Rappelons que cette crise diplomatique entre Ha¨ti et la République Dominicaine prend sa source dans la décision en date du 23 septembre 2013 de la Cour constitutionnelle dominicaine qui décide que “les enfants nés de parents étrangers en transit ou illégaux ne doivent pas bénéficier de la nationalité dominicaine”. Une décision qui s’applique aux descendants d’Haïtiens et qui devrait être rétroactive jusqu’en 1929 et qui pourrait faire perdre la nationalité dominicaine à près de 240 000 haïtiens d’origine.
Le mot d’ordre de mobilisation a été lancé par différentes organisations haïtiennes telles que “Fòs Patriyotik pou Respè Konstitisyon”, “Mouvman Gran Bèlè” ou encore “MOLEGHAF” rejointe par le Mouvement National d’Opposition Populaire mené par André Fadot. Dès lors, on devine l’instrumentalisation qui est aujourd’hui faite consécutivement à cette position politiquement et humainement incorrecte prise par les autorités dominicaines. En effet, il n’est plus à démontrer que Monsieur Fadot cultive une certaine proximité avec l’ancien président Aristide.
Pour résumer, on peut s’attendre à une montée en puissance de ces mouvements anti-Martelly qui depuis des mois battaient déjà le pavé, montée en puissance que la position dominicaine alimente en cristallise. Comme si Haïti n’avait pas déjà suffisamment de plaies à panser, plaies de l’histoire, plaies consécutives aux catastrophes naturelles, il va aujourd’hui falloir que le pays fasse face à une instabilité politique grandissante.
Âgé de 59 ans, Jean-Bertrand Aristide ne peut plus ‘légalement” briguer la présidence, la Constitution haïtienne limitant à deux le nombre des mandats. Mais il pourrait revenir au premier plan comme député ou sénateur en l’état actuel des choses même si l’on sait au regard de la tumultueuse histoire haïtienne qu’aucune situation n’y est figée dans le marbre et que l’instabilité y a généralement des conséquences lourdes pour la démocratie.