Législatives très disputées au Québec ce 7 avril…
Législatives très disputées au Québec ce 7 avril avec en toile de fond une fois de plus l’indépendance du bastion francophone …
« La souveraineté du Québec, la charte des valeurs avec la laïcité ou encore l’intégrité se sont imposées dans la campagne des législatives du 7 avril de la province francophone à l’issue très incertaine entre le Parti Québécois au gouvernement et les libéraux » commente l’AFP.
Emmené par la Première ministre sortante Pauline Marois, le Parti Québécois (PQ) est devancé dans les sondages par le Parti Libéral du Québec (PLQ) de Philippe Couillard. Les deux autres formations, la Coalition Avenir Québec (CAQ) de François Legault et Québec Solidaire (gauche) de Françoise David se posent en arbitre.
ENJEU NON ENONCE :
LE RÉFÉRENDUM SUR L’INDÉPENDANCE DU QUÉBEC – Le référendum sur l’indépendance du Québec – comme en Crimée ou en Catalogne – ou l’intégrité sont autant “d’enjeux non énoncés clairement qui prennent le devant de la scène”, remarque Carole Simard, professeur à l’Université du Québec à Montréal.
Au pouvoir mais minoritaire, le gouvernement indépendantiste de Mme Marois a déclenché des législatives anticipées pour emporter une majorité en lançant sa “campagne sur les questions économiques ou identitaires avec la Charte des valeurs”, explique Antonia Maioni, politologue à l’Université McGill.
Mais pour le PQ, “ces deux piliers ont été ébranlés” par le poing levé de Pierre Karl Péladeau, milliardaire indépendantiste rallié de dernière heure au PQ. L’image sur toutes les télévisions de ce magnat de la presse au Canada, haranguant la foule d’un “+faire du Québec un pays+”, n’a pas eu l’effet escompté. Au contraire, les adversaires libéraux, dont la plateforme électorale n’était guère solide sur l’économie –généralement leur thème de prédilection–, ont déclenché “une campagne de peur”, analyse Mme Maioni.
COMME EN ECOSSE, EN CATALOGNE ET APRES LA CRIMEE :
LA PEUR DU RÉFÉRENDUM – Philippe Couillard s’est engouffré dans la brèche et a centré sa “campagne sur la peur du référendum” sur l’indépendance en cas d’une victoire du PQ, une manière de faire ressortir auprès de l’électorat “une forme de radicalisme du parti québécois”, juge Pierre Martin, professeur à l’Université de Montréal. Cette peur des politiciens professionnels du parlementarisme pour ce mécanisme de Démocratie directe qui fait irruption dans le jeu électoral.
« Or la population québécoise n’est pas prête pour un référendum, même si elle semble dans les sondages attachée à l’idée de la souveraineté » affirment en cœur partis et médias. “Il n’y aura pas de référendum (…) tant que les Québécois ne seront pas prêts”, a même lancé Mme Marois dans un débat mi-mars, sans arriver à lever l’ambiguïté autour de la question de l’indépendance.
L’aile gauche du Parti Québécois, déjà méfiante vis-à-vis du ralliement du milliardaire Pierre Karl Péladeau, a « également souffert des reniements du parti sur les questions environnementales, illustrés par le feu vert à l’exploration pétrolière sur l’île d’Anticosti, refuge pour la faune et la flore au coeur de l’embouchure du Saint-Laurent ».
« Empêtré dans la campagne et pour éviter la fuite de son électorat de gauche vers la formation Québec Solidaire , le PQ a bien tenté de déplacer le débat sur l’intégrité et la transparence. Un moyen de refaire le coup du dernier scrutin en septembre 2012 gagné sur “l’échec relatif du Parti Libéral”, usé par la crise étudiante du printemps précédent et par plus d’une décennie au pouvoir », remarque Carole Simard, une sociologue.
Autre angle d’attaque pour les indépendantistes, la charte des valeurs pour laquelle les libéraux apparaissent divisés sur le principe de laïcité de l’Etat, avec l’interdiction qui serait faite aux employés accueillant du public de manifester leur appartenance à une religion. Mais, pour Mme Simard, cette thématique “est arrivée tard dans la campagne” et ne s’est jamais imposée. “En Gaspésie, c’est le prix du poisson qui fait l’élection” et non le port ostentatoire de signes religieux. Par cette formule, Claire Durand entend résumer l’enjeu de la campagne où la « vie quotidienne des Québécois » serait « passée au second plan ».
La « vie quotidienne » moyen de faire passer au second plan le véritable enjeu au Québec français : la question de l’indépendance …
Luc MICHEL / EODE Press Office
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