Le Préfet Chopin est clair dans ces propos : cette campagne est une conséquence et une réponse directe à la “Tragédie du FishDay” appuyée par une demande du Gouvernement à l’échelle nationale de lutte contre les cambriolages et les Vols A Main Armée. Pour les lecteurs qui ne seraient pas au fait des évènements du Fish Day”, un article du mois de mai vous éclairera : “Fish Day : Le Point strictement judiciaire… ou presque”.
En marge, c’est aussi une réponse qui colle avec un calendrier au combien surveillé depuis notre territoire : la visite officielle du Ministre de l’Intérieur Emmanuel Valls, qui nous arrivera à Grand-Case vendredi en fin de journée pour re-décoller samedi de Juliana.
Une initiative forte a d’ailleurs été prise par celui-ci le 25 septembre dernier alors que la métropole vit une augmentation sensible des deux fléaux et que les dérives à Marseille et environs sont tellement médiatisées que le sentiment d’insécurité s’immisce dans la vie de chaque français moyen. Il fallait donc au Ministère réagir car chacun le sait, c’est surtout par cette sournoise sensation que le Front National trouve un terreau fertile alors que les élections municipales approchent.
L’article consacré à cette intervention du Ministre est disponible iciAMP. En substance, il comprend quatre grands points phares :
• Redéfinir une stratégie de police judiciaire ciblant prioritairement les délinquants d’habitude et les filières structurées
• Le deuxième grand volet du plan concerne l’occupation renforcée de la voie publique.
• Un troisième volet du plan concerne la protection des commerçants face aux risques de vol à main armée et de cambriolage
• Enfin, et il s’agit d’un quatrième volet, il faut également que les partenaires des forces de sécurité soient mobilisés
A Saint-Martin, l’insécurité, on connait !
Quoiqu’il en soit, à Saint-Martin, le sentiment d’insécurité, on connait. Le Commandant Bétaille n’hésitera pas à dire qu’en matière de lutte contre les cambriolages et les VAMA le territoire de Saint-Martin n’a pas attendu le 25 septembre 2013 et la prise de conscience nationale pour en faire une priorité absolue, tant notre collectivité souffre de ces maux depuis longtemps et dans des proportions assez dramatiques… nous serions en quelque sorte en avance sur notre temps !
Une récente édition de l’émission Sept à Huit présentée par Harry Roselmack mettait en lumière la violence quotidienne vécue dans certains quartiers guadeloupéens, à se demander si le journaliste vedette n’aurait pas du faire un petit crochet par Saint-Martin où nos statistiques sont encore plus mauvaises.
Il faut dire que les quelques chiffres fournis par le Commandant sont assez parlants au 07/10 sachant que ceux-ci ont malheureusement évolué depuis :
– 6 homicides depuis le 01/01 dont 4 commis par arme à feu
– 11 tentatives d’homicide depuis le 01/01 dont 8 perpétrées avec arme à feu
Cette campagne de retrait des armes concerne donc tous ceux qui détiennent des armes à feu de façon illicite et est menée en toute impunité, sans poursuite, en accord avec le Vice Procureur Flavien Noailles. En Guadeloupe, territoire qui vit aussi des statistiques déplorables en terme de sécurité, la même opération avait permis de récolter 89 armes de tous types.
Selon les autorités, il semblerait que localement, bon nombre de détenteurs ne sachent même pas qu’ils sont en infraction. Techniquement, il suffit au détenteur de se présenter en gendarmerie (Quartier d’Orléans et Marigot) muni d’une pièce d’identité et de remettre l’objet du délit en ayant préalablement rempli un Cerfa dédié. L’arme sera ensuite détruite par les services de l’état.
La gendarmerie en profitera pour informer les personnes détentrices des conditions de régularisation éventuelles et de la législation en vigueur concernant les armes à feu, celle-ci ayant récemment changé pour plus de simplicité. De façon très résumée, la détention illicite d’arme à feu peut valoir jusqu’à 5 ans de prison et 75000€ d’amende.
