moyens de protéger le tissu économique local.
• Un manque de moyens permanent qui empêche aussi de se doter de nouvelles compétences pourtant nécessaires au territoire. La mobilisation est nécessaire pour obtenir ces moyens et tirer le territoire vers le haut.
• Un problème de dotation toujours pas réglé et surtout complètement sous évalué.
• Des outils dont nous avons besoin et toujours positionnés en Guadeloupe.
• Un calcul de la compensation des charges liées à notre évolution statutaire proprement scandaleux
[sws_pullquote_right] Les représentants du BTP on le courage de porter le mouvement, de toute façon, ceux qui ont le pouvoir de bloquer l’île sont ceux qui disposent de gros engins. De plus, ils sont en contact avec les plus hautes autorité locales et savent mieux que personne quel avenir nous réserve Saint-Martin si rien n’est fait. Moi, je ne suis pas dans le bâtiment, mais je serai la piétaille derrière leurs engins s’il le faut. [/sws_pullquote_right] C’est au regard de ces constats et face à la faiblesse des résultats obtenus par les dernières années de concertations et de propositions que l’association du BTP a souhaité sonder hier soir l’opportunité de mouvements de rue et le soutien que ceux-ci obtiendraient de la part d’une population qui en subirait aussi les désagréments. A ce propos, un membre de l’assistance a balayé les hésitations d’autres qui craignaient de ne pouvoir aller travailler si des blocages étaient mis en place en ces termes : “Effectivement, les gens ne pourront pas aller travailler si on bloque, mais nous ne travaillons déjà pas ou pour rien !“. L’absence de réponse à ce triste constat en dit long sur l’état d’esprit des participants et sur la situation économique désastreuse de Saint-Martin.
Ainsi, c’est sur la quête d’efficacité et la nécessaire unité que le Vice-Président de l’Association du BTP, Aurélien Lewis, a bâti son discours hier. Après avoir posé les diagnostics, cherché les solutions, construit les propositions et assuré le lobbying institutionnel, l’association du BTP s’est interrogée sur les raisons du manque d’écho à leur volonté de construction et de participation.
Et c’est après avoir observé les autres territoires français ayant obtenu des résultats à leurs demandes qu’elle en est arrivée à la conclusion que le seul moyen ayant prouvé son efficacité en France tenait en des mouvements sociaux durs et placés sous le signe de l’unité populaire. En terme d’unité, nous noterons la présence d’Alain Richardson, présence qui est en phase parfaite avec son discours de janvier où il annonçait 2013 comme étant l’année des batailles et de “Belto”, preuve que l’unité des Saint-Martinois n’est pas une vaine utopie.