Editorial de Martine Ledrans, responsable scientifique de la Cire Antilles Guyane
Ce BVS, consacré à l’infection par le VIH est le deuxième après celui de 2012 qui paraît à l’occasion de la journée mondiale de lutte contre le Sida. Il est en effet primordial de faire le point sur la situation épidémiologique de l’infection dans nos régions. En effet, les départements français d’Amérique (DFA) demeurent en 2013 avec l’Ile de France, les régions de France les plus concernées par la découverte de nouvelles séropositivités vis-à-vis du VIH avec 907 découvertes de séropositivité VIH par million d’habitants pour la Guyane, 240 par million d’habitants pour la Guadeloupe et 225 par million d’habitants en Martinique. Les incidences du sida dans les DFA restent aussi supérieures aux valeurs nationales. La Guyane détient l’incidence annuelle la plus élevée, malgré une nette diminution de 45 en 2003 à 17 pour 100 000 habitants en 2012. L’incidence annuelle du sida en Guadeloupe reste aussi élevée, malgré une diminution de 19 à 8 pour 100 000 habitants de 2003 à 2013. Enfin, l’incidence annuelle du sida en Martinique reste relativement stable depuis 2003 : 7 cas pour 100 000 habitants en 2003 et 6 en 2013.
L’éditorial du tout récent Bulletin Epidémiologique Hebdomadaire consacré au dépistage de l’infection indique que malgré de nombreux efforts de prévention et de promotion du dépistage, le nombre de personnes ignorant leur séropositivité ne se réduit pas [1]. Environ 30% des personnes découvrant leur séropositivité sont déjà à un stade tardif (sida ou à un niveau immunitaire faible (CD4≤200/mm3)), traduisant un délai de plusieurs années après leur contamination. Ainsi, dans les DFA, les personnes ayant découvert leur séropositivité entre 2011 et 2013 sont déjà au stade tardif dans 38% des cas en Guadeloupe, 25% en Martinique et 33% en Guyane. Ceci justifie pleinement les diverses actions de renforcement du dépistage mises en oeuvre dans nos régions. A ce titre, le suivi des actions de dépistage est également un élément clé de la surveillance globale de l’infection.
Pour mieux concevoir les actions de dépistage et de prévention, il est primordial de mener des études sur les connaissances, croyances et comportements face à l’infection ainsi que sur la situation des personnes vivant avec le VIH. Sur ces sujets, on pourra se reporter à l’ouvrage récent de l’ORS Ile de France et de l’Inpes présenté dans ce numéro et à l’article paru en 2013 présentant les résultats de l’enquête ANRS-VESPA2 sur la situation sociale et état de santé des personnes vivant avec le VIH en Outre Mer [2]. Enfin, un article de ce numéro met l’accent sur la vulnérabilité des femmes face au risque de l’infection par le VIH et aux autres IST.