Saint-Martin – 17 novembre 2014, Histoire d’un VAMA comme un autre Ô Plongeoir…
VAMA, pour vols à main armée… Toujours un peu embarrassant que de devoir traiter de ce genre de sujet alors que les premiers frétillements de la saison touristique sont là et qu’ils semblent plus prometteurs que ceux des 5 ou 10 dernières années.
Toujours complexe aussi de faire preuve d’objectivité et de pas confondre sentiment d’insécurité et insécurité réelle… pourtant…
Pourtant, ces dernières semaines sont riches en évènements majeurs dont certains d’une dimension peu habituelle à Saint-Martin : hold-up et fusillade en pleine journée et au centre de Marigot, recrudescence des cas de car jacking, coup de feu tiré sur un chef d’entreprise alors qu’il arrive au petit matin sur son lieu de travail (la balle lui effleurera le visage avant de se loger dans l’appui-tête du siège de son véhicule), VAMA hier matin à Spring, vols à l’arraché divers et variés… et l’on passe les évènements que relaie la Korps Politi de Sint Maarten qui semble elle aussi avoir fort à faire, notamment avec des attaques de Casino et de Clubs.
Côté français, la gendarmerie n’est pas prolixe en terme de communication et nous nous contentons généralement de publier le résultat des opérations menées dans le cadre de la délinquance routière ou les statistiques liées à la criminalité divulguées annuellement par la Préfecture. Pourtant, l’insularité, et même l’ultra-insularité, qui est la notre fait que tout se sait immédiatement, que nous sommes presque tous au fait de presque tous les évènements en flux tendu, même si le bouche à oreille vient souvent en déformer la stricte réalité.
Alors vivre un VAMA en direct a quelque chose d’éclairant, surtout lorsque l’on a la possibilité d’en relater le process…
Hier, en fin de soirée, alors que les derniers clients du restaurant Ô Plongeoir sur le front de mer de Marigot ont pour la plupart quitté les lieux et que le gérant concède aux trénards dont je suis quelques minutes de bavardages, 3 hommes se garent en face de l’établissement à bord d’une Kia Soul d’un modèle récent. Il est 00h20 environ, l’ambiance est agréable, le cadre aussi et on prend pleinement le temps d’apprécier la chance qui nous est donnée d’être accueillis sur cette parcelle de caraïbe pour laquelle nous donnons le meilleur de nous même.
Deux portes de la Kia s’ouvrent, le chauffeur reste au volant, deux hommes en sortent, de noir vêtus, chapeaux et gants… Fin du moment convivial, fin de la zone de confort.
L’un d’entre eux reste à l’entrée de l’établissement, le second, arme au poing, se dirige droit vers Will, le gérant historique du Plongeoir et le met en joue. Son salarié lève les mains, les deux clients que nous sommes se fixent. La caisse se vide… 20 secondes et quelques centaines d’euros plus tard les deux hommes reprennent la route direction Galisbay… Fin du VAMA.
20 secondes, c’est très court, 20 secondes cela ne laisse que peu de temps à la panique ou à la réaction. Ces individus là n’ont pas tremblé, n’ont pas dit un mot de trop ou fait un geste de trop. Ces hommes là ont fait leur job…
Pour Will, une perte sèche mais surtout un vrai raz le bol tant cela devient récurrent. Pour le salarié, sans doute une jolie trouille, pour l’autre client, une belle envie de rentrer chez lui et pour votre serviteur… une pluie d’informations quant à la réalité du VAMA, quant à ces mondes qui cohabitent, se croisent au quotidien et s’entrechoquent parfois, souvent, trop souvent : celui de ceux qui bossent au bénéfice d’une société et dans un certain respect de ce qu’elle est et celui de ceux qui bossent en marge de la société mais en tirant leurs subsides de ce que les premiers s’évertuent à produire.
Appelés immédiatement, soit à 00H23, les forces de l’ordres seront sur les lieux à 00H38, à partir de là, c’est l’enquête qui débute et de ce que l’on en sait, ce véhicule écumera Saint-Martin et Sint Maarten le reste de la nuit, entre car jacking à Orient Bay et braquage d’un club à Simpson Bay… ici, il n’y a pas de frontière, sauf pour les forces de l’ordre.
Cette insécurité réelle ou ce sentiment d’insécurité viennent mettre à mal, sapper, briser ces élans d’énergies que déploient ceux qui croient encore que Saint-Martin et son économie disposent de lendemains qui chantent. Cet entrepreneur qui prend une balle dans l’appuie tête à 4h du matin un 11 novembre férié alors qu’il se donne les moyens de se rendre au bureau pour produire, avancer… celui là a du quelque part voir son enthousiasme altéré.
Et que dire des efforts de la Collectivité ou de l’Office de tourisme, des sommes investies au bénéfice du territoire ou de la destination quand on sait qu’une unique vidéo de ce hold-up rue de la République fera le tour de la planète et aura un succès spontané puissant et dévastateur.