Pacte de responsabilité. La position du MEDEF et de Pierre Gattaz dès le 27 janvier dernier
Alors qu’il était reçu le 27 janvier dernier en matinée par Jean-Marc Ayrault sur le Pacte de responsabilité, Pierre Gattaz précise pour LES ECHOS (page 1 à 3) ses propositions.
“Je suis prêt à me mobiliser pour ce Pacte, mais cela ne peut pas être du donnant-donnant, (…) l’emploi doit être la conséquence de nos actions. Les contreparties doivent être un engagement de mobilisation, de moyens et non des contraintes supplémentaires”, affirme d’emblée le président du Medef. « Notre objectif commun, c’est de retrouver la compétitivité pour recréer croissance et emploi », rappelle Pierre Gattaz. Or, « pour favoriser les relocalisations et l’investissement, il faut améliorer le terreau France ». Ainsi, « les 30 milliards d’euros de baisses promises, qui ne sont que la transformation du CICE en baisse de charges, ne sont pas suffisants », indique le président du Medef. D’autant que « le président de la République a fixé l’objectif de résorber l’écart avec l’Allemagne d’ici 2020. Or les entreprises françaises paient 116 milliards d’euros de plus en cotisation, impôts et charges que les entreprises allemandes ». Si l’on veut réduire l’écart, il faut baisser les dépenses publiques de manière significative, martèle le président du Medef. « Sur les 50 milliards d’économies promises d’ici à 2017, 44 sont consacrées à la réduction du déficit. Il n’en reste que 6 pour financer la baisse des charges des entreprises », note-t-il. Il faut donc « réduire davantage les dépenses publiques ».
CICE ou baisse des charges ?
« Dans le débat qui s’engage sur le coût du travail, il nous faut trouver le bon équilibre entre des mesures qui visent à maintenir l’emploi dans des secteurs à haute densité de main-d’œuvre et donner des moyens plus efficaces aux secteurs à haute valeur ajoutée et exportateurs », analyse Pierre Gattaz. Pour lui, « un des scénarios possibles serait de porter le seuil du CICE à 3,6 Smic, voire 4, plutôt que 2,5 actuellement. Puis il pourrait basculer vers une baisse de charges ». Mais « on peut aussi imaginer des baisses de cotisations concernant toutes les entreprises, en complément du CICE ». Par ailleurs, pour accompagner les baisses de charges nécessaires à la compétitivité, « il faut que les entreprises et les partenaires sociaux comprennent que les salaires ne peuvent pas durablement augmenter plus vite que la productivité. La modération salariale depuis dix ans en Allemagne a été un facteur de compétitivité », relève-t-il.
Parallèlement, il faut aider « les PME et ETI innovantes qui pourraient exporter mais ne le font pas ». Et « un autre travail doit être fait sur l’excellence opérationnelle. (…) Nous avons beaucoup de belles entreprises en France qui sont capables de faire de la qualité, mais il faut maîtriser encore mieux la chaîne opérationnelle », juge le président du Medef. Enfin, « la montée en gamme de toutes les filières françaises, industrie et services, est déterminante car c’est sur ce segment que vous gagnez de l’argent ».
A deux jours de l’ouverture des Assises de la fiscalité, Pierre Gattaz plaide « avant tout » pour « une baisse globale de la fiscalité qui touche tous les secteurs d’activité ». Ensuite pour « une simplification, et surtout, l’absence de nouvel impôt ». Pour baisser les impôts rapidement, préconise le président du Medef, « on pourrait travailler sur la contribution sur la valeur ajoutée des entreprises » qui « coûte 15 milliards par an aux entreprises ». Dans le même temps, « il faut regarder les taxes affectées sur la production qui se sont multipliées ».
D’une manière générale, résume Pierre Gattaz, « il faut revoir la philosophie de notre fiscalité (…) basse sur la consommation, élevée sur le coût du travail et très élevée sur le capital. C’est exactement l’inverse qu’il faut faire ». Quant à l’impôt sur les sociétés, « il faut converger au maximum avec l’Allemagne ».
En attendant, le président du Medef « salue l’inflexion donnée et le choix assumé de l’entreprise fait devant les Français et le monde entier ». Pour autant, « je reste d’une grande vigilance dans l’exécution du pacte », avertit Pierre Gattaz. « Je joue le jeu car je veux que mon pays gagne pour mes enfants et mes petits-enfants », ajoute-t-il.
(source : MEDEF)