Nous l’avons appris par voie de communiqué que vous pourrez retrouver iciAMP, une association de défense des droits des saint-martinois de naissance a été créée sous l’impulsion de deux autres associations actives ven la matière : la St. Martin Nation Building Foundation (SNBF) présidée par Leopold James et L’Esprit de Concordia. Œuvrant côte à côte, ils ont donc unifié les deux mouvements et donné naissance au Mouvement “the St. Martin Nation Building and Unification Grassroots People”.
NDLR : nous ne traduisons volontairement pas les noms de ces associations par respect pour leur volonté puriste de l’anglais maternel …
Alors, nous devons admettre qu’à la première lecture de ce communiqué, nous n’avons pu retenir une première réaction d’incompréhension, nous qui sommes plutôt naturellement friands de mixité et d’intégration. Mais comme nous prônons également l’ouverture, y compris d’esprit, nous avons souhaité approfondir un peu le sujet.
De quoi s’agit-il donc ?
Quel étrange clé d’entrée que cette notion de droit spécifique à tous les natifs saint-martinois… pas de code sur lequel s’appuyer, pas de jurisprudence en la matière mais bien des fondations basées sur l’histoire et la prévalence du non droit qui a permis la cohabitation pacifique au point d’intimement mêler les deux populations de Saint-Martin.
Who’s from here, who’s not ?
Alors, nous sommes naturellement en attente de réponses à ces sempiternelles questions qui divisent, stigmatisent et viennent enfoncer régulièrement le clou dans le tronc du communautarisme :
• Qui est cet indigène Saint-Martinois auquel fait référence l’association ? Est-ce que, à l’instar des maçons, il suffit d’être reconnu comme tel pour pouvoir se prévaloir d’un droit spécifique ?
• Quels sont ces droits que d’autres résidents n’auraient pas ?
• Ce droit serait-il transfrontalier ?
Durcir les positions pour affirmer une identité menacée
Quel vaste programme qui, il faut bien le dire, porte des signes effrayants d’un nationalisme d’un autre temps mais qui sont somme toute classiques sur des territoires où l’histoire est oppressée par le modernisme, où les valeurs séculaires sont piétinées par l’afflux de trop de nouveautés parfois hérétiques et inadaptées, bref où “on était mieux entre nous”.
Les fondateurs ont tout de même pensé à laisser une porte ouverte pour “tous les autres ayant une “valeur ajoutée” dans le processus de construction de la “nation saint-martinoise”.
Que d’énergies et d’idées pour survivre au multiculturalisme mal maîtrisé… Récemment, au téléphone avec un ami des premiers jours contacté après les évènements liés au premier mariage pour tous célébré à Saint-Martin, nous nous interrogions : même s’il est possible de comprendre cette logique qui consiste à durcir le ton lorsque l’on se sait ou se sent menacé dans sa culture, dans ses racines, dans son chez soi et même quand les conditions sociales et économiques sont à ce point difficiles que le “c’était mieux avant” semble la réponse évidente, est ce que le meilleur moyen de permettre aux racines de survivre n’est pas de les partager ? D’inviter celui qui ne les connaît pas ou pas assez à en prendre la pleine mesure ? Encore faudrait-il, me direz-vous, que “l’envahisseur” porte un quelconque intérêt à la culture, la langue et l’histoire du territoire qu’il décide de fouler au titre d’un drapeau qui lui est connu ou d’avantages sociaux qui lui sont inconnus mais prometteurs.
Un accroissement de population sans précédent… mais jusqu’où ?
Un autre exemple nous semble intéressant à proposer : comment pensez vous que les Corses ou les Bretons auraient réagi si leur population originelle à l’accroissement standard avait subi la courbe qui a été imposée au territoire de Saint-Martin ?
Comment avec l’arrivée de Manuel Valls, notre ministre de l’intérieur, ne pas évoquer les quelques 17 000 ROM qui perturbent, semble-t-il, la vie de 65 Millions de français ? La population Saint-Martinoise comptait environ 6000 âmes dans les années 60… aujourd’hui, les statisticiens de l’INSEE nous annoncent 37 000 habitants, 6 fois plus nombreux en 50 ans, une densité de population supérieure à celle de Taïwan et naturellement, toutes les dérives sociétales qui accompagnent ce cataclysme démographique. Sur la même période, la France elle n’a vu sa population augmenter que d’un tiers.
Un ensemble de valeurs qui n’est pas sans rappeler le Front
Le discours des leaders de ce nouveau groupe est en tous cas clair et nous rappelle des thématiques nationales qui séduisent de plus en plus :
– préférence “nationale” : “St. Martiners come first at home.”
– immigration clandestine, ciblée en particulier sur les ressortissants d’Hispaniola, avec un regret majeur vis-à-vis d’un nombre de reconduites à la frontière jugé insuffisant
– la générosité du système social français qui joue les aspirateurs de populations nécessiteuses
Avec de telles thématiques, et l’écho qu’elles semblent pouvoir facilement trouver sur un territoire au bord de l’implosion sociale, il serait surprenant que de ce mouvement n’émerge pas un groupe politique à l’horizon des prochaines échéances électorales.
Leur hymne semble même déjà trouvéé : “God bless St. Martin native, indigenous people and may the day come, that we will have real political, social, cultural leaders, who have the real courage to stand up for us as a people and to make sure that – without apologies – St. Martiners come first at home.” (Que Dieu bénisse la population native de Saint-Martin et puisse venir le jour où nous aurons de véritables leaders politiques, sociaux et culturels, qui auront le courage de se dresser pour nous et de faire en sorte que les Saint-Martinois aient la première place chez eux, sans concession.”
Opportunisme et populisme… seule alternative ?
Alors, n’en déplaise à certains, dans un contexte politique sclérosé où rien de nouveau ne semble vouloir naître pour proposer des alternatives à un système qui n’a en fait pas changé de fondations, il y aura certainement des électeurs sensibles par défaut à ces valeurs “traditionnalistes” et puisque c’est en ce moment très tendance, pourquoi ne pas apposer les couleurs de la Nation Saint-Martinoise sur une flamme tricolore à l’origine… ?
Quoiqu’il en soit, la souffrance économique est un formidable berceau pour le communautarisme et celui-ci est bien présent sur la Friendly Island même si la politique de l’autruche permet de ne pas le nommer… We can’t petition a lord with prayer !
Plus d’information ou envie de vous faire une idée sur la St. Martin Nation Building Foundation (SNBF) : http://www.stmartinnation.org