Que voilà un sujet délicat à traiter lorsque l’on n’a pas eu la chance de baigner dans la culture et les traditions saint-martinoises depuis sa plus tendre enfance. Toutefois, sans pour autant se renier mais plutôt parce que le fait de “vivre ailleurs” s’accompagne encore pour certains d’un vrai goût pour les us et coutumes différents et d’un profond respect pour ceux-ci, il faut bien constater que les traditionnelles fêtes de Pâques prennent d’année en année un visage bien loin de ce que ma courte mémoire locale m’autorise à me souvenir.
Si l’on ne peut lutter contre le cours du temps, on ne peut non plus se réjouir de la tournure que prennent certaines choses sans forcément adhérer arbitrairement au “c’était mieux avant”. En la matière, ce que les plages portent durant ces quelques jours ne permet plus de s’enorgueillir. Naturellement, il ne faut sans doute pas généraliser mais le déferlement de barnums, de vendeurs ambulants, de centaines de personnes venues s’abrutir d’alcool et de musique délivrée par des enceintes à la limite de la rupture a de quoi laisser perplexe.
J’ai la chance depuis chez moi de disposer d’une imprenable vue sur Friar’s Bay… en ce lundi de Pâques, c’est sur une marée humaine agglutinée autour des trois sonos sur-vitaminées et qui proposent naturellement trois “sons” différents, histoire que la cacophonie soit parfaite, que le regard n’avait d’autre choix de se poser entre 10h et 22h.
S’il y a un véritable regret à ne pas retrouver durant ces deux jours l’ambiance conviviale et familiale qu’il pouvait encore y avoir il y a peu, c’est bien de la colère le lendemain qui faisait passer le regret au second plan. Que l’on s’accapare l’espace public pour imposer à tous les publics musique, viande saoule et autre scène qui ravissent les sens, passe encore. Mais comment peut-on encore se permettre et surtout tolérer que l’usage de ces espaces se fasse au détriment de ceux-ci ?
Au petit matin de ce mardi 22 Avril, Friar’s Bay n’est plus un lieu approprié à la baignade familiale et à la fréquentation touristique, c’est un champ de bataille jonché de détritus que s’attèlent à ramasser les riverains et les restaurants qui exploitent l’endroit.