Juste avant le deuxième tour à Saint-Martin…
L’entre deux tours de ces élections sénatoriales pour la Collectivité de Saint-Martin, au regard de la configuration du second tour, sera responsable d’un déferlement d’adrénaline qu’il est difficile d’appréhender en dehors des strates concernées puisque le lambda ne vote pas. Toujours est-il que les négociations ont été incessantes, les moyens larges au regard des enjeux.
Ce que l’on sait, c’est qu’il ne reste en fait pragmatiquement que trois candidats. Certes, rien n’empêche ceux qui n’ont pas atteint le score qu’ils espéraient au premier tour de se représenter… mais, le second tour sera le vote de la raison, celui qui scellera bien des trajectoires ; dès lors, beaucoup d’expression libre du premier tour retrouverons le chemin de la raison, de l’abnégations ou de la nécessité au second.
Donc, on peut considérer que nous retrouverons Guillaume Arnell, candidat de la gouvernance, Alain Gros-Désormeaux, candidat du RRR et Dominique Aubert, candidate de l’UD/UMP.
Au premier tour, Guillaume Arnell a su capitaliser 7 vois, tout comme Alain Gros-Désormeaux et Dominique Aubert 6. Tout va donc reposer sur les 4 voix disponibles, en partant du principe que chacun de ces trois là saura conserver son capital.
Guillaume Arnell peut-il être élu Sénateur ?
Oui, naturellement. Si René-Jean Duret et Rosette Gumbs-Lake font amende honorable et retrouvent le droit chemin de la gouvernance, Guillaume Arnell pourrait alors compter sur 9 voix. Par contre, l’un et l’autre, et dans des mesures différentes, ne trouverons plus forcément le quitus du “groupe gouvernance” jusqu’en 2017 comme ils en disposaient jusqu’à maintenant.
Parallèlement, René-Jean Duret et Rosette Gumbs-Lake, par leur candidature qui handicape à la fois la gouvernance et le parti, pourraient aussi trouver une autre voie, celle de l’UD car n’oublions pas que René-Jean Duret est affiché centriste et que Rosette Gumbs-Lake s’est toujours revendiquée de droite.
Qu’en est-il des deux voix restantes ? L’une s’est portée au premier tour sur Patricia Chance Duzant, qui, qu’elle se représente au second tour ou non, ne pourra plus compter sur celle-ci. Cette voix, et l’on devine qu’il s’agit du conseiller indépendant Jules Charville, sera cruciale pour ce second tour et dans la mesure où l’homme a su par le passé graviter autour de tous les groupes, bien malin est celui qui saura deviner vers à qui il la concèdera au second.
La dernière voix disponible est celle de l’abstentionniste… nous tairons son nom… mais lui aussi pourrait être considéré volatile au second tour : nouvelle abstention ? Vote de confiance à la gouvernance ou retour à d’autres amours ?
Bref, Guillaume Arnell pourrait être le candidat de la raison, celui de la gouvernance, celui de la stabilité.
Alain Gros-Désormeaux peut-il être sénateur ?
C’est effectivement possible. La démarche est différente… S’il est bien le candidat du parti et donc de son Président, un paramètre important est à prendre en considération : qui de Guillaume Arnell et de la Présidente ou d’Alain Gros-Désormeaux et de son parti sont les plus à même d’offrir un avenir politique aux membres de la majorité votants lors de ces sénatoriales ? Qui est le leader qui a mené la liste à la victoire, qui est celui qui a pris soin de ne pas déstabiliser la présidence depuis son éviction ?
Encore une fois, les deux voix de René-Jean Duret et de Rosette Gumbs-Lake pourraient se reporter sur le candidat Gros-Désormeaux. Quant aux deux autres, cela ne dépendra que de la portée d’une phrase de Charles Pasqua : Les promesses des politiques n’engagent que ceux qui les écoutent … A moins que d’autres éléments plus pragmatiques ne sachent convaincre ceux-qui ne le seraient pas …
Le fait est qu’un retour aux manettes par un biais X ou Y d’Alain Richardson lui permettrait de reposer la politique promise et sur la base de laquelle il a été élu, avec son groupe, et dont il ne retrouve pas la saveur dans la politique menée par Aline Hanson.
Alain Gros-Désormeaux fait lui figure du candidat représentant le RRR de 2012 et celui par qui Alain Richardson pourrait retrouver le pourquoi qui a amené la population à l’élire… et le projeter vers 2017 à la tête d’une équipe en place.
Dominique Aubert peut-elle devenir notre sénatrice ?
Oui !… celle que l’on n’attendait pas forcément, même si il y a plus d’un an déjà nous constations sa capacité à leader, à user de la rhétorique au sein de vastes assemblées et que ces éléments laissaient à penser que Madame Aubert était en formation vers un tremplin sénatorial, avec ses 6 voix, vient infliger une évidente pression aux candidats Arnell et Gros-Désormeaux.
Dispose-t-elle potentiellement d’une réserve de voix ? C’est loin d’être impossible puisqu’au delà de celui qui à voter pour Patricia-Chance Duzant et de l’abstentionniste portuaire, il est, au sein des électeurs du premier tour, des sympathisants, voir des convaincus à droite et qui pourraient choisir de retrouver leurs vibrations nationales au détriment d’accords locaux.
Enfin, rien n’interdit à René-Jean Duret tout comme à Rosette Gumbs Lake de décider la rupture.
L’élection de Dominique Aubert porterait sur le plan nationale un tandem, avec le Député Gibbs, dont on ne peut douter de l’efficience puisqu’appartenant localement au même groupe, l’UD et nationalement à l’UMP… ne restera alors à ce tandem qu’à étoffer son entourage d’assistants convaincus pour faire briller les prérogatives saint-martinoises.
Enfin, la victoire de Madame Aubert serait un signe fort pour 2017, puisque le RRR en sortirait affaiblit.
Quoiqu’il en soit, et quelque soit l’issue de ces élections, nous ne nous mouillons pas beaucoup en annonçant dès à présent que la Collectivité de Saint-Martin ne sortira pas indemne de ces élections et que les votes au Conseil Territorial pourraient ne plus vivre la suprématie RRR maintenue par la présidente jusqu’à ce jour sur la base d’un groupe construit par Alain Richardson.