Le forum de l’emploi se déroulait hier, jeudi 10 octobre, à la Maison des entreprises de Concordia. L’objectif affiché par les organisateurs (Préfecture, COM, CCISM, Pôle Emploi, Initiatives Saint-Martin) était de centraliser l’information, l’offre et la méthode à destination des trop nombreux demandeurs d’emploi de Saint-Martin.
Ainsi, étaient présents des agences d’intérim, les services de l’Etat, l’armée de terre, le pôle Développement économique de la COM, le GRETA, le CFA, la plateforme Initiatives Saint-Martin, LADOM (agence pour la mobilité), Pôle Emploi et quelques rares employeurs. A côté de ces stands d’accueil étaient également organisées des séances de job dating ainsi que des ateliers-conférences.
Au-delà de ces constats que l’on connaissait déjà avant cette manifestation, que penser de ce forum ?
Il convient avant tout de féliciter l’initiative. Sur un territoire où l’on déplore souvent l’attentisme et le manque de solutions, les pouvoirs publics ont su mettre en oeuvre ici leurs discours, ceux qui placent la jeunesse et l’emploi comme priorités des politiques publiques.
Par contre, au regard des limites ci-dessus énoncées, il apparaît encore plus évident que d’autres axes devraient être travaillés, tels que des incitations ou des accompagnements efficaces à l’expatriation par exemple. En effet, l’inadéquation entre l’offre, même mince, et la demande tend à démontrer que la main d’oeuvre disponible localement n’est pas en phase avec les besoins professionnels, alors que le nécessaire recours extérieur à des emplois saisonniers, ou moins, est bien réel. Tout comme l’exiguïté du marché saint-martinois est une réalité pour tous les secteurs d’activité. Aussi, et même s’il n’est pas politiquement correct de l’affirmer, il reste incontestable que les travailleurs saint-martinois vont devoir encore porter leur regard et leurs ambitions vers de nouveaux territoires. Et s’ils pouvaient revenir avec une expertise et des compétences adaptées, ce serait un réel plus à bien des niveaux (emploi, immigration, surpopulation, prestations sociales…).
En parallèle, il apparaît également évident que le tissu socio-professionnel de Saint-Martin peine à proposer de nouvelles voies de développement et paie le prix de son manque de créativité et d’ouverture, de son ancrage dans un système archaïque qui trouve ses limites dans la mise en oeuvre même de l’autonomie conquise. Quid des ‘nouvelles’ alternatives dans le domaines des technologies, de l’environnement, de l’habitat, du tourisme … ? Il y a-t-il une stratégie d’intelligence économique au moins en cours d’ébauche dans les cercles fermés du pouvoir ?
A quand une réelle planification du devenir du territoire, au travers du PLU notamment ?
Imaginons … en s’appuyant sur la volonté du quartier n°3 (Friar’s Bay, Colombier, Pic Paradis, Saint Louis) que de voir projeté son avenir vers l’écotourisme… Si dans le cadre de la redéfinition du PLU, il était posé un ou plusieurs secteurs sur l’île à urbaniser en vertical, des espaces dédiés aux métiers de la mer, un corridor vert protégé et valorisé, combien d’emplois pourraient être créés dans le secteur de la mer, de l’environnement et même du BTP, nonobstant la nouvelle corde éco-touristique à ajouter à l’arc de promotion de l’Office de Tourisme local ?
Enfin… nous ne sommes pas en période électorale, et c’est sans doute jeter un pavé dans la mare que de prétendre énoncer ici des pistes de réflexion à un moment où l’étau se resserre, imposant à chacun de se sécuriser dans son périmètre, à ne surtout pas se mobilisé et où à l’approche de la visite du premier “flic” de France, les priorités publiques sont ailleurs…