Selon le Vice Procureur Flavien Noailles, “ce ne sont pas les Saint-Martinois qui sont dangereux, ce sont les armes.” Ce geste est donc une main tendue, une mesure symbolique pour permettre à ce territoire de connaître l’apaisement. Le Préfet Philippe Chopin bien en prise avec une certaine tendance locale à l’américanisation ajoutera que “Notre territoire n’est pas celui des USA et la législation n’y est pas la même”. Néanmoins l’opération de retrait volontaire des armes à feu n’est pas bipartite, au regret du Préfet Chopin qui concèdera que “c’est un réflexe qu’il nous faut acquérir.”
Un point reste toutefois délicat puisque si l’on peut espérer un peu de bonne volonté dans ce retrait volontaire des armes à feu, rien n’est fait quand au marché illégal que constitue le commerce des armes à feu sur le territoire de Saint-Martin. Encore une fois, la perméabilité de la frontière et une réglementation à Sint Maarten différente laissent de belles opportunités à ce commerce parallèle. En la matière, on ne peut le nier, énormément de foyers disposent d’une arme à feu en réponse à un sentiment d’insécurité fort, aux cambriolages apparaissant par vague et aux diverses agressions parfois terriblement violentes qui ponctuent la vie du lambda.
Le Commandant Bétaille affirme que la gendarmerie n’a pas connaissance d’une filière organisée liée au trafic d’armes même si 34 procédures ont été engagées depuis début 2011 pour détention illégale et Flavien Noailles estime pour sa part qu’à Saint-Martin, il existe des millions de façons d’introduire des armes. La réponse des autorités reste donc ciblée sur le transport éventuel de ces armes et trouve sa matérialisation dans les contrôles routiers nombreux.
L’opération “déposez les armes” sera menée jusqu’au 17 novembre 2013, ensuite, les contrevenants ne jouiront plus de cette fenêtre d’impunité.
• Redéfinir une stratégie de police judiciaire ciblant prioritairement les délinquants d’habitude et les filières structurées
Sur le sujet des vols à main armée et des cambriolages, les autorités s’accordent pour dire que Saint-Martin détient encore un triste record même si les chiffres peuvent être considérés en baisse relative depuis 5 ans. Les vols à main armée constituent donc la priorité N°1 des forces de l’ordre et la brigade de recherche a été renforcée de 5 personnes depuis 2011. Les résultats sont probants puisque les “équipes” sont régulièrement démantelées et assez durablement. Le souci est la capacité que connait le terrtioire de Saint-Martin à voir se reformer de nouvelles équipes de braqueurs/cambrioleurs.
La commandant Bétaille indique qu’il n’y a jamais eu autant d’interpellations que depuis fin 2012 et que cela est aussi lié aux très nombreux agents de renseignements présents sur l’île et au recours systématique ou presque aux services de la police scientifique.
• Le deuxième grand volet du plan concerne l’occupation renforcée de la voie publique.
Les gendarmes “tiennent le terrain” correctement grâce à des effectifs suffisants. L’opération tranquillité vacances permet par exemple de multiplier les rondes dans les secteurs où les logements sont laissés vides.
Sur un autre plan, chaque fois qu’une nouvelle équipe émerge, la gendarmerie multiplie les actions dans le quartier ciblé par celle-ci.
• Un troisième volet du plan concerne la protection des commerçants face aux risques de vol à main armée et de cambriolage
Encore une fois, les chiffres liés au cambriolage connaissent un baisse certaine depuis 5 ans :
– 379 en 2010
– 273 en 2011
– 200 en 2012
– 188 pour le moment en 2013.
28% de ces cambriolages trouvent pour cible les commerçants. En ce sens, la gendarmerie multiplie les réunions de formation à leur destination pour que les éléments de sécurité les plus basiques soient respectés dans les établissements comme dans les comportements.
La gendarmerie a désigné un référent sécurité en la matière qui est à la disposition des commerçants pour distiller conseils et avis et diffuse une petite plaquette :