Antilles – Conférence de presse aux sargasses avec L’ASSAUPAMAR et le CD2S, centre caribéen de développement durable et solidaire
A PROPOS DES SARGASSES par Garcin MALSA
Il y a près de trois ans (2011) nous avons connu le même phénomène d’invasion massive de sargasses (sargassum fluitans) sur nos côtes, dans les espaces maritimes et sur le littoral de nombreuses communes de Martinique. On s’était contenté de voir le côté gênant pour l’activité touristique (toxicité, allergie, mauvaise odeur…) cependant, les pêcheurs avaient constaté que dans beaucoup de cas, les prises de pêche étaient meilleures. Quelques citoyens avaient récolté des algues pour l’agriculture. Les pouvoirs publics avaient mis l’action essentiellement sur le nettoyage des plages et l’expédition des masses récoltées en direction du C.V.O du Robert.
Aujourd’hui, trois ans après, on est au même schéma. Pourtant, sur le territoire français on dispose de plusieurs cas déjà d’invasions biologiques de ce genre, et les pouvoirs publics ont réagi autrement.
C’est le cas de la caulerpe, une algue tropicale qui avait envahi les côtes méditerranéenne en 1984. Caulerpa taxifolia, une algue star (car elle revient toujours sur les médias) causent des dégâts à l’activité ostréïcole et gênant le tourisme), est valorisée par le biais des applications pharmacologiques (on en extrait la caulerpine et la caulerpényne : deux substances à effets cytotoxiques et antitumoraux).
En Europe, il existe le cas de la sargasse géante (sargassum muticum) originaire du Japon, algue brune pouvant atteindre 10 mètres. Elles avaient envahi en 1973 les côtes anglaises de la Manche puis, en 1975 les côtes françaises. Elle est actuellement sur les côtes de l’Atlantique, de la Norvège à l’Espagne et aussi en Méditerranée (étang de Thau). Elle est la cause de multiples dégâts en ostréiculture et dans l’activité touristique.
Depuis quelques temps, on la valorise dans le secteur pharmacologique, dans l’industrie agro alimentaire et cosmétiques avec la production de polymères aux propriétés gélifiantes, les alginates ou pour son utilisation en agriculture (notamment horticulture).
Concernant encore le cas de laminaria japonica ainsi que celui de undaria pinnafitida.
Elles sont arrivées du Japon dans les années 80, vers l’Europe.
Elles figurent parmi les algues les plus consommées au monde (surtout sous forme déshydratée : « kombu et wakamé ». Bien qu’envahissantes, leur valeur alimentaire les excluent de la catégorie des algues « nuisibles ». En France, l’undaria est ainsi exploitée industriellement depuis 1985.
A la lumière de nos connaissances et compte tenu du comportement attentiste, laxiste des responsables pouvant conduire les populations à la fatalité et à la résignation, le CD2S et l’ASSAUPAMAR
A- déclarent :
1. Le phénomène que nous observons, qui a été amplifié par rapport à 2011, est lié bien sûr à des causes naturelles reposant sur les évolutions géologiques et physiques de notre planète. Mais celles-ci se trouvent renforcées par des causes anthropiques relevant des activités humaines exagérées générant l’accélération des modifications climatiques.
2. L’arrivée des sargasses sur nos côtes est un phénomène naturel observé notamment en février-mars et juillet-août, dans nos régions. Ce qui est naturel et acceptable aujourd’hui devenu, du fait de l’invasion biologique des sargasses une pollution nuisible pour les effets toxiques, allergiques, sur la santé et gênante pour les activités économiques notamment le tourisme
3. Qu’il est donc possible et urgent de transformer, comme cela a été déjà fait ailleurs, des ressources naturelles devenues polluantes en produits naturels ou transformés et émergents consommables.
B – recommandent
a) Aux pouvoirs publics de mettre tout en œuvre pour évaluer l’impact écologique et économique sur le milieu marin et les espaces littoraux qui lui sont adjacents. Sachant que les dégâts causés viennent en complément des grosses nuisances générées par le chloredecone et les épandages aérien.
b) De prendre les dispositions pour que des études techniques et scientifiques soient réalisées en vue de trouver des applications pharmacologiques, agronomiques, agro-alimentaires et cosmétologiques à partir des sargasses qui échouent dans nos eaux marines. Ces études peuvent être données au maîtrise d’œuvre à l’université des Antilles qui travaillerait avec leur homologue de la caraïbe.
C- demandent
Aux Martiniquais et à tous les acteurs économiques de se préparer à changer de mentalité, de comportement pour éviter de tomber dans la résignation. Et qu’il ne peut y avoir d’amélioration de la situation actuelle sans prise de conscience écologique, celle-ci devra être au cœur de leurs actes et leurs projets.