“Rendez-nous notre frère !”
Notre petit frère, Rodrigue Helligar, 39 ans, Caporal Chef du 6ème Bataillon d’infanterie de marine (BIMA) à Libreville au Gabon est porté disparu depuis le 1er Novembre dernier. Depuis ce jour, nous vivons dans l’attente et la quête de vérité.
Le jour où nos vies ont basculé…
D’après les informations dont nous disposons, c’est lors d’une partie de pêche entreprise durant son temps de loisir que Rodrigue aurait glissé d’un rocher et aurait été emporté par les vagues. L’accident s’est produit au Cap Estérias, à quelques kilomètres de Libreville.
Nous en avons été informés par les services de la Gendarmerie de Saint-Martin qui ont pris pour cela des précautions humaines dont nous leur sommes reconnaissants, en particulier vis-à-vis de notre mère qui avait été admise à l’hôpital Louis-Constant Fleming ce jour là. Ils n’ont pu malheureusement nous donner plus d’informations et jusqu’à aujourd’hui nous cherchons à savoir ce qui est arrivé à notre frère et s’il est encore en vie mais nous nous heurtons à des murs malgré la bonne volonté affichée par tout le monde.
Nous ne pouvons nous fier qu’aux informations contradictoires de la presse gabonaise dont certains titres affichent que le corps de Rodrigue aurait été retrouvé sans vie tandis que les services de l’armée nous affirment que les recherches auraient été infructueuses.
Nous, sa famille, ne sommes pas plus informés que le quidam qui lit la presse et manquons cruellement d’un interlocuteur désigné et responsable qui pourrait au moins faire le relais entre nous et la hiérarchie militaire. Le commandant de Guadeloupe s’est bien déplacé à Saint-Martin pour nous rencontrer 21 jours après le drame (!!!) mais ne disposait pas de plus d’informations que nous. il nous a promis de suivre le dossier mais nous sommes sans nouvelles à ce jour.
Nous avons reçu par courrier électronique la semaine dernière des photos des lieux du drame et été informés qu’une cérémonie avait eu lieu à la caserne en hommage à Rodrigue, “afin que ses collègues puissent faire leur deuil”… alors qu’aucune confirmation du décès ne nous a été donnée.
Depuis le 1er Novembre dernier, nous sommes donc suspendus à un fil, à un coup de fil qui ne se produit pas et ne savons vers qui nous tourner pour obtenir des réponses.
Où nous en sommes, 40 jours plus tard …
Aujourd’hui, nous saisissons les médias pour espérer faire avancer les choses car nous en avons assez d’être otage de ce silence assourdissant. Aucun courrier officiel, aucune mesure, aucune prise en charge … Aucune considération de la part de ceux pour qui Rodrigue s’était engagé !
Depuis que Rodrigue s’est engagé dans l’armée il y a 22 ans, nous sommes bien conscients des risques que cela comportait et dont la mort prématurée fait partie. Nous l’avons accepté depuis longtemps car c’était son choix et qu’il était épanoui dans sa carrière militaire et ses missions qui l’avaient emmené jusqu’en Afrique.
Mais plus le temps passe et plus nous tentons d’assembler les minces pièces du puzzle qui nous sont distillées, plus nous sommes convaincus que la version officielle qui nous est servie n’est pas la vérité. Or, il nous est toutefois impossible de faire notre deuil en l’absence d’informations, d’affirmations cohérentes et de transparence autour de cette triste journée du 1er Novembre dernier.
Nous avons reçu de nombreux témoignages de solidarité et marques de soutien de la part de la population saint-martinoise, de nos familles et amis, et nous tenons à les en remercier ici.
Nous remercions aussi ici publiquement la Présidente Aline Hanson pour son écoute et son intérêt, ainsi que le Député Daniel Gibbs pour les initiatives personnelles qu’il a prises autour de la disparition de notre frère, et tout particulièrement son attaché parlementaire René Arrondell pour son accompagnement. Nous comprenons que leurs moyens sont limités et que nos demandes ne relèvent de leurs compétences
Par contre, nous regrettons profondément l’accueil que nous a réservés le Préfet qui a refusé de nous recevoir à plusieurs reprises ; et nous condamnons fermement sa position en la matière.
Ce que nous voulons
Nos demandes aujourd’hui sont très simples et y obtenir des réponses devient pour nous vital.
Nous demandons à avoir un interlocuteur fixe, à même de répondre à nos questions et de nous accompagner de manière fiable dans ce parcours rendu encore plus douloureux par le manque de transparence.
Nous voulons pouvoir nous rendre sur place à Libreville afin de visualiser et comprendre comment Rodrigue, nageur confirmé et pêcheur émérite, a pu se noyer dans quelques centimètres d’eau. Nous aimerions rencontrer ses camarades et qu’ils nous expliquent les circonstances exactes de l’accident.
Nous voulons des précisions quant à son emploi du temps. Pourquoi notre frère était-il en “temps libre” un vendredi matin à 10 heures alors que ses permissions ne débutaient en général qu’en fin de journée ?
Nous voulons savoir pourquoi son logement a été réquisitionné et ses effets personnels mis sous scellé alors qu’à ce jour aucune information concernant la situation de Rodrigue ne nous a été communiquée.
Nous voulons une confirmation quant au corps de l’homme retrouvé et dont les médias africains disent qu’il s’agit de Rodrigue alors que les services de l’Armée nous indique ne pas l’avoir identifié.
Nous avons besoin de savoir si ce 31 décembre, jour anniversaire des 40 ans de Rodrigue, nous devons célébrer sa vie ou honorer sa mémoire ?
Nous voulons plus que tout offrir en cette fin d’année la paix d’esprit à notre mère âgée de 75 ans et hospitalisée à domicile.
Nous implorons les autorités compétentes quelles qu’elles soient, de lever le voile qui entoure la disparition de notre frère Rodrigue pour que toute notre famille puisse reprendre le cours de sa vie mise en suspens le 1er novembre dernier.
Nous irons jusqu’au bout de notre quête de vérité, en usant de tous les moyens à notre disposition, car elle nous est nécessaire pour pouvoir avancer.