Economie. Compagnie des Eaux de Saint-Martin : une entreprise citoyenne
Cela fait maintenant plusieurs années qu’il nous est régulièrement donné de croiser ces 4 entrepreneurs et sur de nombreux fronts. Aujourd’hui, sans doute lassés par une situation économique qui ne cesse de se dégrader, par les alertes qu’ils lancent depuis des années, par les portes poussées de Saint-Martin à Paris et par les heures passées à plancher sur les chiffres et les rapports qu’ils ont produits pour pallier le manque d’informations fiables, Didier Lake, Aurélien Lewis, Frank Viotty et Richard Mancilla, membres de l’association du BTP ont décidé de répondre à la pénurie d’emploi et à la fuite de l’argent public vers d’autres horizons en faisant ce qu’ils savent faire le mieux : créer une entreprise.
Ces 4 hommes, pour faire face à la pénurie d’investissements, avaient déjà depuis plusieurs mois choisi de structurer leurs entreprises de bâtiment et travaux public en groupement pour pouvoir localement offrir des alternatives aux grands groupes qui captent les maigres subsides de l’île. Ils viennent cette fois de s’associer au sein d’une SARL dédiée à l’eau et à ses problématiques, la Compagnie des Eaux de Saint-Martin, et c’est naturellement dans le cadre exemplaire de la Loterie Farm que cette compagnie a été présentée.
Leur objectifs sont très clairs : répondre aux appels d’offres dont l’objet sera lié à l’eau, à son traitement pour que l’investissement public puisse être capté sur le territoire. Naturellement, s’ils disposent de compétences dans le domaine, il leur sera nécessaire en fonction des marchés de faire appel à des compétences extérieures mais cela ne se fera pas sans conditions. En effet, la Compagnie des Eaux de Saint-Martin ne se positionnera pas en sous-traitant mais en co-traitant des entreprises sollicitées et influera une obligation de transfert de compétence localement aux conditions de ses partenariats.
Ainsi, la CESM vient de soumettre sa candidature à un marché relatif à 4 toilettes publiques automatisées en s’adjoignent les compétences d’une société européenne qui a accepté cet engagement citoyen du transfert de compétence. En ce sens, la CESM a déjà pu signer une lettre d’intention avec le Lycée des Îles du Nord qui est disposé à créer une filière de formation dédiée aux métiers de l’eau, permettant ainsi à certains de nos jeunes de se former dans un domaine où l’emploi est identifié.
De plus, ce transfert de compétence laisse envisager la possibilité durant les 15 années de gestion de ces toilettes publiques de développer à Saint-Martin un savoir faire particulièrement technologique et très en prise avec le tourisme notamment. Ainsi, et en accord avec le constructeur européen, il n’est pas déraisonnable de penser que dans un avenir proche Saint-Martin puisse exporter ce savoir faire vers des territoires limitrophes qui présentent les même contraintes climatiques et touristiques que Saint-Martin.
Didier Lake est clair à dire que désormais et au regard de la situation économique de Saint-Martin plus un projet public ne peut plus être considéré comme bénéfique pour le territoire s’il n’intègre pas l’emploi et la formation localement.
Quelque soit l’issue de la procédure d’appel d’offres à laquelle la CESM a soumissionné, les 4 actionnaires se positionneront systématiquement et avec la même volonté de créer des boucles d’excellence localement sur les marchés à venir.
Richard Mancilla mettait l’accent sur le fait que depuis trop longtemps, les professionnels saint-martinois étaient maintenus dans une situation d’infériorité face aux grands groupes extérieurs, confinant les entrepreneurs à des travaux subalternes au point que certains ont développé avec le temps un complexe vis à vis de leurs compétences. Ce temps est révolu et les 4 entrepreneurs comptent bien se donner les moyens de prouver que la compétence est là et que si elle faisait défaut sur certains plans, leur groupement est à même de la trouver auprès de partenaires qui respecteront le territoire et participeront à son développement humain : “Si demain un appel d’offre sollicite une équipe pour aller sur la lune, et au regard de tout ce qu’il nous a déjà fallu accomplir jusqu’à ce jour, nous trouverons les moyens d’aller sur la lune”.
La dimension fiscale de la CESM a elle aussi été abordée puisqu’avec 100% d’actionnariat local, l’activité de la CESM est intégralement taxable sur le territoire contrairement à bien des sociétés venues d’ailleurs qui a ce titre ne contribuent pas ou très peu à l’effort fiscal dont la Collectivité à besoin dans la mesure où c’est aujourd’hui notre seule ressource.
Vous trouverez ci-après le dossier de presse relatif à la création de la CESM :