Etudes. Une jeunesse saint-martinoise exemplaire aussi…

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Etudes. Une jeunesse saint-martinoise exemplaire aussi…
Par Sxminfo Antilles 11 Fév 2014 15:08

Dans la série “Oui, Saint-Martin regorge de pépites, porteuses d’avenir”, nous avons eu l’occasion il y a quelques semaines de vous faire découvrir le blog d’une saint-martinoise expatriée dans le cadre de ses études à Sciences PoAMP.  Conformes à cette ligne de mise en avant des initiatives rayonnantes et des parcours exemplaires, nous vous livrons aujourd’hui un autre témoignage d’une jeunesse saint-martinoise qui a choisi la voie de l’excellence : celui de Gérôme Arnell qui poursuit assidument son rêve d’Icare avec suffisamment d’intelligence, de clairvoyance et d’abnégation pour ne pas se brûler les ailes.

Le Doux  Rêve de Voler

Du plus loin que je puisse me souvenir j’ai toujours été fasciné par les avions. Pour la petite histoire, à l’âge de deux ans grâce à mon papa qui m’a transmis cette passion, j’arrivais déjà à dire le nom des compagnies en fonction de leur couleur alors que je ne savais même pas encore lire mon propre prénom.

J’ai passé mes années Collège au Mont des Accords. A cette époque, j’ai commencé à approfondir mes connaissances en aéronautique en sautant sur tout ce que j’avais sous la main (Microsoft : Le Monde des avions, Les Avions chez Fleurus, Air et Cosmos…) mais également en étant un assidu pilote virtuel sur Microsoft Flight Simulator (de MSFS98 jusqu’à MSFS2010).

Cependant, pour des raisons familiales, je n’ai pas pu faire d’initiation en vol ou de cours pratique ; j’étais donc cantonné au simulateur de vol et c’est exactement cela qui à contrario de beaucoup de pilotes m’a rendu passionné de simulation aérienne avant même de gouter aux plaisirs du vol réel.

Pilote Malgré tout !

Le Lycée fut un tournant décisif. A mon époque, le BIA (Brevet d’initiation à l’aéronautique) n’était plus assuré au LPO des Iles du Nord. Et c’est avec beaucoup de déception que je fus obligé de continuer sur la voie de la simulation aérienne.

A mes 17 ans, mon père fit un premier pas vers mon projet de pilote de ligne en m’offrant un vol d’initiation à l’aéroclub de Grand-Case sur Piper Archer. Je me rappelle avoir dit à mes parents en découvrant le bon cadeau :”Vous venez de démarrer quelque chose qui ne va plus jamais s’arrêter”.

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Cette première expérience fut incroyable mais bien sur trop courte ! Mais ce n’était pas grave, j’avais compris que l’aviation, c’était fait pour moi ! 

Mon année de Terminale a néanmoins été marquée par une grosse période de doute quant à mes capacités à accomplir mon projet professionnel ; plusieurs facteurs aidant :

  • Avec un groupe d’amis nous avions essayé de relancer le projet BIA au lycée aidé par Monsieur Yves Milleur (Que je ne peux que remercier pour son soutien indéfectible à mon projet) mais notre demande avait été rejetée par le proviseur de l’époque.
  • Mes trois demandes d’entrée en classes préparatoires ont été refusées
  • Et par-dessus, tout la guerre psychologique incessante que nous devions mener CONTRE certains professeurs  et membres du personnel (qui exercent toujours au LPO d’ailleurs !). En effet, si l’on dit que les jeunes Saint-Martinois manquent d’ambitions ; je pense que c’est au moins à 50% dû au système éducatif en place mais surtout à certains acteurs clés qui ne remplissent pas le rôle… Mais, c’est un autre débat et je ne m’étalerais pas plus dessus…

Malgré tout en Juillet 2011 j’ai eu mon Baccalauréat Scientifique avec la mention Assez Bien.

Le Tournant

Le représentant de l’APPAG sur Saint-Martin et figure bien connue de l’aéronautique sur l’ile, Christian Fardel me permit de m’inscrire au concours « Jeunes Talents » organisé par l’APPAG (Association des Pilotes Antillo-Guyanais).  C’est alors qu’en Juillet 2011 juste après mon baccalauréat je me suis mis à préparer ce concours qui devait se dérouler en Guadeloupe le mois d’après.

Initialement cinq candidats de Saint-Martin devaient s’y présenter ; au final j’ai été seul au concours.

Les épreuves étaient séparées en trois parties :

  • Le Test de Physique/Mathématiques
  • Le Test Versant d’anglais
  • l’ADAPT qui est un psyco-test de grande envergure pour mesurer les aptitudes des candidats au métier de pilote de ligne.

Les résultats du concours devaient être transmis en Février 2012. Alors pour rester actif pendant ce temps d’attente, je me suis inscris en L1 Biologie/Biochimie à l’Université des Antilles et de la Guyane

J’ai eu le temps de valider un semestre mais au-delà de ça de découvrir les sciences sous un tout autre aspect que la vision étriquée du Lycée.

Le Début de la Carrière : CAE/Sabena Flight Academy Bruxelles

Lorsque j’appris que j’étais admis dans la promotion 24 de la plus grande école de pilotage du Monde qu’est la Sabena Flight Academy, ma joie fut immense !

