La crise nucléaire menace d’échapper à tout contrôle au Japon. Le personnel de la centrale de Fukushima-Daiichi, dévastée par un séisme et le tsunami qui à suivi, se démène contre la menace nucléaire. Malheureusement, la radioactivité était trop élevée pour qu’un hélicoptère de l’armée puisse déverser de l’eau sur le réacteur n° 3 afin de refroidir les barres de combustible en surchauffe. Une autre tentative pourrait avoir lieu jeudi.Les prochaines heures seront notamment cruciales pour rétablir le niveau d’eau dans la piscine de stockage du combustible usé du réacteur n° 4 de Fukushima, sous peine de rejets radioactifs “très importants”, a estimé, mercredi, l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN). Avant que la totalité du combustible usé, mais toujours fortement radioactif, ne soit totalement hors d’eau, “il faut compter un jour ou deux, puis après les rejets vont apparaître”, a précisé Thierry Charles, directeur de la sûreté des usines de l’Institut.
Pessimisme
“C’est un risque majeur pour deux raisons : ce rejet serait très important, et surtout, cette piscine – quasiment en plein air – interdirait l’accès sur le site par la suite” en raison de son niveau de radioactivité, a expliqué Thierry Charles. Interrogé sur les chances de succès des opérations de refroidissement de la piscine, l’expert de l’IRSN a répondu : “Je suis pessimiste parce que je vois que, depuis dimanche, toutes les parades ne fonctionnent quasiment pas. Tout n’est pas encore perdu, et j’espère que les Japonais pourront trouver un moyen de remettre de l’eau.” Ceux-ci envisageaient désormais d’utiliser un camion-citerne avec canon à eau pour arroser le réacteur, afin de refroidir le combustible nucléaire qui chauffe de façon inquiétante. Mais mercredi soir, le scénario catastrophe semblait s’être réalisé plus tôt que prévu. Selon le président de l’Autorité américaine de régulation nucléaire (NRC), la piscine de stockage ne contiendrait déjà plus d’eau, ce qui a pour effet des niveaux “extrêmement élevés” de radiations. “Nous pensons qu’il y a eu une explosion d’hydrogène au niveau de ce réacteur” et que “l’enceinte de confinement secondaire a été endommagée”, a-t-il expliqué.
Auparavant, Nicolas Sarkozy avait, lui aussi, estimé que les prochaines heures seraient cruciales pour le Japon. “Les heures qui viennent sont des heures essentielles pour voir si nos amis japonais peuvent maîtriser la situation ou si, malheureusement, cette situation va en empirant.” De son côté, le commissaire européen à l’Énergie, Günther Öttinger, avait dit craindre qu’un “nouvel événement catastrophique”, susceptible de menacer la vie des habitants de l’île de Honshu, ne se produise dans les prochaines heures. Selon lui, les autorités ne contrôlent plus la centrale, dont les systèmes de refroidissement sont hors service. Sa porte-parole a ensuite tenu à souligner que le commissaire ne faisait que donner son sentiment face aux informations en provenance du Japon.
Le patron de l’AIEA au Japon
À Vienne, le directeur général de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), le Japonais Yukiya Amano, a parlé en milieu de journée de situation “très sérieuse” et a décidé de se rendre sur place. Mais il a jugé impropre de dire que la situation était “hors de contrôle”.
Pour le moment, le vent au-dessus de la centrale de Fukushima a poussé les poussières radioactives vers le pacifique. Mercredi, le niveau de radioactivité à Tokyo était presque dans la moyenne. Au pire, il avait atteint, mardi, le triple de la normale, mais même dans ce cas, marcher dans Tokyo est moins grave que de subir une radio des dents.