Deux informaticiens azuréens et Nice-Matin lancent l’appli “Je suis Charlie”
(ParEric Galliano – Nice Matin) Leur idée a séduit Apple et Nice-Matin. Associés d’une start-up azuréenne, ils veulent que les Charlie envahissent virtuellement le Monde au nom de la liberté d’expression.
Ils étaient des centaines de milliers samedi à Nice, Antibes, Marseille ou encore Toulouse. À Paris, Lyon, Bordeaux, mais aussi Toulon et Cannes, ils seront sans doute des millions de «Charlie» à Manifester ce dimanche.
“Et pourquoi pas des milliards, demain, partout dans le monde?” C’est en tout cas le pari un peu fou que viennent de lancer deux informaticiens azuréens au nom de la liberté d’expression.
Avec le soutien d’Apple et le concours de Nice-Matin ils ont mis en ligne l’application gratuite “Je suis Charlie”: tous ceux qui la téléchargeront pourront se géolocaliser sur une carte du monde au travers d’une petite icône noire reprenant ce message qui, depuis l’attaque du journal Charlie Hebdo mercredi, est devenu un symbole universel de liberté et de lutte contre l’intolérance.
>> Vous pouvez télécharger et installer gratuitement l’application “Je suis Charlie” en cliquant ici pour la version iOS et là pour la version Android
L’idée de deux “Charlie” azuréens
Jusque tard, cette nuit encore, une petite lumière est restée allumée au quatrième étage d’un immeuble du centre de Nice. Là, derrière son écran d’ordinateur, un informaticien de 31 ans peaufinait en mode binaire un “message de solidarité” qui va pouvoir se répandre de manière virale à travers la planète.
Message court, mais qui depuis mercredi en dit long: “Je suis Charlie”. “Charlie! Vous n’avez qu’à dire que je suis Charlie. Et mon associé aussi, il est Charlie.” Comme un pied-de-nez aux auteurs des attentats parisiens, telle est la réponse que ce jeune informaticien niçois lorsqu’on l’interroge sur lui, son travail, sa start-up…
“Le sujet ce n’est pas nous. Le sujet c’est d’arriver à démontrer que ces groupuscules qui prônent la haine sont ultraminoritaires. Parce qu’ils le sont! Parce qu’il y a beaucoup, beaucoup plus de Charlie à travers le monde.”
Et il entend bien le prouver notre Charlie niçois.
Vendredi matin il s’est réveillé avec cette idée qui lui trottait vaguement dans la tête. “Vers 18 heures, mon associé m’a appelé.On s’est demandé comment on pourrait mettre nos compétences au service de ce formidable élan de solidarité qui est en train de se créer. On a pensé à une application toute simple: deux écrans, une carte du monde et un bouton «je suis Charlie» pour se localiser et montrer ainsi que nous sommes des millions à travers le monde. Montrer qu’ils ne pourront donc jamais éradiquer la liberté de penser.”
Un mail au grand boss d’Apple…
Immédiatement les deux informaticiens azuréens commencent à rentrer des lignes de code dans leur ordinateur pour donner naissance à vie à leur idée.
Il va y avoir du boulot: “On s’est dit c’est parti! On ne dormira pas pendant deux jours, mais le but c’est d’arriver à développer cette application le plus vite possible”. Samedi, vers 18 heures, la version test était bouclée. Mais encore fallait-il rendre l’appli “Je suis Charlie” accessible au reste du monde.
Dès vendredi soir, les deux informaticiens azuréens ont donc envoyé un mail à Apple. Ils n’y sont pas allés par quatre chemins. “Mon cher Tim Cook”: le message s’adresse directement au big boss du géant de l’informatique… “Sans trop d’espoir”, reconnaissent-ils.
Pourtant, il ne leur faut pas attendre 10 minutes pour obtenir la réponse d’un de ses assistants: “Bonne idée les gars, on vous suit!“
Voilà ce que dit en substance la missive. Apple promet même de mettre les bouchées doubles: “Il faut en principe un délai de 10 à 15 jours pour mettre en ligne une appli, le temps qu’Apple la passe à la moulinette. Là, ils nous ont dit qu’ils feraient en sorte qu’elle soit dans le store en moins d’une heure!“
Et un coup de fil à Nice-Matin
Le projet de ces deux informaticiens a immédiatement séduit le géant américain de l’informatique. Comment pouvait-il en être autrement pour Nice-Matin. Car Apple n’a émis qu’une condition. “Ils nous ont fait remarquer que notre petite start-up n’avait pas assez de résonance.Ils nous ont conseillé de demander le concours d’un éditeur de presse. Évidemment on a pensé à Charlie Hebdo, mais vu les circonstances… Alors, comme on est niçois, ça nous est venu tout naturellement de contacter Nice-Matin. Cette fois, la réponse on l’a eue dans la minute!“
Ainsi votre quotidien est devenu l’éditeur de l’appli “Je suis Charlie”. Nice-Matin n’en est ni le concepteur, ni l’instigateur. Nice-Matin est juste un Charlie de plus qui a apporté sa contribution au projet. Au nom de la liberté d’expression.
Maintenant c’est à vous tous les Charlie de la planète entière: submergez la carte du monde de ces petites icônes de la liberté.
Eric Galliano (egalliano@nicematin.fr)