C’était déjà le cas en Guadeloupe, en Martinique, en Guyane, à la Réunion, à Saint-Pierre et Miquelon, à Mayotte, à Futuna, à Wallis, en Polynésie française, et en Nouvelle Calédonie d’ailleurs puisque des fédérations FN y sont déjà implantées. Dans le monde ultramarin, seules les îles du Nord semblaient avoir échappé aux tentacules frontistes … jusqu’ aujourd’hui.
Il est vrai que si les analystes expliquent volontiers la percée du FN en ce qu’il exacerbe la fibre nationaliste sur des thématiques sensibles telles que la récession, le chômage, la pauvreté, ou encore l’insécurité … ces thèmes ne semblaient pas jusqu’alors trouver chez les décisionnaires frontistes métropolitains d’écho suffisamment tangible pour porter le regard sur les îles du Nord, masquées par leur image d’Epinal. Il faut croire que tel n’est plus le cas puisque le Front National sera désormais présent de manière structurée à Saint Barthélemy également, à moins que la requête ne provienne de Gustavia.
En effet, on vient d’apprendre que la direction du parti avait nommé un chargé de mission territorial à Saint Barthélemy en la personne de Patrick Ouvrard, créant ainsi de fait la personne morale nécessaire à la prise d’initiatives et la mise en place d’actions sur le territoire.
De manière générale, les sections locales des partis nationaux sont en charge du recrutement d’adhérents, de la propagande et de la préparation des élections. Les missions de Patrick Ouvrard ne dérogent bien évidemment pas à la règle.
Mais Saint Barth (tout comme Saint-Martin) n’est pas concerné par les prochaines municipales me direz-vous … C’est un fait ; mais c’est oublier l’échéance de Mai 2014 : les élections européennes qui, si elles passeront sans doute encore inaperçues à Saint-Martin (qui n’a même pas de PO), présentent pourtant de réels enjeux et sont déjà en cours de préparation pour ceux qui en connaissent les tenants et aboutissants.
Aussi, cette installation du FN à Saint Barth, à un moment la Fédération UMP n’a plus de têtes après les démissions de son secrétaire territorial Christophe Beaupère et son président Bruno Magras, est à peine surprenante, même si les “chevaux de batailles” habituels du FN ne semblent pas, de prime abord, résonner sur “l’île aux milliardaires”. Le terreau semble bien exister d’après les 11% obtenus localement par Marine Le Pen lors des présidentielles (à titre de comparaison : 17,9% au niveau national) et les réalités économiques qui ont indubitablement rejoint nos rives ensoleillées depuis quelques années sont propices au populisme et à la démagogie … Enfin, en terme de protection du territoire, de maitrise de l’immigration et d’identité, Saint-Barthélemy pourrait bien retrouver quelques valeurs à faire vibrer en phase.