Médiathèque. Faites entrer la compétence… et sortir l’élu

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Médiathèque. Faites entrer la compétence… et sortir l’élu
Par Igor Rembotte 4 Déc 2013 01:12

La phase organisationnelle de la Collectivité de Saint-Martin annoncée par la Présidente Aline Hanson lors de sa prise de fonctions revêt des formes de plus en plus tangibles depuis quelques semaines tout en laissant une large place à l’opérationnel.

Ainsi, maintenant que l’ombre de son prédécesseur ne plane plus sur la collectivité, après de larges délégations de pouvoirs aux Vice-présidents assistés des autres élus du Conseil territorial, après le pourvoi de postes à quelques personnes de confiance réputées pour leur fidélité durant la campagne concommitamment au départ d’éléments sans doute jugés trop marqués par la mandature précédente, il semble temps de passer désormais à une phase plus fonctionnelle. Et c’est dans ce cadre que se pose sans doute la prochaine ouverture de la médiathèque locale qui a déjà fait couler beaucoup d’encre et usé de nombreuses semelles officielles voire ministérielles.

Un outil enfin fonctionnel et une direction prometteuse

En effet, la moderne structure vient de trouver sa tête en la personne de Stéphanie Dargaud. Maîtrise d’histoire de l’art, école du Louvre, master en archivisme et formation de conservateur du patrimoine, voilà un profil qui en dit long sur la compétence de celle qui règnera sur ce phare culturel dont le Ministre de l’Outre-mer disait “qu’il n’avait pas l’équivalent en Guadeloupe”.

Enfin une bonne nouvelle ! Le bâtiment dont on peinait à envisager la mise en fonction va donc enfin pouvoir remplir ses missions… et les remplir avec professionnalisme !

L’occasion pour nous de revenir rapidement sur cette structure qui a traversé les mandatures. Ce temps n’aura d’ailleurs en la matière pas joué en faveur des élus de la première mandature qui n’auront pu inaugurer plusieurs des chantiers pourtant initiés par eux…

La Médiathèque en quelques mots

Le sénateur Fleming, le Président Gumbs et le Vice Président Aliotti lors de la pose de la première pierre…

Concernant la médiathèque, la première pierre avait été posée en Février 2011, avec une date de livraison prévue au premier trimestre 2012. Rappelons que la médiathèque territoriale de Saint-Martin, c’est :

• 9,3 millions d’euros d’investissement (dont 3,1 millions en provenance de FEDER (fonds européens), 2,7 millions d’euros issus de l’Etat dans le cadre du contrat Etat-région et 3,4 millions d’euros financés par la Collectivité)

• 4000 m2 de surface

• Un auditorium de 200 places

• 48 places de parking

• 17 entreprises locales participantes

Près de trois ans plus tard, entre retards de travaux et délais de transfert des archives, la médiathèque territoriale de Saint-Martin sera bientôt enfin prête à ouvrir ses portes.

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A ceux qui se posent la question de savoir comment ce bel et grand outil va bien pouvoir fonctionner, avec quels budgets… il se murmure que dans le cadre de l’évaluation des charges liées au transfert de compétence, et dans la mesure où la médiathèque accueillera aussi les archives territoriales, cette compétence héritée pourrait être compensée avec une évaluation budgétaire pour une fois en notre faveur… un traitement homéopathique du mal qui ronge la trésorerie de la collectivité depuis sa naissance.

L’équipe de la médiathèque : bientôt un renfort de qualité !

Deuxième bonne nouvelle : au-delà des traditionnelles missions d’information et d’éducation des bibliothèques, la médiathèque territoriale de Saint-Martin bénéficie des dernières technologies en matière d’archivage et elle devrait également pouvoir contribuer à faire briller la culture et le patrimoine saint-martinois.

Comment ? Simplement parce que Madame Dargaud sera en la matière secondée par LE porteur historique local de ces deux pans de la société qui crient leur besoin d’exister.

