Face à cela, et comme le veut la sémantique diplomatique, le grand et fier pays qu’est la France a donc pris la décision de ne pas participer aux cérémonies commémoratives. Le Président rwandais avait effectivement affirmé que la France devait “regarder la vérité en face”, qu’elle a bien joué “un rôle direct” dans ces massacres et a même “participé à son exécution”.
La réaction et la décision de boycott français ouvrent maintenant une large porte à l’indignation de la délégation rwandaise et ne fait qu’entériner un peu plus cette image de grande puissance colonialiste dont le statut à l’échelle mondiale balaie de fait la possibilité et le bien fondé de tels propos.
Cette attitude, qui ne fera qu’apporter de l’eau au moulin du petit état rwandais, est aussi vécue par beaucoup d’autres anciennes colonies, anciens territoires où la présence française a pu être forte ou même par des territoires ultramarins encore dépendants de la République française.
Très récemment encore, les états de la Caricom se sont tournés vers un cabinet d’avocats britannique spécialisé et qui entreprend pour ceux-ci une démarche lourde de conséquences mais aussi lourde dans la symbolique : le cabinet va introduire une demande de réparations au titre de l’esclavage et de la colonisation à l’encontre de la France, des Pays Bas et du Royaume Unis.AMP
En marge de ces jacasseries diplomatiques, et pour ceux qui ont eu la chance de fouler le sol rwandais avant les évènements, voilà un petit pays qui disposent d’incroyables atouts dont ne peuvent se prévaloir tous les pays émergeants ou limitrophes : le sols y est fertile, le climat propice, tout y pousse, la ressource en eau est abondante et la potentialité touristique indéniable. Mais… le Rwanda symbolise aujourd’hui cet échec de la colonisation ou de la présence européenne et les conséquences à court, moyen et long termes sur la stabilité et l’identité de ces pays sont pour le moment encore trop souvent niées, diplomatiquement inavouables et économiquement inassumables puisque les vieux pays européens sont à bout de souffle.