Association du BTP – Une longue lettre de doléances à l’attention de la Ministre des Outre-mer
Saint-Martin, le 25 octobre 2014
Madame la Ministre,
L’association des entreprises du BTP de Saint-Martin, vous remercie pour l’audience que vous lui accordez.
Néanmoins, cette association n’a de cesse depuis ces 5 dernières années d’attirer l’attention des pouvoirs publics sur la situation catastrophique dans laquelle se trouve notre collectivité, notamment, lors des rencontres avec Mme Marie-Luce PENCHARD et Mr Victorin LUREL, tous deux anciens Ministres des Outre-Mer.
La triste réalité des entreprises de Saint-Martin, se résume à plus de 60 % de dépôts de bilan, plus de 50% de chômeurs et une perspective économique de moins en moins encourageante. En effet, notre collectivité dispose de moins en moins de moyens financiers susceptibles de maintenir un minimum d’investissement nécessaire à la survie des entreprises locales. Parmi, les éléments qui pèsent lourd dans la balance en défaveur de notre Collectivité se trouvent :
- La dotation de compensation du coût des transferts de charges, cette dotation n’est pas du tout en adéquation avec les charges transférées.
- Notre Collectivité doit subir financièrement la charge du RSA qui est une action nationale, dont le paiement est effectué sur le budget local. De plus, notre Collectivité, débourse 16 millions d’Euros par an au titre du RSA, alors, que la compensation n’est que de 3.4 millions d’euros.
Il est à noter que la ligne budgétaire du RSA est supérieure au montant récolté par l’impôt sur le revenu. Les entreprises de Saint-Martin ont été sorties du plan Corail, mis en place pour les Outre-Mers, ce qui les a, en partie, fragilisées.
Aujourd’hui, le dispositif CICE visant à aider les entreprises sur le plan national, s’avère être un handicap lourd pour les entreprises locales, car le CICE est un dispositif national. Mais le remboursement devant être assuré par notre Collectivité celui-ci n’est pas effectué.
Ainsi, les entreprises locales, se retrouvent en concurrence déloyale avec des entreprises venant de l’extérieur qui elles, bénéficient de ce dispositif national.
De plus, l’augmentation des charges et impôts par la Collectivité de Saint-Martin sans concertation avec les entreprises locales aggravent les difficultés concurrentielles.
Madame, La Ministre, l’objet de votre voyage est certes de constater les dégâts causés par l’Ouragan Gonzalo, mais à notre avis ceci n’est qu’un épiphénomène à côté de la catastrophe réelle que vit aujourd’hui Saint-Martin et qui risque encore de durer pendant bien longtemps.
Le retard de développement d’infrastructures structurantes est très important et confirmé de manière récente par les statistiques de l’INSEE qui montre que Saint-Martin avec un PIB de 14 700 € par an et par habitant est l’avant-dernière région économique de France juste devant Mayotte et que le PIB de Saint-Martin est de 60% de la moyenne des PIB des 28 pays de l’Europe.
L’absence de confirmation de ce PIB lors de l’élaboration du programme opérationnel 2014-2020 a fait que la part réservée à Saint-Martin pour cette période n’est pas en adéquation avec les droits auxquels elle aurait pu prétendre et surtout n’est pas à la hauteur du retard de développement accumulé par notre île depuis de nombreuses années.
Un traitement urgent et spécifique équivalent à un plan MARSHAL est la seule solution susceptible d’infléchir la décente en enfer de l’économie de notre île.
Pour toutes ces raisons, Madame La Ministre, nous sollicitons une entrevue avec vos conseillers et vous-même pour vous présenter l’étude économique que notre Association a réalisée.
Le président – Didier Lake