Les civilités maintenant effectuées, il est temps d’évoquer un secret qui n’en est plus réellement un puisqu’une radio locale en a défloré les contours en abordant le fait que les élus se retrouvent régulièrement confrontés au choix de leur investissement pour la collectivité, entre celui de porter la parole politique et celui de servir dans un de ses outils : Stéphanie Dargaud sera donc épaulée dans l’effort par… Christophe Henocq himself, nous vous le révélons !

Christophe Henocq, l’élu conservateur

Le conservateur historique du Musée de Marigot, devenu homme politique en 2012 lorsqu’il se rallie à Daniel Gibbs pour porter aussi loin et haut que possible les valeurs et idées de l’Union pour la Démocratie renoue donc avec ses premières amours (dont il avait été écarté par la contrainte et dans la douleur) pour le bénéfice de l’outil que sera la médiathèque.

Formidable vous direz-vous comme nous, la Collectivité a su en Monsieur Henocq trouver à la fois la compétence et faire briller la ressource locale et sa carrière est une garantie de ce point de vue.

Dans la forme, c’est effectivement un joli retour en grâce pour Christophe Henocq qui est homme que l’on sait habité par le territoire, son environnement, son histoire, sa préhistoire et la transmission de ce savoir aux plus jeunes au point que son cheval de bataille ne lui aura localement pas attiré que des amis.

Pourtant, sur le fond, ce glissement d’un statut d’élu de l’opposition siégeant au conseil exécutif à un statut de salarié de la collectivité ne se fait pas au niveau de la conscience sans quelques grincements et à plusieurs titres.

Pour reprendre une phrase venue d’en haut entendue sur le sujet : “il n’y a décidément qu’à Saint-Martin que l’on peut voir cela… un élu qui démissionne de ses fonctions pour prendre un poste au sein de la collectivité dont il était le représentant élu…”.

En tous cas, et même si tout un chacun peut aisément faire la balance entre liberté d’action dans son champ de compétence et sécurité professionnelle d’une part, et stagnation et manque d’issue d’autre part ; ce choix confirme bien à quel point les mandats électifs sont éphèmères à Saint-Martin plus qu’ailleurs… et cela ne va pas dans le sens du nécessaire renouvellement de la classe politique locale.

Sur le plan des ressources humaines, il ne nous semble pas nécessaire de revenir ici sur les propos du DGS de la COM qui en Avril dernier affirmait que “l’ouverture de la médiathèque n’implique pas l’embauche d’agents supplémentaires. C’est le personnel de la bibliothèque qui assurera la continuité”. L’on doit plutôt se féliciter de la primeur donnée à la compétence, celle dont notre évolution statutaire manque encore cruellement, faute de finances et de capacité d’ouverture.

En évoquant ces trois critères, on ne peut s’empêcher une petite digression vis-à-vis de la “dernière” recrue du Cabinet de la Présidente dont l’annonce officielle ne devrait plus tarder et qui donnera sans aucun doute un souffle nouveau voire premier à la communication institutionnelle qui avait déjà fait tant défaut à la première mandature. Cette absence de soin du lien entre la gouvernance et la population par médias interposés a déjà empli plusieurs colonnes de doléances de confrères et sœurs en manque de matière et tout le monde le sait, le journaliste en manque est amer…

Des conséquences politiques générales

Trêves de digressions, quelles conséquences donc sur le plan politique de ce transfert de compétence d’un tissu politique déjà pauvre vers une administration controversée ?

C’est d’abord une véritable perte pour l’équipe Team Daniel Gibbs. En effet, son intégration en tant que salarié de la collectivité le contraindra à quitter son mandat. La perte pour la TDG réside dans le fait que Christophe Henocq est un homme de dossier, à la culture générale et à l’expérience de Saint-Martin suffisamment vastes pour appréhender avec lucidité bon nombre des problématiques qui occupent le Conseil Territorial. N’oublions pas que Christophe Henocq est celui que le Député Gibbes avait désigné pour le remplacer au Conseil Exécutif avant de se consacrer principalement à ses missions parlementaires.

