Saint-Martin. Bilinguisme en milieu scolaire, poursuivre le débat citoyen…
Puisque le débat ne peut se résumer à la soirée organisée par l’Union pour la Démocratie le 23 octobre dernier (voir “La société saint-martinoise et son école face au multilinguisme” et “Dr Rhoda Arrindell participated in conference about multilingualism…” mais aussi “L’Europe, la France et Nous face aux Langues régionales…”) et dans la mesure où il est récurrent, voire permanent à Saint-Martin, il nous a semblé intéressant de revenir sur cette thématique et, comme à notre habitude, de tenter d’en décoder le contenu.
Le bilinguisme, un sujet d’abord émotionnel
Une évidence… la langue maternelle des Saint-Martinois n’est pas le français et, dès lors, si l’on se borne à reprendre les mots de Robert Romney, les Saint-Martinois disposent d’une langue locale, d’une langue vernaculaire.
Evidemment, au quotidien, nous lisons et entendons que la langue maternelle à Saint-Martin est l’anglais, mais en fait, il n’en est rien, pas plus que les Alsaciens ne parlent allemand. Hier encore, lors d’une conversation impromptue, la langue Saint-Martinoise faisait encore l’objet d’un débat spontané quand à sa spécificité, différente de l’anguillais, du jamaïcain, du tortollais etc… En effet, la langue saint-martinoise intègre des particularismes issus du néerlandais, de l’espagnol et de bien d’autres langues et si sa base est bien l’anglais, son enrichissement en fait une langue à part entière.
Il est dès lors assez facile d’imaginer, pour ceux qui n’ont pas cette langue comme langue de naissance et qui n’ont pas choisi d’essayer de l’assimiler, que le sujet est extrêmement sensible que de se voir inculquer de fait par un système scolaire trop étroit un français qui ne coule pas de source.
La langue “Saint-Martinoise” prend dès lors tout son sens en terme d’identité, de clef de reconnaissance et devient un sujet politique évident, en particulier dans un contexte où la pression démographique et l’apport culturel qui l’accompagnent tendent à dénaturer l’authenticité de cette langue.
Le débat organisé par l’Union pour la Démocratie s’appuie donc sur un bilinguisme majoritairement souhaité semble-t-il par la population de Saint-Martin mais n’a pour autant pas fait la lumière sur un point pourtant majeur : s’agissait-il d’aborder le bilinguisme scolaire dans une version langue locale/français ou dans une version anglais/français ?
Notons qu’actuellement 6 classes d’enseignement primaire font l’objet d’un enseignement bilingue à Saint-Martin de façon expérimentale.