En marge de l’arrêté portant interdiction de baignade du 11 janvier 2014AMP et de la levée de l’interdiction de ce jour, l’étang Guichard, comme d’autres, reste une plaie en terme de salubrité, de santé publique et de respect de l’environnement.
Ce n’est pas une découverte, cet étang est devenu au fil du temps un relatif cloaque et il suffit de le longer ou d’en renifler les effluves pour s’en convaincre. L’ouverture vers l’océan du bouchon de sable qui l’isole de la plage n’est pas non plus une première : à l’instar de l’étang de Grand-Case, lorsque les pluies sont abondantes, ces étangs deviennent de véritables collecteurs de pluie et leur niveau monte au point de menacer les habitations construites pour certaines en bordure immédiate et pour bon nombre sans permis de construire voire même sur des remblais parfaitement illégaux.
Pour autant, la Collectivité ne prend pas systématiquement arrêté en matière de baignade et celui pris le 11 janvier dernier est un bel exemple de ce que doit être l’application du principe de précaution qui peut éviter aux gestionnaires de la chose publique d’avoir à assumer les conséquences de cette mauvaise qualité d’eau et des conséquences sur les baigneurs, pour certains américains et très bien assurés : rentrer de vacances aux Antilles avec un Staphylocoque n’est pas très glamour même si l’on peut se satisfaire d’avoir échapper au spectre du chikungunya.
Sans être bactériologiste et sans avoir effectué les analyses afférentes, il est facile de deviner ce que les eaux de l’étang véhiculent vers la mer lorsque le bouchon de sable subit l’assaut des pelles mécaniques : coliformes fécaux, escherichia coli, entérocoques, métaux lourds retenus jusqu’alors par les vases ainsi que des matières et objets divers présentant une relative flottabilité.
En passant, une autre analyse pourrait être assez parlante : celle qui permettrait de savoir ce que les limicoles et autres oiseaux qui se nourrissent sur l’étang présentent comme taux de PCB et de métaux lourds.
Mais pourquoi l’étang Guichard est-il devenu au fil du temps insalubre ?
L’activité humaine… naturellement. Le représentant du Conseil de Quartier N°3, Alexis Stanford, n’a pourtant pas ménagé ses efforts depuis 6 ans qu’il siège au conseil pour alerter les propriétaires, les gestionnaires, les pouvoirs publics de tous types sur ce qui pèse sur la naturalité de l’étang : rejets de stations d’épurations privées non fonctionnelles, rejets directs d’habitations, remblais pourtant complètement prohibés…
Autant de raisons qui transforment peu à peu un étang, qui autrefois regorgeait de crevettes et poissons, en véritable bombe bactériologique.
Si le conservatoire du littoral est propriétaire de la surface en eau, il ne l’est pas des rives. A ce titre, il lui arrive sur l’étang Guichard de faire constater par le biais de son gestionnaire, la Réserve Naturelle, les rejets insalubres et de tenter de s’atteler à l’épineux problème des remblais qui se font en marge de la loi et sur une propriété privée de l’état.
Pour autant, il est un incivisme plus insidieux qui nuit aussi à la “bonne santé” de l’étang : le comportement des riverains qui considèrent l’étang tantôt comme le lieu approprié au dépôt de détritus (il faut dire que le fond de Friar’s Bay n’est pas desservi par le service des éboueurs), tantôt comme l’espace adéquat pour s’adonner aux plaisir de l’élevage porcin.
Quoiqu’il en soit, décret ou pas, la baignade était encore d’actualité hier comme les jours précédents car comme dans bien des cas, il ne s’agit pas tant de décider mais de faire appliquer les décisions.