Il est de coutume lorsqu’un ministre succède à un autre de voir tous ceux qui en dépendent intimement se presser auprès des services pour obtenir un rendez-vous le plus rapidement possible. Les objectifs sont multiples et bien souvent complémentaires mais toujours intéressés : courtoisie, rappel des dossiers en cours et demande de garantie que ce cours se poursuive ou sensibilisation à des dossiers qui ne l’étaient pas.
Ainsi, l’agenda de Madame George Pau-Langevin ne désemplit pas depuis sa nomination et l’on peut y trouver le nom de tous les leaders ultramarins qu’ils soient politiques ou représentatifs d’autres forces vives ou en tous cas au moins une représentation de chaque territoire : Saint-Pierre et Miquelon, la Réunion, Wallis et Futuna, la Guyane, Mayotte, la Polynésie et… Saint-Barthélemy.
Même s’il ne faut certainement pas confondre vitesse et précipitation, on est quand même un peu en droit de se demander ce que nous attendons nous pour rencontrer Madame la Ministre dans ses nouvelles fonctions et la sensibiliser à nos problématiques qui relèvent pourtant pour la plupart de l’urgence.
Pris au hasard, quoique pas vraiment, qu’en est-il de la volonté de nettoyage de la Loi Organique quasiment imposée en 2013 par le Ministre Lurel en déplacement à Saint-Martin (rappelons que Monsieur le Ministre nous avait fait le plaisir de cette visite pour honorer sa promesse de se rendre au moins une fois sur chaque territoire et que nous étions les bons derniers sur sa feuille de route) ? Est-ce que la Ministre Pau-Langevin a hérité de cette volonté ? Ne serait-il pas opportun que de lui susurrer d’autres sujets ?
Parce que pendant ce temps, localement, la commission Ad Hoc mise en place pour répondre aux desideratas de Monsieur Lurel continue à se réunir, à réfléchir, à se donner les moyens. Mais, vu de loin… on est en droit de se demander si le ministre de l’époque ne nous a tout simplement pas jeté un os à ronger pour pouvoir terminer son job à Oudinot tranquillement, sans que les saint-martinois, qu’il connait bien et avec lesquels il a déjà largement composé à l’avantage de la Guadeloupe, ne viennent lui savonner la planche qui le ramène aujourd’hui sur son territoire de prédilection. Alors, quelle garantie a-t-on aujourd’hui que cette vaste réflexion à laquelle tous les acteurs locaux sont associés (oups… à part la Préfecture) ne se fende pas d’un rapport fort intéressant mais qui en rejoindra d’autres au rayon des oubliés ?
Bien sûr, on peut minimiser ce délai dans la prise de rendez-vous dans la mesure où Madame Pau-Langevin nous rendait visite très récemment alors qu’elle était secrétaire d’état en charge de la réussite éducative. Il est presque certain qu’elle aura été éclairée sur des problématiques qui ne relèvent pas de son ministère de l’époque. Dès lors, de quels leviers disposait-elle pour les relayer surtout à quelques encablures d’un remaniement ministériel que tous pressentaient. Enfin, Saint-Martin n’a certainement pas que des problématiques liées à l’éducation Nationale même si l’on sait que le sujet est particulièrement sensible à la Présidente.
Anne, ma sœur Anne, ne vois-tu rien venir… Je ne vois rien que le soleil qui poudroie, et l’herbe qui verdoie mais pas le moindre saint-martinois sur l’agenda.