Sa démission va naturellement agrémenter notre actualité d’une nouvelle séance de chaises musicales et de tractations de couloir.

2007, Dominique Riboud et sa liste “Alliance”

En toute logique, c’est Dominique Riboud, le suivant sur la liste TDG 2012 qui succèdera à Christophe Henocq. Pour ce que l’on connait du Dr Riboud, son leadership n’est plus à démontrer puisqu’il est “le mercenaire” qui en 2007 avait constitué cette liste que le chaland appellera “la liste de métros”, liste constituée en réaction à un panel d’autres listes déjà créées qui malheureusement mais comme à l’accoutumée ne reflétaient que peu la réalité multi-culturelle de l’île.

Quoiqu’il en soit, il n’est pas évident que l’opposition parvienne à composer avec Monsieur Riboud, d’ailleurs arrivé tardif dans la TDG après avoir brandi le spectre d’une récidive, avec autant de facilité qu’avec Monsieur Henocq… il se murmure déjà que le leader et député de l’Union pour la Démocratie avale la pilule avec difficulté ; d’autant plus que le groupe initial s’est déjà largement écrêté entre l’indépendance déclarée de Jules Charville dès le début de mandature et le départ discret mais définitif de Myriam Herault, pilier de la Team en particulier pour le rôle joué dans la chute de la précédente majorité UP.

Ce n’est pas non plus une bonne nouvelle pour la stabilité de la collectivité qui depuis sa naissance n’a déjà que trop vécu de mouvements au sein de ses élus, fussent-ils de l’opposition : décès, invalidations, élue aux abonnés absents, membres de groupes qui glissent vers d’autres horizons etc… A ce propos, il n’est pas inique de penser que de nouveaux mouvements devraient encore avoir lieu sous de brefs délais, tel que nous vous l’indiquions déjà dans le cadre du vote des lois sur la transparence.

Ironie du sort, hasard du calendrier, les dés pouraient bien cette fois être lancés par celui qui apparaît comme étant le plus retrait actuellement de la scène politique : notre Sénateur … Celui-là même, dont la mère, Madame Yvette Fleming Hodge, est la généreuse donatrice du terrain sur lequel est construit la médiathèque… et les réservoirs de Concordia !

La pression judiciaire qui s’exerce sur la collectivité, ses élus, ses administratifs nous avait déjà amené à nous interroger sur l’appauvrissement du tissu politique, sur la difficulté que cela constituait aujourd’hui à Saint-Martin d’embrasser une “carrière” politique, sur les risques encourus tant nous sommes victimes de l’histoire et d’une sorte de délit de sale gueule aux yeux d’une république par trop standardisée dans les textes.

Aujourd’hui, il semble qu’à cette limitante judiciaire il faille ajouter la pénurie d’emplois qui contraint ceux qui auraient aimé s’investir sur le chemin des urnes et de l’expression démocratique à finalement se résoudre au fonctionnariat ou assimilé pour s’offrir un peu de la sécurité que seule la Collectivité semble encore être à même d’offrir..

Qui leur jettera la première pierre ? Un électorat déjà largement abstentionniste ? Des entrepreneurs aux abois ? Une société à la dérive et en manque flagrant de civisme ?

En fait… Après analyse de ce choix de Christophe Henocq notamment, je suis tenté ici d’annoncer ou ma candidature en 2014 puis en 2017 ou ma disponibilité totale à embrasser la carrière de fonctionnaire de la collectivité tant il semblerait que les alternatives entre ces deux choix soient minces et ce ne sont pas les 28M€ concédés à Saint-Martin au titre du Feder/FSE qui risquent de générer des carrières dans le privé ou des vocations dans le milieu associatif …

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Par Igor Rembotte 4 Déc 2013 01:12
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