Les Philippines et le drame en cours sont l’occasion au-delà de ce qu’ils constituent de dramatique de s’interroger localement sur notre capacité à subir de tels évènements sachant que nous y sommes naturellement exposés. L’urbanisation galopante, son anarchie passée et la quête de profits ne peuvent faire perdre de vue ce à quoi notre environnement nous expose naturellement.
Depuis 5 jours, le bilan ne fait que prendre des dimensions de plus en plus noires et comme à l’accoutumée, les secours auront encore besoin de temps pour être organisés et efficaces.
En attendant, ce sont des centaines de milliers de Philippins qui se lancent sur les routes pour rejoindre des espaces non sinistrés pour des questions alimentaires et sécuritaires.
S’en suivront de longs mois de reconstruction avec leur lot de luttes d’influences venues de l’extérieur, de conséquences sanitaires et finalement de relais au second plan du drame philippin, une actualité en chassant une autre.
Quatre ans après ce désastre qui a touché au cœur l’un des pays les plus pauvres du monde, ce sont encore plus de 300 000 personnes qui s’entassent sous des tentes, des abris de fortune et autres bidonvilles établis en périphérie des zones les plus sinistrées.
Comme s’il en fallait plus, dix mois après le séisme, c’est le choléra qui tuera plus de 8000 personnes et infectera 7% des haïtiens. Cette épidémie de choléra, si elle a pu être endiguée fait encore aujourd’hui des victimes sur le territoire haïtien.
Saint-Martin n’a pas vécu d’évènement majeur depuis bien des années maintenant et, si l’on ne peut que s’en féliciter, on est aussi en droit de s’interroger sur notre capacité à les subir alors même que notre tissu urbain s’est largement et anarchiquement développé, notamment sur les flans de mornes sujets aux ravinements et glissements de terrain, et que notre population ne cesse d’augmenter.
Le risque sismique
Face à un risque sismique évident et fort sur l’arc antillais, une étude récente affichait pour conclusions les éléments suivants : “La prévention effective du risque sismique est une nécessité prégnante pour les Antilles françaises ; il y a urgence à compléter et pérenniser les dispositifs qui contribuent à augmenter le niveau des connaissances et réduire la vulnérabilité des populations. Ce début de XXIe siècle bénéficie des avancées de la science et de la médiatisation des catastrophes qui frappent l’opinion. La culture du risque est en train de se construire. La fenêtre d’opportunité créée par les retombées des actions sociales menées en Martinique et par le séisme des Saintes doit être mise à profit pour favoriser l’amélioration des critères décisionnels des populations face au danger sismique. Les études menées dans le cadre du Plan National de Prévention du Risque Sismique (2005-2011) contribueront également, souhaitons-le, au développement de ces politiques de terrain.” (voir le contenu de l’étude ici)
Sur le sujet, et comme pour l’environnement, la sensibilisation au risque passe par un développement de la culture de la prévention et donc par une action auprès des plus jeunes. En ce sens, nous vous proposons ci-après un document de la série “C’est pas sorcier” à destination des plus jeunes et intitulé “Risques sismique aux Antilles : des îles sous la menace d’une catastrophe”.
Le risque cyclonique
Au niveau cyclonique, ceux qui se souviennent de Luis et du 5 septembre 1995 savent exactement à quoi Saint-Martin est exposée. Et pour ceux qui n’ont pas ces images en mémoire, voici ci-après une vidéo qui synthétise et illustre clairement le risque et les conséquence de ce cyclone de classe 4 :
Le risque cyclonique se décline en plusieurs points et est caractérisé par :
– de très fortes pluies entraînant des inondations avec débordements de cours d’eau;
– des vents d’autant plus violents que l’intensité du cyclone est forte;
– une houle cyclonique importante sur le littoral (vagues de plusieurs mètres de hauteur à proximité du centre);
– une marée cyclonique correspondant à une élévation générale du niveau de la mer pendant quelques heures, à proximité du centre du cyclone et plutôt dans la partie Nord de celui-ci (cas des ouragans de notre zone, dont la trajectoire la plus courante est vers l’Ouest ou le Nord-Ouest).
Cette marée cyclonique ou marée de tempête, due en grande partie au courant de surface provoqué par les vents forts et en partie aussi à la baisse de le pression de surface, dépend essentiellement de la topographie marine, de la trajectoire de l’ouragan et bien entendu de son intensité. (source : ouragans.com)
Face à ces risques, les services publics se dotent d’outils opposables en droit tels que le PPRN (Plan de Prévention des risques Naturels) et le PER (Plan d ‘exposition aux risques naturels) et l’on tente d’intégrer dans le bâti neuf les contraintes para-sismiques et para-cycloniques.
Alors que nous sommes en pleine élaboration de notre Plan Local d’Urbanisme qui projettera notre territoire et son développement dans les 15 à 20 années à venir, il sera intéressant d’y voir quelle place les risques naturels ont su y prendre puisque ceux-ci doivent y être pris en compte.
Le rapport de présentation (article R123-2 du code de l’urbanisme) dresse le diagnostic et analyse l’environnement (état initial et environnement), notamment sous l’angle des risques naturels. Il doit justifier la délimitation des différentes zones du PLU résultant des choix d’urbanisme en regard des risques naturels.
Le PADD (Projet d’aménagement et de développement durable – article R123-3 du code de l’urbanisme) définit lui les orientations d’urbanisme et d’aménagement, notamment dans le respect des règles de sécurité publique et de prise en compte des risques naturels.
Notre Plan Local d’Urbanisme sera évidemment soumis à enquête publique et il sera alors temps de savoir s’il intègre à leur juste valeur ces composantes risques.