Juste le temps de déménager de la Guadeloupe et de préparer le départ pour Bruxelles et me voilà dans un A330 d’Air Caraïbes direction la Belgique et le début de ma carrière de pilote professionnel…

La formation à la SFA est divisée en trois grandes étapes, elles-mêmes sous découpées. En Avril 2012, la première phase consista en cours théoriques pour pouvoir passer l’ATPL Théorique (Airline Transportation Pilot License). Chose très peu courante, nous n’avions que 7 à 8 mois pour boucler la totalité des 14 matières à l’école et valider les 14 modules en centre d’examen (Pour valider un module la note minimale est de 75% soit 15 sur 20.)

Cette période fut une des plus intenses de ma  “vie scolaire”. En effet pour s’en tenir à ce timing ultra serré, nous avions cours 5 à 6 fois par semaine de 7h à 17h avec une heure de pause déjeuner et au moins deux examens internes par semaine.

Malgré tout, la totalité de la promotion 24 avait validé l’ATPL théorique après environ 8 mois de travail acharné.

Nous avions ensuite deux mois de travail supplémentaire à fournir sur simulateur. Certes, une partie beaucoup plus en phase avec le métier mais qui demandait tout autant de travail. L’école nous fit faire 20 heures de BFC (Basic Flying Course) sur simulateur conventionnel puis une dizaine d’heures sur FNPTII de type FRASCA.

Désormais, nous étions en route pour la phase pratique à Phoenix aux Etats-Unis.

La Pause Saint-Martin et la découverte de l’instruction

J’ai eu la chance de bénéficier d’un mois et demi de battement entre la formation à Bruxelles et le départ pour Phoenix. J’en ai profité pour rentrer à Saint-Martin. J’ai eu l’occasion de voler une dizaine d’heure sur Cessna 172 avec Thomas Dubern comme instructeur. 

Ces heures ont servi de transition entre la phase théorique et la phase pratique car, mine de rien, malgré le bagage théorique que j’avais accumulé au fil des mois, le pilotage réel est un tout autre monde…

Malgré mes difficultés sur certaines phases critiques de vol, mon instructeur n’eut cesse de m’en apprendre toujours plus et de me motiver.

C’est durant ces quelques semaines que j’ai compris que la qualification d’instructeur en vol m’intéressait vraiment… Affaire à suivre…

Phoenix, Diamonds and Sun

Nous sommes arrivées avec mon groupe fin Juillet. Et après un voyage de presque 12 heures, la chaleur étouffante de Phoenix était présente pour nous recevoir.

Le  lendemain de notre arrivée commença la semaine de briefing. Des journées entières à écouter des présentations sur l’école, le fonctionnement de l’emploi du temps électronique, de la discipline, de la vie aux USA, de la météo à Phoenix ou encore de la réglementation aérienne aux Etats-Unis.

Mon premier vol à Phoenix eut lieu le 3 Aout 2013 sur Diamond 20-C1, un avion ultraléger en fibre composite : Un monomoteur aussi petit qu’inconfortable vu mon grand gabarit.

Je parvins deux semaines plus tard à mon premier examen et donc mon premier vol en solo…Un moment magique…Le fait de se rendre compte qu’on est seul aux commandes, seul à la radio, seul en cas de problème…

Puis, sur la même lancée, j’arrivais à la navigation en Solo. Pendant 3 semaines, 6 jours sur 7 on me donnait un avion, je décidais moi-même de ma destination,  toute la préparation du vol et la gestion du vol sous tous ses aspects étaient à ma charge… Je découvrais ce qu’était un véritable pilote commercial livré à lui-même seul, aux commandes d’un avion…

Petite anecdote : le 20 Septembre, j’ai eu ma première situation de crise en vol. Une fuite d’huile en plein vol au-dessus d’une zone montagneuse et une tempête de sable sur ma route s’étendant sur des dizaines de kilomètres. Apres avoir envisagé tous les scénarios possibles, je me décidais de continuer dans la tempête de sable à basse altitude pour pouvoir retourner à notre aéroport de base. Je dois avouer qu’en posant mes roues sur le sol, j’avais les jambes tremblantes et la tête remplie de “Et Si…” Malgré tout, je pouvais me dire que cet évènement forgeait ma carrière.

Je suis arrivé jusqu’à l’équivalent de la License de Pilote Privé, le fameux C56. A ce moment-là j’ai rencontré mes premières grandes déceptions. En effet, pour des raisons qui me sont encore sombres, j’ai été recalé 3 fois à l’examen. J’ai dû changer d’examinateur avant de réussir. Depuis je vole aux instruments sur DA40-180.

La prochaine étape est le T95 puis le passage sur bimoteur de type DA42-360 pour le passage de la License de pilote commercial puis le retour en Belgique pour la License aux instruments et la formation de vol en équipage sur avion à réaction.

J’ai naturellement une pensée pour tous ceux qui m’ont aidé dans cette aventure…Yves Milleur et Madame Charles pour leur soutien sur cette voie, Evelyn Fleming pour son soutien moral et tout ce qu’elle a pu m’apprendre, and last but not least Grégoire Clotaire et Jean-Luc Elice qui ont su m’ammener aux niveau intellectuel nécessaire pour accéder a cette formation !

Gérôme Arnell, Etudiant en Aéronautique

Vous aurez noté que s’adonner à sa passion n’empêche pas Gérôme d’avoir un avis certain, forgé par l’expérience et maintenant le recul, sur le système éducatif local notamment. Les colonnes de SXMinfo lui restent bien entendu ouvertes tant pour la suite de ses aventures aéronautiques que pour l’éclairage qu’il saura nous apporter sur d’autres thématiques.

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