Jacques Bangou a adressé une lettre ouverte au ministre de l’Intérieur et des Outre-Mer, analysant la faible participation comme étant la marque d’une reconnaissance insuffisante de l’Outre-Mer, et demandant un nombre de députés plus important pour représenter nos territoires.
Je ne partage pas du tout son analyse, qui consiste à se dégager et plus largement à dégager les élus locaux de leur responsabilité dans cette faible participation.
Tout d’abord, l’Outre-Mer a un député européen pour 790 000 habitants, alors que la Métropole n’en a qu’un pour 890 000 habitants. Ainsi, arithmétiquement, l’Outre-Mer est mieux représenté que le reste de la France au niveau européen.
Ensuite, ce n’est pas en s’abstenant qu’on donne le signal selon lequel nous sommes passionnés par l’Europe et souhaitons avoir davantage de représentants, bien au contraire.
Il convient selon moi de prendre le problème dans l’autre sens :
Commençons par expliquer aux citoyens à quoi sert l’Europe pour l’Outre-Mer, et en quoi il est important de participer aux élections européennes. M. Bangou a probablement davantage que les autres effectué cette information, vu que la participation à Pointe-à-Pitre a été de 11,0%, au lieu de 9,26% pour l’ensemble de la Guadeloupe. Pour autant, il reste encore beaucoup à faire pour obtenir des taux de participation sinon élevés, tout du moins honorables.
Ensuite, faisons davantage connaître les parlementaires qui nous représentent à Bruxelles et leur action au quotidien. Sur ce point, force est de constater que les précédents parlementaires n’ont que très peu communiqué. Qui connait vraiment les trois députés européens du précédent mandat, et à fortiori leurs idées et leurs actions ?
Par ailleurs, les députés et sénateurs d’Outre-Mer peuvent aussi agir au moment de l’application des normes européennes dans la législation nationale, et comme relais au niveau de Bruxelles, sans attendre de député européen supplémentaire. Il y a donc là une piste de progression immédiate et simple : être plus présent au Parlement et ne pas cumuler un mandat de parlementaire avec un mandat exécutif local. Cette solution serait bonne à la fois pour agir au niveau européen, mais aussi et surtout au niveau national. En plus, elle n’a pas besoin d’attendre un hypothétique siège de député européen supplémentaire. Le seul inconvénient de cette piste d’amélioration, c’est que justement elle fait porter la responsabilité de sa mise en oeuvre sur les parlementaires et non pas sur l’Europe, et qu’elle est applicable de suite.
Pour terminer sur un aspect purement électoral, il est fort probable que si un 4ème député européen nous était consenti, il serait davantage représentatif de la zone Océan Indien, plus peuplée, ou alors qu’il faille procéder à un redécoupage de la circonscription Outre-Mer, dont la séparation actuelle en trois océans a du sens, et a permis justement d’avoir un représentant pour la zone Atlantique. C’est donc à ce représentant – Louis-Joseph Manscour – qu’incombe la tâche de valoriser son rôle, et c’est auprès de lui et avec lui qu’il faut agir dès aujourd’hui, pour que dans cinq ans nos concitoyens aient envie d’aller voter.
Benoît Chauvin
Conseiller Territorial “Tous Pour St Barth”